Société

Après la profanation du cimetière juif de Westhoffen, la Grande Mosquée de Strasbourg manifeste sa solidarité

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 4 Décembre 2019 à 16:55

La profanation d'une centaine de tombes du cimetière juif de Westhoffen, dans le Bas-Rhin, suscite depuis mardi 3 décembre l'émoi parmi les juifs de France mais aussi bien au-delà. Au lendemain de cette triste découverte, le ministre de l'Intérieur a annoncé la création d'un « office national de lutte contre la haine ».



« Une fois de plus, la haine de l’autre a frappé. » La Grande Mosquée de Strasbourg a dénoncé, mercredi 4 décembre, la profanation des 107 tombes du cimetière juif de Westhoffen, dans le Bas-Rhin. Des croix gammées ont essentiellement été découvertes sur les stèles. Le chiffre « 14 » a aussi été tagué sur une tombe, un chiffre-symbole « utilisé par les suprématistes blancs »,selon Maurice Dahan, président du consistoire israélite du Bas-Rhin.

Pour la Grande Mosquée de Strasbourg, cette profanation est un « acte ignoble, lâche, haineux et clairement antisémite » qui suscite auprès de ses fidèles « consternation et dégoût ».

La GMS, qui condamne « avec la plus grande fermeté » l'acte antisémite, « manifeste sa totale solidarité avec les familles, les proches des défunts, et témoigne son soutien à toute la communauté israélite du Bas-Rhin qui voit un de leurs cimetières profané une fois de plus ».

Elle déclare sa pleine « confiance » aux services compétentes pour déployer « toute leur énergie » visant à identifier le ou les auteurs de l’acte odieux et à « les traduire devant la justice pour qu’ils répondent de leurs actes ».

Un « office national de lutte contre la haine » annoncé

Les réactions d'indignation après l'annonce de la profanation du cimetière de Westhoffen sont nombreuses, parmi lesquelles celle du président de la République, Emmanuel Macron. « Les Juifs sont et font la France. Ceux qui s'attaquent à eux, jusque dans leurs tombes, ne sont pas dignes de l’idée que nous avons de la France. L'antisémitisme est un crime et nous le combattrons, à Westhoffen comme partout, jusqu'à ce que nos morts puissent dormir en paix », a-t-il fait savoir.

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, s'est dit « scandalisé et horrifié d’apprendre la profanation d’un énième cimetière alsacien, celui de Westhoffen. Il n’est plus pensable qu’un groupe d’individus continue à s’acharner sur les morts. C’est sans compromission aucune qu’il faut s’acharner à les traduire en justice ».

De son côté, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé lors de sa visite dans le cimetière profané, la création au sein de la gendarmerie d'un « office national de lutte contre la haine ».

Cet office « sera chargé de coordonner pour la gendarmerie nationale à la fois l'enquête (sur cette profanation) pour que tous les moyens soient mobilisés, mais aussi l'ensemble des enquêtes sur les actes antisémites, antimusulmans, antichrétiens que nous connaissons sur notre territoire en zone gendarmerie », a indiqué le ministre de l'Intérieur.

« Il sera chargé aussi d'accompagner l'ensemble des acteurs de tous les territoires et de faire le lien avec la police, la justice, pour que les auteurs de ces actes ignobles soient condamnés », a-t-il signifié.

Le cimetière de Westhoffen, dont la création remonte au XVIe siècle, est l’un des plus anciens d’Europe. Les ancêtres de l'ancien président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré y sont enterrés, de même que ceux de l'ancien président du Conseil Léon Blum (1872-1950).

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