Religions

Bangladesh : le rassemblement religieux annuel attire plus de deux millions de musulmans

Rédigé par | Mercredi 4 Février 2009 à 16:48

Plus de deux millions de musulmans se sont réunis durant 3 jours près de Dacca pour prier et écouter les enseignements religieux. Organisé par le mouvement piétisme Jamaat Tablighi, ce rassemblement annuel, le deuxième après le pèlerinage à la Mecque, existe depuis 1966.



Comme chaque année à la même période, des dizaines de milliers de fidèles musulmans affluent à Tongi, au nord de la capitale bangladaise Dacca, pour un weekend de prière. Cette année, plus de deux millions de personnes se sont réunis ces trois derniers jours (du vendredi 29 janvier au dimanche 1er février) pour se recueillir, prier et écouter les savants musulmans venus du monde entier pour partager leurs connaissances.

Cette 45ème Bishwa Ijtema a eu pour point d’orgue la prière finale assistée par plus de deux millions de fidèles (contre 1,5 millions vendredi et samedi). A contrario de ce qu’affirment les médias relatant l’événement, celui-ci n’est pas un pèlerinage. Cependant, aucune discussion politique n’est permise.

La Biswa Ijtema, la seconde plus grande manifestation religieuse après le Hajj (pèlerinage à la Mecque), est organisé par un groupe modéré et apolitique, la Tablighi Jamaat (ou Jama’a at-tabligh), créé dans les années 1920 en Inde pour encourager les musulmans à suivre les enseignements de l'islam dans leur vie quotidienne.

« Je suis venu pour apprendre de mes aînés. Les temps sont durs pour les musulmans partout dans le monde et j'espère que cette Biswa Ijtema va renforcer notre foi », a déclaré à l’AFP Mohammad Ishaq, un commerçant venu du Pakistan.

Record d’étrangers pour ce rassemblement

Le Bangladesh, appelé Pakistan oriental jusqu’en 1971, est le troisième pays musulman du monde par l'importance de sa population, avec plus de 153 millions d'habitants, dont 95% sont musulmans. La plupart des fidèles venus assisté à ce rassemblement viennent des campagnes du Bangladesh. Selon les organisateurs, près de 10 500 étrangers d'une centaine de pays étaient présents à Tongi. Majoritairement issus des pays voisins (Inde et Pakistan), ce chiffre constitue un record historique selon les médias bengladaises.

Selon un employé de l’ambassade de Bangladesh en France, « dix à quinze personnes sont partis avec le visa touriste pour cette occasion. Ils détiennent majoritairement la nationalité française ».

La Tablighi Jamaat, connue officiellement sous le nom de l’association « Foi et Pratique » en France, s’est implantée dans les années 1960. Ses membres en sont généralement des convertis ou des « reconvertis » selon Moussa Khedimellah, chercheur et auteur de Jeunes prédicateurs du mouvement Tabligh en 2001. Inspirés par les missionnaires venus d’Inde et du Pakistan, les tablighis suivent des codes stricts et observent le dogme religieux et des codes vestimentaires précis en matière de pratique religieuse.

Acteurs du retour au religieux des travailleurs immigrés dans les années 1970 et 1980, les tablighis « ont réclamé les lieux de culte, qui leur doivent beaucoup dans l’Hexagone, avant de pousser plus loin leur activisme. Depuis la fin des années 1980, le mouvement Tabligh est devenu très juvénile, touchant prioritairement toute une frange de la deuxième, voire de la troisième génération d’enfants issus de l’immigration maghrébine. Il est actuellement très organisé et a tissé des liens locaux, régionaux, nationaux et extra-nationaux », explique M. Khedimellah dans son article paru en 2001. Cependant, les responsables et membres de ce mouvement en France communiquent très peu, ce qui fait de lui un mouvement apolitique discret mais impactant auprès de la communauté maghrébine et pakistanaise.


Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur