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733 corps exhumés à Srebrenica

Rédigé par Karl Batty | Vendredi 28 Juillet 2006 à 09:22

Jeudi 26 juillet, des experts ont annoncé avoir exhumé 733 cadavres de musulmans massacrés. Ce charnier devient le plus important découvert en Bosnie depuis la fin de la guerre de 1992 – 1995. Srebrenica est la région tristement connue pour avoir été le théâtre du massacre, par les forces Serbes, d’environs 8 000 musulmans, devenant ainsi la pire tuerie en Europe depuis la seconde guerre mondiale.



La tristement célèbre région bosniaque n’a pas fini de révéler les horreurs qu’elle renferme. C’est dans le charnier du village de Kamenica, non loin de la ville de Zvornik, dans la région de Srebrenica, que 733 cadavres ont été exhumés. Muhamed Mustafic, procureur régional, a déclaré que « Les experts ont exhumé depuis début juin et jusqu'à ce jour 89 squelettes complets et 644 incomplets ». Il s’agirait d’un charnier « secondaire » dans lequel les corps ont été enterrés après avoir été déplacés, dans le but de masquer le crime. « Un tiers du charnier n'a pas encore été exploré ce qui nous fait penser que nous allons découvrir plus de 1.000 victimes au total. Il s'agit de la plus grande fosse commune identifiée à ce jour en Bosnie », a précisé le procureur régional.

Jusqu'à présent, le plus grand charnier situé à Crni Vrh, au nord-est de Zvornik, contenait 629 victimes. Considérés comme étant les responsables de ce massacre, les anciens chefs politique et militaire des Serbes bosniaques, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, inculpés en 1995 de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, sont toujours en fuite.

La guerre de Bosnie

Le massacre de Srebrenica est l’un des évènements tragiques de la guerre de Bosnie. Suite à la chute de l’URSS en 1989, la Yougoslavie se disloque. Divers nationalisme s’exprime. Slobodan Milosevic prend le pouvoir en Serbie en 1989. La Slovénie et la Croatie déclarent leur indépendance en 1990, ébranlant un peu plus le fragile équilibre de la région.

En octobre 1991, La Bosnie Herzégovine déclare son indépendance et de nombreux pourparlers se mettent en place. Un traité est signé partageant le territoire en trois cantons, pour trois ethnies. Sur les 4,3 millions d'habitants de la république, 31,3% sont Serbes, 43,7% musulmans Bosniaques et 17,3% Croates.

Deux jours plus tard, le président de la république de Bosnie-Herzégovine, le Bosniaque musulman Alija Izetbegovic retire sa signature. Le referendum d'autodétermination du 29 février 1992, est boycotté par la population serbe. 62,78% de voix sont pour l'indépendance. Celle-ci est en conséquence proclamée par le parlement le 5 avril 1992. Quelques jours plus tard, la République Serbes déclare à son tour son indépendance. Durant plusieurs années, l’ex-Yougoslavie et notamment la Bosnie Herzégovine connaîtront de nombreuses années de guerres, de massacres sur fond de purification ethnique des deux parties.


Le massacre de Srebrenica

Un charnier de Srebrenica
Srebrenica est une enclave bosniaque où plusieurs milliers de réfugiés survivaient encerclée depuis le commencement du conflit. A partir du 13 juillet, l’armée Serbes, commandée par Ratko Mladic, prend Srebrenica. Les casques Bleus, censés protéger l’enclave, se révèlent inefficaces. Durant trois jours, les forces Serbes vont massacrer plus de 8 000 personnes. Les forces de l'Alliance Atlantique (OTAN) décident alors d’intervenir en 1995 directement contre les milices serbes de Bosnie.

Le 21 décembre 1995, les Accords de Dayton sont signés par Izetbegovic pour les bosniaques, Tudjman pour les croates et Milosevic représentant les serbes, mettant ainsi fin à la guerre. La Bosnie-Herzégovine est aujourd'hui envore une confédération de 2 Etats, la Fédération croato-bosniaque représentant 51 % du territoire et 70 % de la population, et la République Serbes qui constitue 49 % du territoire et 25 % de la population.

Mi-juillet 2006, 11 ans après, plus de 40 000 musulmans s’étaient recueillis à Srebrenica, en mémoire du massacre.