Economie

Azerbaïdjan : du pétrole et des arts

Rédigé par Pauline Compan | Jeudi 24 Mars 2011 à 11:44

Presque 50 % du PIB de l’Azerbaïdjan repose sur le commerce des hydrocarbures. Le pétrole est donc le moteur de l’économie de ce petit pays du Caucase (9 millions d’habitants). L’Etat est un acteur central de la politique énergétique du pays mais il est aussi actif dans un domaine plus surprenant : la culture. La puissante Fondation Heydar Aliyev, dirigée par la femme du président Mehriban Aliyeva, finance écoles et institutions culturelles en Azerbaïdjan, mais elle est également très active pour promouvoir le pays auprès des puissances européennes.



Lors de la célébration de l'indépendance, une femme azerbaïdjanaise montre le tissage traditionnel des tapis.

Le 17 février dernier, à Paris, s'est tenue une cérémonie consacrée au 20e anniversaire de la restauration de l'Indépendance de l'Azerbaïdjan (après la chute de l’URSS). Mehriban Aliyeva et la Fondation Heydar Aliyev (du nom de l'ancien président azerbaïdjanais)) organisaient la réception en collaboration avec l’ambassade azerbaïdjanaise de Paris. L’occasion de promouvoir la culture du pays à tout le gratin parisien, en présence du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand. Saphirnews s'est penché sur cette république méconnue du Caucase : un pays en majorité chiite, dirigé depuis 2003 par Ilham Aliyev, le propre fils d'Heydar Aliyev.

La culture pour séduire

Une opération séduction qui n’est pas la première du genre. D’après Stéphane de Tapia, chercheur au CNRS et enseignant au département des études turques de l’université de Strasbourg, la première dame d’Azerbaïdjan est « extrêmement active dans tout ce qui touche à la culture azerbaïdjanaise : théâtre, musique... ». Une passion qui semble partagée par l’ensemble du pays : les rues de Bakou (la capitale), par exemple, sont fréquemment nommées d’après des noms d’artistes célèbres du pays

A la différence de sa cousine turque, dont les actions culturelles à l’étranger s’appuient sur un tissu d’associations, l’Azerbaïdjan, et notamment la Fondation Heydar Aliyev, organise des opérations de promotion culturelle via ses ambassades. Ces cérémonies prestigieuses, organisées par un pouvoir politique identifiable et stable, œuvrent pour faire de Bakou une destination de choix pour les investisseurs étrangers.

Des synergies aux services de l’énergie

« A Bakou, l’imposant bâtiment de la Fondation Heydar Aliyev se situe juste à côté du siège de la SOCAR, la société pétrolière étatique, ce n’est pas anodin », explique Stéphane de Tapia. Une proximité géographique qui traduirait une proximité d’intérêts ? « L’opposition azerbaïdjanaise accuse la famille présidentielle de détenir beaucoup dans le pétrole », continue M. De Tapia. Les hydrocarbures constituent 92,8 % des exportations du pays, une source de revenus primordiale qui montre aussi la faiblesse des autres secteurs industriels.

Le premier partenaire commercial de l’Azerbaïdjan est l’Europe avec laquelle il réalise 53 % de ses échanges. Un flux qui devrait augmenter. Dans le cadre du Partenariat oriental, l’UE prévoit d’engager des négociations pour la conclusion d’un accord de libre-échange approfondi et élargi dès que l’Azerbaïdjan aura accompli les préalables requis, parmi lesquels l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le but de l’Europe est bien aujourd’hui de diversifier ses approvisionnements énergétiques et de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie. L’Azerbaïdjan a ainsi une carte à jouer sur le pétrole. Mais les efforts déployés par ce pays pour se promouvoir seront-ils efficaces ? « L’Europe n’est pas toujours fiable comme partenaire commercial. Le pivot central des pays producteurs de pétrole en Asie Centrale, c’est le Kazakhstan ; et l’Azerbaïdjan est un passage obligé vers ce pays », conclut M. De Tapia.