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Religions

Amar Lasfar : 'Nous sommes dans une société laïque où le religieux doit s'assumer'

Entretien avec Amar Lasfar, le président de la Ligue islamique du nord

Rédigé par Propos reccueillis par Assmaâ Rakho Mom | Samedi 8 Mars 2008 à 14:31

           

La Ligue islamique du nord, association créée en 1982 à Lille et présidée par Amar Lasfar, organisait samedi 1er mars 2008 au Grand Palais de Lille un débat avec les candidats aux municipales de l'agglomération lilloise. Saphirnews a souhaité revenir sur cet événement avec le président de la Ligue, Amar Lasfar. Entretien.



Amar Lasfar, président de la Ligue islamique du nord
Amar Lasfar, président de la Ligue islamique du nord

Saphirnews.com : Pourquoi et comment a été organisé ce rendez-vous avec les candidats aux municipales dans l'agglomération lilloise ?

Amar Lasfar : La Ligue islamique du nord a l'habitude d'organiser des manifestations culturelles, sociales, en dehors de la mosquée. Elle s'est voulue dès sa création comme une structure culturelle. Même si elle est connue pour sa gestion de la mosquée, elle a une vocation socio-culturelle. Ce n'est pas un débat plutôt politique que nous avons organisé, parce que nous n'avons pas le droit, en tant que mosquée, en tant que structure religieuse, de faire de la politique. Mais nous faisons de la culture politique.

Et entre faire de la politique et faire de la culture politique, il y a une grande différence. C'est faire de la culture citoyenne. Comment sensibiliser l'électorat de façon générale, et notamment l'électorat jeune, à participer au scrutin, mais avant de participer au scrutin, qu'il participe au débat. Et pour nous, la manifestation de samedi dernier, c'est un débat. Comme je l'ai dit dans mon discours introductif, une campagne électorale, c'est d'abord un moment de débat avant d'être un souk de récolte des voix. La Ligue islamique du nord offre donc une tribune de débat, de discussion, sur des sujets touchant la société.

Qui était convié à ce débat ?

A. L. : Tous les politiques ! La droite, la gauche, les Verts, le MoDem, tous les candidats de la métropole lilloise. Nous sommes allés au-delà de la ville de Lille en essayant de respecter la parité gauche-droite.

Je ne faisais personnellement pas partie du débat parce que en tant qu'autorité religieuse, je dois respecter mes limites. Mais j'ai tenu, dans un propos introductif, à poser la question suivante : nous, les religieux, nous savons très bien respecter nos limites. Le religieux s'arrête là où le politique commence, d'abord. Ensuite, nous nous interdisons d'apporter des solutions religieuses à des problèmes politiques. Mais nous avons le devoir d'interpeller le politique, en tant que citoyens, pour l'interroger sur l'emploi, sur l'environnement, sur la santé, et sur la partie qui nous revient de droit, à savoir la place de l'islam dans notre pays.

Nous ne nous inscrivons pas dans une logique de repli identitaire, donc nous ne sommes pas là pour interpeller les politiques uniquement sur la facette religieuse.

Seul un public musulman pouvait participer au débat ou était-il ouvert à tous ?

A. L. : Il était ouvert à tous bien entendu ! C'est vrai que l'écransante majorité du public était musulman, mais du fait que la manifestation a eu lieu en dehors des locaux de la mosquée, à savoir au Grand Palais de Lille, elle était totalement ouverte.

Le public était-il au rendez-vous ?

A. L. : Bien sûr ! Et pour la première fois, la presse a multiplié par dix les chiffres que nous leur avions donné. Nous avons déclaré 2300 participants, et La Voix du Nord en a rapporté 23 000 ! Pour une fois, la presse a gonflé les chiffres !

Qu'est-ce que la Ligue islamique du nord ?

A. L. : La Ligue islamique du nord est une association socio-culturelle créée en 1982 à Lille-sud. Elle a de suite acheté un local, qui est l'actuelle mosquée de Lille-sud et qui fait quelques 2000 m2. Elle y gère la mosquée, l'école arabe (entre 800 à 950 élèves), le lycée Averroès, la Maison du Coran (on y apprend à nos futurs imams la mémorisation du Coran). Elle abrite aussi l'Institut culturel Al Imane des sciences islamiques.

La Ligue s'adresse à un public très cosmopolite et hétérogène. Le public pratiquant a le domaine cultuel. Le public musulman non pratiquant peut également venir chez nous pour la culture. Et le public tout court, qu'il soit musulman ou pas, croyant ou pas, peut bénéficier des activités que nous offrons.

Pensez-vous que les Français musulmans ont des attentes spécifiques ?

A. L. : D'autres structures sont tentées par les demandes spécifiques. Pour moi d'abord, le musulman Français est Français avant d'être musulman. Et cela résume la philosophie de la Ligue, à savoir que nous sommes d'abord des citoyens et on ne se définira jamais dans ce pays d'abord en tant que musulman. Et nous partageons donc 95% des problèmes des citoyens lambdas de notre pays.

Nous avons une demande spécifique, mais elle n'est pas prépondérante. D'ailleurs une grande partie de la demande spécifique n'incombe qu'à nous-mêmes. Je n'ai pas à interpeller le politique pour lui dire de me construire une mosquée. Nous sommes dans une société laïque où le religieux doit s'assumer, notamment en matière de financements.

Seulement ce que je demande, c'est qu'il y ait une équité, une justice, et qu'on ne mette pas des barrières quand il s'agit de construire quelque chose.

Quels sujets ont été débattus samedi ?

A. L. : Il y avait quatre ou cinq axes de débat. Le premier portait sur l'environnement, l'avenir de notre planète, parce que cela ne sert à rien de construire une mosquée alors que nous vivons une catastrophe planétaire. Le deuxième axe tournait autour de la jeunesse et de l'emploi. Le troisième axe s'intitulait "Qu'en est-il de cet héritage ?", puisque le thème de la rencontre était "Les musulmans du nord, entre héritage culturel et participation citoyenne".

Enfin, à la fin, nous avons aussi parlé de cette demande que l'on dit spécifique, de la la place que réserve la ville au culte musulman, pour qu'on en finisse avec les mosquées-caves. Aujourd'hui, les mosquées ont de plus en plus pignon sur rue, et elle font d'abord la fierté des villes, puis celle des musulmans.

Et quelles ont été les réactions des politiques ?

A. L. : Un politique en campagne ne fait que dire oui. Au-delà de ça, nous, dès le début, nous leur avons dit que nous ne voulions pas des réponses, parce que les réponses ou les promesses d'une campagne électorale n'engagent que celui qui les a entendues, nous voulons un débat. Et c'est en quelque sorte un début. Nous voulons peser à travers une campagne, dans le débat. .

Enfin que retenez-vous de ce débat ?

A. L. : D'abord, et c'est tout à l'honneur de la Ligue islamique du nord, nous avons réuni la droite et la gauche, et nous avons engagé un débat. Et puis nous avons participé à la réflexion et avons sensibilisé le public au débat et à la participation citoyenne.




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par elham le 10/03/2008 00:07 | Alerter
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Quelle modestie Mr lasfar !
la ligue islamique du nord exerce localement une véritable influence exponentielle sur la vie politique lilloise.
A elle seule, la LIN peut faire ou défaire un(e) maire, ou faire basculer une circonscription.
Désormais, tous ceux qui veulent un coup pouce électoral doivent venir frapper à la porte de la LIN.

2.Posté par chayR abou riyaD le 18/03/2008 14:10 | Alerter
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Merci de votre article qui nous permet de vérifier qu'encore une fois :
Une association religieuse s'occupe de ce qui ne la regarde pas.

La séparation du Culte et de l'Etat, n'est pas une théorie creuse.
En 1923, le turc Moustapha Kémal Attatürk a fondé sa république avec des slogans comme :
Les imams dans les mosquées et la République dans la rue !
Des imams récalcitrants y ont perdu la tête pour avoir bafoué les lois de cette jeune république.
Maintenant, ce sont les responsables des cultes qui demandent la nôtre !

Quand Amar Lasfar de la Ligue Islamique du Nord dit :
"Pour moi d'abord, le musulman Français est Français avant d'être musulman".
On devrait lui retirer l'agrément de son association cultuelle, régie par la Loi de 1905 !

Cette phrase est à la fois celle d'un lèche frite et d'un ignorant dangereux.
Lèche-derche du pouvoir qu'il tente d'amadouer avec des déclarations d'apparente allégeance.
Ignorant des Lois de son Dieuqui ne lui a jamais demandé de se mêler de politique,
ni d'établir un rang préférenciel entre la nationalité et la religion.
Dans le qour'an, parole du Dieu, cela s'appelle de l'associationisme (en arabe du shirk)

En vérité, on peut être français et musulman.
On peut être musulman etavoir des opinions politiques.
Mais en FRANCE, pays laïc, il est illégal de mélanger la religion etpolitique.

Que notre président soit athée, juif, chrétien, musulman ou autres estson affaire personnelle.
Le président de la République Française n'a pas à faire étalage de ses conviction...  

3.Posté par abdelmajid le 14/04/2008 14:56 | Alerter
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salut, merci d'avoir retranscrit le message de Lafsar car je pense que c'est un message essentiel qu'il a fait passer, en rappelant que les religieux ne sont pas là uniquement pour s'enfermer et aprrendre ou transmetre l'amour de DIEU, mais aussi ils doivent s'intéresser à la vie politique qui gère notre vie de tous les jours : je rappele donc à mon frère Abou Riyad que tu as peut être mal lu le R dans CULTURELLE, ce n'est pas seulement du CULTE ou CULTUEL, et je t'assure que LAFSAR ne veut que participer de loin à la vie politique et donner son avis et faire des rappels sur ce qui ne lui semble pas toujours bien géré.

4.Posté par LASFAR Farida le 23/04/2008 22:04 | Alerter
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Salem a tous je voudrait savoir pour le harcelement moral au travail et des propos racistes merci pour tous vos reponses melle LASFAR farida.

5.Posté par chayR abou riyaD le 24/04/2008 12:41 | Alerter
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as salam 'alayki ya farida
Que le Salut et la Paix soient sur toi, Farida !

Harcèlement moral et propos raciste ? En France ?

Plainte (main courante) + avocat + tribunal = condamnation en vertu du Code Civil.
Que dire de plus ? Que c'est pas bien ?

Les pervers et les racistes existent depuis la nuit des temps.
Les lois de la République répriment ces délits.
Le Dieu du qour'an promet de chatier les semeurs de désordres.
Vos proches sont-ils prêts à faire preuve de compassion et de soutien à votre égard ?
chayR.

6.Posté par LASFAR Farida le 24/04/2008 21:54 | Alerter
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Salem Chayr abou merci de votre part c'est trés gentil pour mes proches il sont prets de moi merci encore a vous tous farida

7.Posté par abdel le 27/11/2008 18:25 | Alerter
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je voudrai savoir si il y a des cours POUR ADULTE de religion et de l apprentissage du coran donner a la mosque de lille sud (JOURS ET HORAIRES) MERCI


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