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Après l'attaque terroriste à El Paso, Donald Trump sous le feu des critiques

Rédigé par Lina Farelli | Lundi 5 Aout 2019 à 12:15

Tandis que la tuerie perpétrée dans la ville texane d'El Paso est visiblement revendiquée comme un acte raciste vis-à-vis des Hispaniques, Donald Trump a choisi d'imputer la tuerie à un « problème de maladie mentale ». Une explication inaudible pour les détracteurs du président américain, qui sont nombreux à faire le lien entre l'attaque et la rhétorique haineuse du président américain envers les minorités et les migrants.



Une attaque dans une galerie commerciale à El Paso, au Texas, a provoqué la mort de 20 personnes. Un suprématiste blanc âgé de 21 ans, identifié comme étant Patrick Crusius, a ouvert le feu dans un supermarché, tirant à vue sur les personnes se trouvant sous ses yeux, sans distinction, avant de se rendre à la police.

Une enquête a été ouverte par la justice fédérale pour « terrorisme domestique », l'assaillant ayant publié un manifeste sur les réseaux sociaux dans lequel il déclare vouloir combattre « une invasion hispanique du Texas ». Il y fait référence aux attentats islamophobes de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en mars dernier.

En outre, El Paso n'a pas été choisi au hasard : cette ville frontalière avec le Mexique est une ville qui compte une majorité d'Hispaniques. L'homme, originaire d’Allen, près de Dallas, a même fait 9 heures de route depuis son lieu d’habitation jusqu'à El Paso pour perpétrer ses crimes.

Jaime Esparza, procureur d’El Paso, a fait savoir que le ministère public proposera « la peine capitale » pour le tireur, qui est aujourd'hui inculpé pour meurtres.

Donald Trump sous le feu des critiques

« Nous pleurons avec ceux qui ont perdu des êtres chers à El Paso et à Dayton et nous prions pour les blessés et leur famille. Il n’y a pas de place aux États-Unis pour les actes de violence, de haine et de racisme. Nous condamnons ces actes maléfiques et nous nous tenons aux côtés des habitants du Texas et de l’Ohio. Que Dieu vous bénisse tous », a écrit le vice-président Mike Pence dans un message de soutien envers les victimes via Twitter.

Se prononçant sur cette attaque avant d’embarquer à bord de Air Force One depuis le New Jersey, le président américain Donald Trump a condamné l'acte, déclarant que « la haine n’avait pas sa place » aux États-Unis. Dans le même temps, il a indiqué qu'il s'agissant de l'oeuvre d'un fou, imputant l'acte à un simple « problème de maladie mentale ». Même chose pour la fusillade perpétrée à Dayton, dans l'Ohio, qui a fait neuf morts quelques heures après l'attaque à El Paso. A priori, aucun lien entre ces deux fusillades est à trouver.

Pas un mot du président pour dénoncer explicitement le fléau du suprématisme blanc.* Pour ses détracteurs, il ne fait aucun doute que la rhétorique offensive de Donald Trump vis-à-vis des migrants hispaniques a alimenté les discours suprématistes et haineuses, à la source de violences à l'image de l'attaque survenue à El Paso. Donald Trump a dernièrement décrit sur Twitter le Mexique comme un « agresseur » des États-Unis. « Ils doivent arrêter l’invasion de notre pays par des dealers de drogue, des cartels, des trafiquants d’être humain, des coyotes et des immigrants illégaux », avait-il posté, en réitérant le mot « invasion », celui contre lequel le terroriste d'El Paso déclarait vouloir lutter.

Le camp démocrate vent debout pour dénoncer le racisme

Beto O’Rourke, candidat démocrate à la présidentielle de 2020 et originaire d'El Paso, a déclaré sur CNN, dimanche 4 août, que Donald Trump « encourage » l’idéologie des suprématistes blancs par son discours. « Cela ne nous offense pas seulement, cela encourage la violence à laquelle nous assistons hier dans ma ville natale à El Paso », a-t-il déploré.

Julian Castro, l’unique candidat hispanique démocrate pour la course de 2020, a déclaré que, même si Patrick Crusius demeure « directement responsable de la fusillade à El Paso », Donald Trump a créé un environnement favorable à ce genre de comportement. « Tout le monde qui a la capacité de voir, d’entendre et de comprendre ce que le président a fait depuis qu’il a commencé sa campagne en 2015 sait que la division, le fanatisme et les flammes de la haine ont constitué sa stratégie politique », a-t-il déclaré sur ABC.

Pour Joe Biden, l'ancien vice-président des Etats-Unis sous le mandat de Barack Obama, « ces actes ne viennent pas de la folie mais d’une haine absolue. Nous devons reconnaître cette haine et la combattre ». « Le fait est que, les nationalistes blancs, les suprémacistes blancs, ces idéologies extrêmes sont en train de croître, de prendre racine en Amérique », a déploré le favori à la primaire démocrate en vue de la présidentielle

Jusqu'à présent, Donald Trump refuse d’admettre le rôle de ses discours dans les divers attentats commis contre des minorités aux Etats-Unis, malgré une étude montrant que son nom était lié à de nombreux cas d’attaques contre les communautés qu’il prend pour cible.

Après les fusillades survenues à El Paso et à Dayton, les Etats-Unis recensent désormais 251 tueries de masse depuis le début de l'année.

*Mise à jour : Lors d’une nouvelle prise de parole publique lundi, et pour la première fois de son mandat, Donald Trump a dénoncé le suprématisme blanc. « Ces actes barbares sont une attaque contre notre nation, et contre toute l'humanité. Nos cœurs sont brisés. (...) Notre nation doit s'unir pour condamner la haine, le racisme, le suprématisme blanc. La haine n’a pas sa place aux Etats-Unis, la haine dévore l’âme », a-t-il fait savoir.

Il a, par ailleurs appelé républicains et conservateurs à trouver un terrain d'entente visant à mieux encadrer les ventes d’armes à feu, tout en estimant que « c'est la santé mentale qui engendre ces attaques, pas les armes ». Il a aussi suggéré de lier cette mesure à la réforme migratoire. Aussi, aucune proposition concrète n'a été formulée par le président, qui n'a jamais fait mystère de son soutien sans faille au lobby pro-armes.

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