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Féminisme, engagement, spiritualité
Infos pratiques
le Samedi 11 Mars 2017, 18:45 - 22:50
11, rue Ferdinand Gambon
75020 Paris
Tel : 06 27 02 52 05
Description
Centre Malcolm X organise une conférence-débat :
Féminisme, engagement, spiritualité

Venez nombreux !

Nos invitées :
• Ismahane Chouder : formatrice, vice-présidente de la commission Islam et laïcité, membre fondatrice du collectif Mamans toutes égales
• Zhor Firar : militante engagée sur les questions d'islamophobie
• Malika Hamidi : docteure en sociologie et directrice générale de European Muslim Network

La question du féminisme islamique suscite de nombreux débats aujourd’hui dans le monde musulman, mais également en Europe. Des actrices de terrain, d'associations en appellent de manière diverse à cette idée.
En dehors des sphères musulmanes, cette réalité reste relativement méconnue. De nombreuses questions peuvent être soulevées quant aux motivations de ces femmes. Plus significative est sans doute l’exigence de la foi qui les amène à se confronter aux réalités des références scripturaires musulmanes, l’expérience qu’elles font de pratiques discriminatoires justifiées par des musulmans au nom de l’islam, alors qu’elles les attribuent surtout à des cultures machistes ou à des interprétations misogyne.
« racisme , idéologie postcoloniale… Et les femmes dans tout cela ? Nous assistons actuellement à un discours dominant qui semble se normaliser : une partie de la population « issue de l’immigration » et/ou étrangère, menacerait « l’intégrité culturelle ». L’attitude française majoritaire à l’égard du « hijab », c’est-à-dire du foulard porté par certaines femmes musulmanes, est incompréhensible pour le reste de la planète. Pas seulement incompréhensible : elle est répréhensible. C’est ce qu’explique Christine Delphy dans une tribune publiée dans The Guardian.
Nous publions ici une partie en français du texte original. La première mesure ouvertement antimusulmane a été le passage d’une loi en 2004 qui interdit aux jeunes filles d’aller à l’école en portant un « foulard islamique » – ce qu’il était appelé alors, avant de devenir, dans le patois journalistique, un « voile ». Cependant, l’islamophobie, la peur et la haine de l’Islam et des musulmans, n’est pas spécifiquement française : elle est répandue en Europe, en Amérique du Nord, bref dans tout le monde occidental. En France, cependant, en sus des raisons géopolitiques (l’alliance avec les États-Unis), l’islamophobie a des racines proprement françaises.
La campagne idéologique contre l’Islam a commencé il y a plus de quarante ans. Thomas Deltombe a montré qu’entre les années 1980 et le milieu des années 2000, pas une semaine ne s’est écoulée sans que l’un ou l’autre des principaux hebdomadaires ne publie un numéro ayant un titre comme : « Devrions-nous avoir peur de l’Islam ? » ou « L’Islam est-il compatible avec la démocratie ? ». Les quotidiens, les radios et les télés faisaient preuve de la même obsession. Cela n’a fait qu’empirer au cours des années, au fur et à mesure que le public est devenu convaincu que la « civilisation occidentale » était menacée par l’Islam, et que ce danger était incarné en France par les cinq millions de descendants d’immigrés d’Afrique du Nord vivant en France – des musulmans potentiels.
Ainsi, tout le combat, les politiques et les discours menés au nom des « droits des femmes » peuvent favoriser voir « légitimer » un sentiment raciste car il stigmatise les femmes « issues de l’immigration ». Mais nous parlerons ici d’un racisme dit subtil (Devine, 1984), moderne (Wieviorka, 1998) et respectable (Bouamama 2004) qui évoque les différences culturelles voire cultuelles pour « légitimer » un traitement spécifique et qui produit inévitablement des discriminations. Il s’agit bien d’une forme de racisme qui enferme les « dominé-e-s » dans leurs différences par rapport au dominant. Aussi, des personnes qui se battent dans des mouvements antiracistes peuvent être porteurs de ce « racisme différentialiste » sans même s’en rendre compte car le sentiment de supériorité voire l’idée de penser que la culture peut être un obstacle à l’émancipation et l’intégration de ces femmes, relève bien de cette forme de racisme.
Et si on repensait le féminisme ? C’est dans un état d’esprit véritablement féministe que nous devons questionner la société qui continue de produire des citoyennes de seconde en zone. il faut reconnaître les grands acquis des luttes féministes en Occident, mais il y a aussi à questionner ce modèle et dire que le féminisme occidental ne détient pas le monopole de la résistance contre toutes les formes de dominations. Tout comme il faut refuser les préjugés idéologiques qui nient toute compatibilité entre la croyance et la lutte féministe… Chaque femme à la liberté de vivre ou de rompre avec sa culture ou sa religion. Dans cette logique, il y a urgence à interpeller les mouvements féministes et l’ensemble de la société civile afin qu’elles soient avec toutes les femmes des forces de propositions au sein du politique, des pouvoirs publics, qu’elles se réapproprient un activisme axé sur des pratiques sociales et politiques. Il s’agit de combattre les oppressions « multicouches » dans une société « multiculturelle » et « multiraciale ».
Il ne s’agit pas de parler d’une seule et même voix, car cela contredirait le principe de la diversité qu’il faut respecter, mais de faire passer un message auprès des partis politiques, des mouvements sociaux et d’élaborer des stratégies collectives de résistance contre un système inégalitaire. Il faut dénoncer le racisme institutionnel structurellement présent dans tous les lieux de pouvoir y compris médiatique et qui se traduit par des lois, des mesures, des politiques et des discriminations racistes. En définitive, la lutte est fondamentalement un combat politique pour une transformation de la société.
En cette période de durcissement social, c’est à partir d’un mouvement de résistance pensé autour des valeurs universelles qui nous unissent que nous devons ensemble construire l’outil associatif pour lutter contre toutes les formes de violence et de discriminations dans une unité et une alliance repensée et rénovée. Cet état de fait semble tellement incroyable que, pour beaucoup, il ne peut s’agir que d’un projet politique manipulé. Le rejet de l’islam, qui se manifeste en France comme partout en Europe, est le résultat de cette perception. Et si on faisait l’hypothèse inverse ? Que ce « retour du religieux » surgit bien du cœur de notre société en mal de repères ? Et qu’il n’est nullement incompatible avec la modernité démocratique, qu’il peut même contribuer à renforcer ?

Participation aux frais : 4 €
Sur place librairie militante
Contact : 06 27 02 52 05 - centre_malcolmx94120@yahoo.fr
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