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Les minorités confessionnelles en Syrie
Infos pratiques
le Mardi 23 Mai 2017, 18:30 - 20:30
EHESS - amphithéâtre : 105, bd Raspail (M° Saint-Placide ou Notre-Dame-des-Champs)
75005 Paris
Description
Les minorités confessionnelles en Syrie

Intervenants :
- Bernard Heyberger, historien, directeur d’études à l’EHESS (CéSoR)
- Bruno Paoli, linguiste arabisant et historien des Alaouites du Proche-Orient, professeur à l’Université Lyon 2

Résumé du cycle « Minorités en Islam, islam en minorité » :
Évoquer les minorités en Islam, c’est penser immédiatement aux minorités religieuses non musulmanes en pays majoritairement musulman et tout particulièrement à celles qui ont bénéficié du statut de dhimmi, de « tributaire ». Le cycle proposé cette année (2016/2017) par l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman « Minorités en islam, islam en minorité » entend déplacer le regard en interrogeant la notion de « minorité » telle qu’elle est entendue selon les disciplines : histoire, géographie, sociologie, droit…

Si cette notion renvoie d’emblée à des groupes en situation d’infériorité numérique par rapport à une majorité démographique, qu’elle soit religieuse, culturelle, linguistique ou sociale…, elle a aussi une dimension politique. Et il arrive qu’un groupe minoritaire démographiquement, tels les Alaouites en Syrie, les sunnites en Irak sous Saddam Hussayn, exerce le pouvoir. Cependant, dans la majeure partie des cas, les minorités demeurent des groupes dominés, parfois discriminés, qui cherchent à faire valoir leurs droits, leur spécificité, leur idéologie, leur mode de vie. La notion renvoie alors aux questions d’identités et de résistance, tout en exprimant une volonté d’appartenance à un ensemble plus vaste, social, politique, ou religieux.

Les minorités dont il sera question lors de ce cycle de conférences sont tout autant celles constituées par les musulmans en Europe, aux États-Unis ou en Chine que celles présentes dans les pays d’Islam. On parlera donc des minorités confessionnelles bien sûr, mais aussi des minorités sociétales regroupées autour d’affinités politiques, idéologiques, religieuses ou sexuelles.

Résumés des intervenants :
Bernard Heyberger (historien, directeur d’études à l’EHESS / CéSoR) :
Le terme de « minorité » ne s’est imposé en Syrie que dans l’entre-deux guerres. Mais il a ensuite été projeté sur les réalités du passé. Les chrétiens sont autochtones en Syrie depuis le début du christianisme, et ont vécu sous le régime de la dhimma pendant plus d’un millénaire. Les réformes du XIXe siècle, puis l’intervention des Puissances, et enfin le passage de l’empire à l’Etat-nation ont changé considérablement l’image qu’ils avaient d’eux-mêmes et le regard des autres sur eux. Ils ont pour la plupart adhéré au nationalisme arabe et/ou à l’idée de la Grande Syrie, ce qui ne les a pas empêchés d’être soupçonnés de diviser la nation et de servir l’Occident. Ils ont passé des compromis avec le régime autoritaire, mais n’ont pas pour autant échappé aux contraintes politiques et économiques. Depuis 2011, ils se sont rangés majoritairement derrière Assad.

Bruno Paoli (linguiste et historien, professeur à l’Université Lyon 2) :
Les alaouites de Syrie ont été projetés sous les feux de l’actualité à l’occasion des dramatiques événements qui secouent le pays depuis six ans, stigmatisés par les uns en tant que communauté au pouvoir, victimisés par les autres parce qu’ils appartiennent à la communauté du pouvoir. La vérité se situe probablement entre les deux. Au delà des préjugés et des amalgames, une meilleure connaissance de leur histoire doit nous aider à mieux appréhender et comprendre la complexité de la situation actuelle et des enjeux du conflit en cours.
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