Religions

Aïd al-Adha 2018 : pourquoi AVS ne certifiera pas de moutons halal cette année (vidéo)

Rédigé par | Mardi 26 Juin 2018 à 18:25



AVS prend une décision inattendue. L’organisme français de certification halal a décidé de ne labéliser aucun agneau cette année à l’occasion de l’Aïd al-Adha, prévue vers le 22 août. Il refuse d’engager sa responsabilité « devant Dieu et devant la communauté » musulmane, estimant que « les conditions imposées par les abattoirs et par les éleveurs ne nous permettent pas d’opérer un abattage d’ovins pour le sacrifice de l’Aïd Al-Adha dans un respect strict du rite islamique ».

« D’une part, nous avons des avis religieux qui nous poussent à privilégier des moutons d’un an minimum mais les éleveurs sont dans l’incapacité de nous les fournir. D’autre part, nous avons des avis religieux acceptant l’agneau de six mois minimums mais il devient de plus en plus difficile pour nos contrôleurs de le vérifier objectivement », explique l’association.

Des contraintes « insurmontables » pour AVS

« Jusqu’à présent, l’association AVS se limitait à vérifier que l’agneau avait bien dépassé ses six mois », explique-t-elle. « Or le critère général et unanime pour définir l’âge minimal est l’apparition des deux premières dents définitives qui ne peuvent apparaître chez le mouton que bien après 1 an. Nous respectons toutes les écoles juridiques mais en tant qu’organisme de certification (…), la règle est de s’éloigner de toute possibilité de doute. Il apparaît donc plus raisonnable de s’orienter vers des moutons âgés d’au moins un an. »

Cependant, « les élevages en Europe ne proposent pas cette catégorie d’animaux car abattre le mouton après son année révolue rendrait l’animal moins rentable pour l’éleveur. Aujourd’hui, en France, c’est l’agneau de moins de six mois qui est habituellement consommé. (…) Cela nous pose donc un sérieux problème », ajoute AVS.

Par ailleurs, « dans des conditions d’abattage de masse, la vérification de la dentition de la bête (une par une) est en pratique impossible. Nous avons aussi vu qu’il est impossible actuellement pour les éleveurs de nous proposer des moutons de plus d’un an. »

Il existe bien l’avis religieux hanbalite, minoritaire, qui accepterait exceptionnellement des agneaux âgés d’au moins six mois mais, dans ce cas, l’organisme déclare faire face à un autre problème : « Les naissances d’agneaux dans le cadre d’un élevage industriel sont en France (et dans les principaux pays producteurs) concentrées durant le premier trimestre de l’année civile. Or, vu que chaque année l’Aïd al-Adha se rapproche de cette période, il devient de plus en plus difficile aux éleveurs de proposer des agneaux qui auraient atteint l’âge des six mois avant l’Aïd. »

Sacrifier des vaches, une alternative

Parce que « le vétérinaire ne fournit que l’âge approximatif d’un lot d’agneaux » concernant les ovins, il est impossible pour les contrôleurs AVS de « vérifier si tous les agneaux ont bien dépassé l’âge minimal de six mois ».

Pour ces raisons, AVS, qui « n’a jamais dérogé à l’impératif incontournable du respect du rite religieux », choisit de ne pas certifier l’abattage ovin opéré pour le sacrifice de l’Aïd Al-Adha. Elle continuera toutefois à certifier des bovins (bœufs, vaches) dont l’âge requis de deux ans, « selon tous les avis religieux », est facilement contrôlable car « seuls les bovins vendus aux abattoirs ont un certificat de naissance individuel ».

Dans ce cas, AVS encourage les consommateurs à se réunir par groupe de sept familles pour commander un bovin certifié AVS car « il faut rappeler que, dans le cadre de l’abattage de l’Aïd, il est possible de réaliser l’abattage d’un bovin pour sept familles qui pourront se le partager ».

Autre alternative pour les foyers musulmans que n’évoque pas AVS : la possibilité d’opérer un sacrifice par procuration dès lors que les conditions pour s’offrir un sacrifice ne sont pas réunies.

Mise à jour : Le CTMF exprime sa divergence face à la décision d'AVS de ne pas certifier de moutons pour l'Aïd al-Adha 2018



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur