Connectez-vous S'inscrire

Monde

Yasser Arafat à l'Onu, un discours qui vit encore

Rédigé par Yasser Arafat, Président de l'OLP | Samedi 11 Novembre 2006 à 06:17

           

Cela se passait le 13 décembre 1988, à Genève. En sa qualité de Président du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine, Yasser Arafat est invité à prendre la parole devant l'Assemblée générale des Nations unies. Le discours était attendu et l'auditoire ne sera pas déçu. A l'occasion du deuxième anniversaire de la mort du leader palestinien, nous avons plaisir à rappeler ces paroles historiques en hommage à celui qui consacra son existence entière à la lutte de libération de la Palestine. Retour sur un discours fleuve et fluide en hommage au Kéfier le plus célèbre du monde.



Yasser Arafat à l'Onu, un discours qui vit encore
Monsieur le Président,
Messieurs les représentants,

Jamais je n’aurais imaginé que ma première rencontre depuis 1974 avec votre auguste assemblée aurait lieu dans cette bonne et hospitalière ville de Genève. Je pensais que les acquis et les nouvelles positions politiques auxquelles est parvenu notre peuple palestinien lors de la tenue du Conseil national, à Alger, qui ont toutes reçu un accueil international très favorable, m’obligeraient sans nul doute à me rendre à New York, au Siège de l’Organisation internationale, pour vous y présenter nos résolutions politiques et la vision que nous avons de l’avenir de la paix dans notre patrie, telles qu’elles ont été élaborées par notre Conseil national palestinien, la plus haute instance législative de nos institutions politiques.

Ma rencontre avec vous aujourd’hui à Genève, après qu’une injuste décision américaine m’eut empêché d’aller vous rencontrer à New York, est donc pour moi source de fierté et de joie.. Fierté d’être avec vous, parmi vous, vous qui êtes la plus haute des tribunes pour toutes les causes de justice et de paix dans le monde. Ma joie, c’est d’être à Genève, là où la justice et la neutralité sont un flambeau et une constitution dans un monde où ceux qui croient à l’arrogance de la force brute perdent la neutralité et le sens de la justice qu’ils portent en eux. C’est pour cela que la décision de votre auguste assemblée, adoptée à la majorité des 154 Etats, de tenir ici même cette réunion, n’est pas une victoire sur une décision américaine. C’est la victoire du consensus international en faveur de la liberté, c’est un plébiscite sans précédent en faveur de la paix, et c’est la preuve que la juste cause de notre peuple s’est définitivement enracinée dans la structure même de la conscience universelle.

Notre peuple palestinien se souviendra toujours de cette auguste assemblée, de ces nations amies debout ici avec le droit et la justice, défendant les valeurs et les principes au service desquels l’Organisation des Nations Unies a été fondée. Tous les peuples qui subissent l’injustice, l’oppression et l’occupation et qui comme notre peuple palestinien, luttent pour la liberté, la dignité et la vie, y puiseront confiance et assurance.

Je saisis cette occasion pour adresser mes profonds remerciements à tous les Etats, forces, organisations internationales et personnalités mondiales qui ont soutenu notre peuple et appuyé ses droits nationaux. Tout particulièrement à nos amis en Union soviétique et en Chine populaire, dans les pays socialistes, les pays non alignés, les pays islamiques, les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, ainsi que dans tous les autres pays amis. Je remercie aussi les pays d’Europe occidentale et le Japon pour les positions qu’ils ont récemment adoptées à l’égard de notre peuple, et je les convie à aller de l’avant, pour que ces positions se développent davantage encore, et que s’ouvre la perspective de la paix et d’une solution juste au conflit dans notre région, le Moyen-Orient.

J’affirme ici aussi notre solidarité et notre appui aux mouvements de libération en Namibie et en Afrique du Sud, dans leur lutte, ainsi que notre appui aux pays africains de la ligne de front face aux agressions perpétrées par le régime raciste d’Afrique du Sud.

Je saisis cette occasion pour exprimer mes remerciements et ma reconnaissance à l’égard de tous ces pays amis qui ont pris l’initiative de nous soutenir, d’appuyer les décisions de notre Conseil national et de reconnaître l’Etat de Palestine.

Et je ne manquerai pas de souligner notre immense gratitude envers S. E. M. Javier Peréz de Cuéllar, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, ainsi qu’envers ses adjoints, pour les efforts inlassables qu’ils n’ont cessé de déployer pour édifier ce à quoi l’humanité aspire en matière de détente internationale, de solution des conflits, et tout particulièrement au sujet de la question de Palestine. J’adresse de même mes remerciements et ma considération au Président et aux membres du Comité pour l’exercice des droits nationaux inaliénables du peuple palestinien pour leurs efforts en faveur de la cause de notre peuple. Je salue et remercie également le Comité spécial des neuf pays non alignés pour la question de Palestine, pour le travail constructif qu’il a accompli pour la cause de notre peuple.

Permettez-moi enfin, Monsieur le Président, de vous adresser mes plus chaleureuses félicitations à l’occasion de votre élection à la présidence de cette assemblée. J’ai pleinement confiance en votre sagesse et en votre rigueur. Je salue également votre prédécesseur, qui a dirigé avec clairvoyance les travaux de l’Assemblée précédente.

J’exprime enfin au Gouvernement et au peuple suisses mes salutations et ma profonde gratitude pour l’assistance considérable qu’ils nous ont fournie, les facilités dont ils nous ont fait bénéficier et les efforts qu’ils ont accomplis dans ce but.

Il y a 14 ans, le 13 novembre 1974, j’avais reçu de vous une gracieuse invitation à exposer, devant cette auguste assemblée, la cause de notre peuple palestinien. Me voici de nouveau devant vous, après toutes ces années riches en événements dramatiques, et je constate que de nouveaux peuples occupent désormais leur place parmi vous, couronnement de leurs victoires dans les combats de la liberté et de l’indépendance. Aux représentants de ces peuples, j’adresse les félicitations de notre peuple, et je proclame devant vous tous que je reviens à vous la voix plus haute, la détermination plus ferme et la confiance plus assurée pour affirmer que notre lutte, inévitablement, portera ses fruits. J’affirme que l’Etat de Palestine, dont nous avons proclamé l’établissement lors de notre Conseil national, prendra inévitablement sa place parmi vous pour participer à vos côtés à l’application de la Charte de cette organisation et pour faire respecter la Déclaration des droits de l’homme, pour mettre fin aux tragédies endurées par l’humanité et jeter les bases du droit, de la justice, de la paix et de la liberté pour tous.

Il y a 14 ans, lorsque vous nous avez dit, dans la salle de l’Assemblée générale :

« Oui à la Palestine et au peuple de Palestine, oui à l’Organisation de libération de la Palestine, oui aux droits nationaux inaliénables du peuple Palestinien », certains s’étaient imaginé que vos résolutions ne seraient suivies d’aucun effet notable. Ils ne comprenaient pas que ces résolutions allaient devenir une des sources les plus vives à laquelle s’abreuverait le rameau d’olivier que je portais ce jour-là, ce rameau qui s’est transformé, après que nous l’ayons arrosé de notre sang, de nos larmes et de notre sueur, en un arbre qui prend ses racines dans la terre, dont les branches s’élancent vers le ciel et qui promet le fruit de la victoire sur l’oppression, la tyrannie et l’occupation. Vous nous avez offert l’espoir du triomphe de la liberté et de la justice. Nous vous avons offert en retour une génération entière des enfants de notre peuple, qui a consacré sa vie à la réalisation de cet espoir, la génération de l’Intifada bénie, qui brandit aujourd’hui la pierre de la patrie pour défendre sa dignité et l’honneur d’appartenir à un peuple assoiffé de liberté et d’indépendance.

A vous tous ici présents, je transmets les salutations des enfants de notre peuple héroïque, hommes et femmes, des masses de notre Intifada bénie qui entre dans sa seconde année avec ce grand élan, cette organisation minutieuse et cette pratique éminemment civilisée et démocratique jusque dans la confrontation avec l’occupation, l’exploitation, la tyrannie et les crimes monstrueux quotidiennement commis à leur encontre par les occupants israéliens.

A vous tous ici présents, je transmets le salut de nos garçons et de nos filles dans les prisons et les camps de détention collective de l’occupation. A vous tous, je transmets le salut des enfants de la pierre qui défient l’occupation, ses avions et ses chars, et font revivre dans les mémoires l’image nouvelle du David palestinien aux mains nues face à Goliath l’Israélien bardé d’armes.

Yasser Arafat à l'Onu, un discours qui vit encore
Lors de notre première rencontre, j’avais conclu mon intervention en affirmant, en ma qualité de président de l’OLP et de commandant de la révolution palestinienne, que nous ne voulions pas que soit versée une seule goutte de sang, juif ou arabe, et que nous ne voulions pas que les combats se poursuivent, ne fut-ce qu’une minute. Je m’étais adressé à vous, dans l’espoir que nous Parviendrions à abréger la douleur et les souffrances, à hâter la mise en place des bases d’une paix juste fondée sur la garantie des droits de notre peuple, de ses aspirations et de ses espoirs, comme des droits de tous les peuples, sur un pied d’égalité.

Je m’étais adressé à vous pour que vous vous teniez aux côtés de notre peuple en lutte pour l’exercice de son droit à l’autodétermination, pour que vous lui donniez les moyens de retourner de son exil imposé par la force des baïonnettes et de l’arbitraire, pour que vous nous aidiez à mettre fin à la tyrannie imposée à tant de générations de notre peuple, depuis tant de décennies, afin qu’il puisse enfin vivre dans sa patrie, retrouver ses maisons, libre et souverain, jouissant de la Plénitude de ses droits nationaux et humains. Et j’avais, pour finir, affirmé du haut de cette tribune, que la guerre surgissait de Palestine, et que la paix commençait en Palestine.

Le rêve que nous caressions alors était d’établir un Etat palestinien démocratique au sein duquel vivraient musulmans, chrétiens et juifs sur un pied d’égalité, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs, dans une seule société unifiée, à l’instar d’autres peuples sur cette terre dans notre monde contemporain.

Quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous entendîmes les responsables israéliens expliquer que ce rêve palestinien, inspiré de l’héritage des messages divins qui ont illuminé le ciel de la Palestine ainsi que des valeurs humaines qui fondent la coexistence au sein d’une société démocratique et libre, était un plan visant à les détruire et à les anéantir.

Il nous fallait tirer les leçons d’un tel état de fait, constater la distance qui le séparait du rêve. Nous prîmes alors, au sein de l’OLP, l’initiative de procéder à la recherche de formules alternatives réalistes et praticables pour apporter à ce problème une solution fondée sur une justice possible, et non pas sur une justice absolue. Une solution qui puisse garantir les droits de notre peuple à la liberté, la souveraineté et l’indépendance, et qui puisse également garantir à tous la paix, la sécurité et la stabilité, évitant à la Palestine et au Moyen-Orient la poursuite des guerres et des combats qui s’y déroulent depuis 40 ans.

Ne sommes-nous pas ceux qui ont pris l’initiative d’invoquer la Charte des Nations Unies et leurs résolutions, la Déclaration universelle des droits de l’homme et la légalité internationale en tant que références de base pour la solution du conflit arabo-israélien ?

N’avons-nous pas fait bon accueil à la déclaration commune Vance-Gromyko en 1977, en tant qu’initiative qui pouvait servir de base à un projet de solution pour ce conflit ?

N’avons-nous pas donné notre accord pour participer à la Conférence de Genève sur la base de la déclaration soviéto-égyptienne de 1977, de façon à progresser vers une solution de paix dans la région ?

N’avons-nous pas adopté1e Plan de paix arabe de Fès, en 1982, puis le projet de convocation d’une conférence Internationale de paix sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies et conformément à ses résolutions ?

N’avons-nous pas appuyé le Plan Brejnev pour la paix au Moyen-Orient ?

N’avons-nous pas accueilli et appuyé la Déclaration de Venise des pays de la Communauté économique européenne concernant les. bases d’une paix juste dans la région ?

N’avons-nous pas accueilli et soutenu l’initiative des deux Présidents Gorbatchev et Mitterrand au sujet de la commision préparatoire de la conférence internationale ?

N’avons-nous pas fait bon accueil aux dizaines de déclarations et d’initiatives politiques émanant des groupes régionaux, des pays africains, des pays islamiques, des pays non alignés, des pays socialistes, des pays d’Europe et d’autres pays, dans le seul but de parvenir à un règlement pacifique fondé sur la légalité internationale, afin d’instaurer la paix et de résoudre le conflit ?

Quelle fut la position d’Israël face à tout cela ? Bien que chacune de ces initiatives, chacun de ces plans, chacune de ces déclarations ait été inspiré par la volonté de prendre en considération le rapport de force politique de même que les revendications et les intérêts de l’ensemble des parties au conflit arabo-israélien, l’attitude d’Israël devant tout cela fut l’escalade de ses projets de colonisation et d’expansion. Elle consista à élargir le champ des destructions et des ruines, et à faire à nouveau couler le sang. Elle consista à multiplier les fronts, jusqu’à y inclure le Liban frère, que les troupes d’occupation envahirent en 1982, avec les conséquences que l’on sait, les massacres comme ceux de Sabra et de Chatila, et les boucheries perpétrées à l’encontre des deux peuples, libanais et palestinien. Israël continue d’occuper une partie du Sud-Liban, et ce pays doit quotidiennement faire face aux raids de l’aviation et aux agressions aériennes, terrestres ou maritimes qui frappent ses villes et ses villages comme elles frappent nos camps dans le sud.

Il est triste et regrettable que seul le Gouvernement des Etats-Unis continue à soutenir et à appuyer ces plans israéliens d’agression et d’expansion, et continue à soutenir Israël dans la poursuite de son occupation de nos territoires palestiniens et arabes, dans la poursuite de ses crimes et de sa politique de main de fer contre nos enfants et nos femmes.

Il est également douloureux et regrettable que le Gouvernement américain s’obstine à refuser de reconnaître à six millions de Palestiniens le droit à l’autodétermination, qui est un droit sacré pour le peuple américain comme pour tous les peuples de la terre.

Je rappelle au peuple américain la position du Président Wilson, père de ces deux principes universels qui régissent les relations internationales que sont l’inadmissibilité de l’acquisition du territoire d’autrui par la force, et le droit des peuples à l’autodétermination. Lorsque notre peuple palestinien fut consulté, en 1919, par l’entremise de la Commission King-Crane, ce sont les Etats-Unis qu’il avait alors choisi pour puissance mandataire mais les circonstances ont fait que ce fut la Grande-Bretagne qui vint prendre cette place. Et je m’adresse aujourd’hui au peuple américain, et je pose cette question : est-il équitable que les principes énoncés à ce propos par le Président Wilson ne soient pas appliqués au peuple palestinien ?

Les administrations américaines qui se sont succédées au cours de ces années savent pourtant pertinemment que l’unique acte de naissance de l’Etat d’Israël, c’est la résolution 181 (11) de l’Assemblée générale des Nations Unies, adoptée le 29 novembre 1947 avec le soutien des Etats-Unis et de l’Union soviétique et qui recommandait l’établissement de deux Etats en Palestine, l’un arabe palestinien et l’autre juif. Comment le Gouvernement américain peut-il expliquer sa position, qui consiste à reconnaÎtre la moitié de cette résolution relative à Israël tout en rejetant l’autre moitié relative à l’Etat palestinien ? Mieux encore, comment le Gouvernement américain peut-il expliquer son manque d’empressement à faire appliquer une résolution qu’il a lui-même adoptée et dont il a plus d’une fois réaffirmé la validité face à votre auguste assemblée, à savoir la résolution 194 (111), qui reconnaÎt le droit des Palestiniens au retour dans les foyers dont ils ont été chassés et au recouvrement de leurs biens ou à l’indemnisation de ceux qui ne.souhaiteraient pas revenir ?

Le Gouvernement des Etats-Unis sait bien qu’il ne peut, pas plus qu’aucun autre Etat, s’arroger le droit de fractionner la légalité internationale ni vider de leur sens les jugements du droit international.

La lutte continue de notre peuple pour ses droits remonte à des dizaines d’années, au cours desquelles il a consenti des centaines de milliers de martyrs et de bléssés, enduré toutes sortes de souffrances, traversé des tragédies sans jamais défaillir et sans que sa volonté ne s’émousse. Au contraire, il n’a cessé de renforcer sa détermination à demeurer attaché à sa patrie palestinienne et à son identité nationale.

Les dirigeants israéliens, en proie à une euphorie trompeuse, s’étaient imaginé qu’après notre départ de Beyrouth l’OLP allait être engloutie par la mer. Ils ne s’attendaient pas à ce que le départ vers les exils se transforme en chemin du retour à la patrie, au véritable champ de bataille, à la Palestine occupée.

C’est alors qu’advint l’héroÏque soulèvement populaire à l’intérieur de notre terre occupée, cette Intifada qui s’est levée pour se poursuivre jusqu’à la réalisation de nos objectifs de liberté et d’indépendance nationale.

Je m’enorgueillis d’être l’un des fils de ce peuple qui trace avec le sang de ses enfants, de ses femmes et de ses hommes l’admirable épopée de la résistance populaire, réalisant des miracles quotidiens, frisant la légende pour que son Intifada continue, pour qu’elle se développe et s’étende, jusqu’à ce qu’elle impose sa volonté et fasse la preuve que le droit peut l’emporter sur la force.

Chaleureuses salutations aux masses de notre peuple qui forgent aujourd’hui cette expérience révolutionnaire et démocratique unique en son genre !

C’est cette foi que la machine de guerre israélienne n’a jamais pu ébranler, que les balles de toutes sortes n’ont jamais pu réduire ni terroriser, dont l’ensevelissement des vivants, les os brisés, les avortements provoqués par les gaz et la mainmise sur les ressources en eau n’ont jamais pu venir à bout, et que ni les arrestations, ni les prisons, ni les exils, ni les expulsions hors de la patrie n’ont affaiblie. Quant aux châtiments collectifs, aux dynamitages de maisons, à la fermeture des universités, des écoles, des syndicats, des associations et des institutions, quant à l’interdiction des journaux et au blocus des camps, des villages et des villes, tout cela n’a fait que raffermir cette foi, jusqu’à ce que la révolution embrasse chaque foyer, jusqu’à ce qu’elle s’enracine dans chaque pouce de la terre de la patrie.

Un peuple qui a parcouru cet itinéraire, un peuple héritier de cette histoire ne peut être défait. Nulle force et nulle terreur ne sauraient lui faire renier sa foi parfaite en son droit à une patrie comme en son adhésion aux valeurs de la justice, de la paix, de l’amour et de la coexistence tolérante. Et comme le fusil du révolutionnaire nous a protégés, empêchant notre liquidation et l’annihilation de notre identité nationale sur le champ brûlant des combats, nous avons une totale confiance en notre capacité à défendre notre rameau d’olivier sur le champ des batailles politiques. Le ralliement mondial à la justesse de notre cause et en faveur de l’instauration de la paix basée sur la justice démontre sans ambiguïté que le monde sait aujourd’hui qui est le bourreau et qui est la victime, qui est l’agresseur et qui est l’agressé, qui mène la lutte pour la liberté et pour la paix et qui est le terroriste. Et voici que les pratiques quotidiennes des forces d’occupation et des bandes de colons fanatiques et armés contre notre peuple, ses enfants et ses femmes mettent à nu le visage hideux de l’occupation israélienne, le révèlent dans sa vérité d’agresseur.

Cette conscience mondiale grandissante a fini par toucher des groupes juifs eux-mêmes, à l’intérieur comme à l’extérieur d’Israël, dont les yeux se sont ouverts à la réalité du problème et à l’essence du conflit, et qui ont pris conscience des pratiques quotidiennes inhumaines qui détruisent la tolérance dans l’âme même du judaïsme. Il est désormais bien difficile, voire impossible, pour un Juif de déclarer son refus de l’oppression raciste et son attachement aux libertés et aux droits de l’homme et de se taire face aux violations israéliennes des droits de l’homme, face aux crimes commis à l’encontre du peuple et de la patrie palestiniens, et plus particulièrement face aux pratiques quotidiennes odieuses des Occupants et des bandes de colons armés.

Nous faisons une claire distinction entre le citoyen juif dont les milieux israéliens au pouvoir tentent d’étouffer et de dénaturer la conscience, d’une part, et les pratiques des dirigeants israéliens, d’autre part.

Plus encore, nous réalisons qu’il y a en Israël comme hors d’Israël des Juifs nobles et courageux qui n’approuvent pas la politique de répression et les massacres, qui réprouvent la Politique d’expansion, de colonisation et d’expulsion du Gouvernement d’Israël et qui reconnaissent à notre peuple un droit égal à la vie, à la liberté et à l’indépendance. Au nom du peuple palestinien, je les remercie tous pour cette position courageuse et honorable.

Notre peuple ne revendique aucun droit qui ne soit le sien, qui ne lui soit reconnu par le droit et les lois internationales. Il ne veut pas d’une liberté au détriment de la liberté d’un autre peuple ni d’un destin qui annulerait celui d’un autre peuple. Notre peuple refuse tout privilège dont il pourrait jouir aux dépens d’un autre peuple, comme il refuse qu’un autre peuple jouisse de privilèges à ses dépens. Notre peuple aspire à l’égalité avec tous les autres peuples, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. J’adresse cet appel à tous les peuples du monde, et particulièrement à ceux qui ont subi l’occupation nazie, et qui ont alors considéré que leur devoir consistait à tourner la page de la tyrannie et de l’oppression exercées par un peuple sur un autre, et d’apporter aide et soutien à toutes les victimes du terrorisme, du fascisme et du nazisme. J’en appelle à ces peuples pour qu’ils prennent clairement conscience de la responsabilité que l’histoire leur a fait porter à l’égard de notre peuple martyrisé qui réclame pour ses enfants une place au soleil de leur patrie, pour qu’ils puissent y vivre comme les enfants du monde entier, libres sur une terre libre.

Il est encourageant de constater que le chemin de notre lutte a atteint ce sommet qu’est l’Intifada dans un climat international caractérisé par des efforts soutenus et sérieux en faveur de la détente et de l’entente internationales et pour le progrès des peuples. C’est avec une grande joie que nous sommes témoins des succès remportés par les Nations Unies et leur secrétaire général dans le cadre de leur contribution efficace à la solution de nombreux problèmes et à l’extinction de nombreux foyers de tension dans le monde, dans ce nouveau climat de concorde internationale.

Assurément, il n’est pas possible de consolider ce climat international nouveau et positif sans se tourner vers les problèmes et les foyers de tension éparpillés de par le monde. C’est d’autant plus nécessaire que cela permettra à la conscience humaine de réaliser avec plus d’acuité un bilan de l’activité des hommes et des Etats, et d’entrevoir avec plus de transparence ce que le siècle qui s’approche nous réserve de défis et de responsabilités nouvelles, loin de la guerre et de la destruction, sur le chemin de la liberté, du bien-être, de la paix et du progrès de l’humanité.

Yasser Arafat à l'Onu, un discours qui vit encore
Nous nous accordons tous ici sur le fait que la question palestinienne constitue le problème des problèmes du monde contemporain. C’est la question la plus anciennement inscrite à l’ordre du jour de vos travaux. C’est le problème régional le plus complexe, le plus ramifié, le plus dangereux pour la paix et la sécurité mondiales. La question palestinienne constitue également une priorité pour les deux superpuissances et tous les Etats conscients de la nécessité d’efforts particuliers pour tracer le chemin d’une solution, sur la base de principes de justice qui constituent en eux-mêmes la meilleure des garanties pour l’extension de la paix à l’ensemble du Moyen-Orient.

Nous, dans l’OLP, en tant que direction responsable du peuple de Palestine et de son destin, par fidélité à sa lutte et en hommage au sacrifice de nos martyrs, soucieux de répondre au climat de détente et de concorde et conscients de l’importance de notre contribution aux efforts pacifiques pour trouver une solution politique susceptible de mettre un terme au malheur des guerres et des combats et d’ouvrir la voie à une coexistence pacifique régie par le droit international, nous avons convoqué notre Conseil national palestinien en une session extraordinaire à Alger, entre le 12 et le 15 novembre dernier, et ce dans le but de préciser et de clarifier notre position en tant que protagoniste principal du conflit arabo-israélien, sans la participation et l’accord duquel il ne peut y avoir de solution.

J’ai la joie de vous annoncer en toute fierté que notre Conseil national palestinien, par une pratique démocratique totalement libre, assumait ses hautes responsabilités nationales et avait adopté une série de résolutions sérieuses, constructives et responsables. Ces résolutions ont frayé le chemin de l’approfondissement et de la manifestation de notre désir de contribuer à la recherche d’un règlement pacifique garantissant les droits nationaux et politiques de notre peuple ainsi que la sécurité et la paix pour tous.

La première et la plus décisive des résolutions prises par notre conseil, c’est la proclamation de l’Etat de Palestine avec pour capitale Al Qods Al Charif, Jérusalem, et ce sur la base du droit naturel, historique et légal du peuple arabe Palestinien à sa patrie, la Palestine. En vertu des sacrifices de générations successives pour la défense de la liberté et de l’indépendance de leur patrie et partant des résolutions des sommets arabes de la force de la légalité internationale telle qu’elle est incarnée dans les résolutions de l’ONU depuis 1947, et en exercice, par le peuple arabe palestinien, de son droit à l’autodétermination, à l’indépendance politique et à la souveraineté sur son sol, conformément à vos résolutions successives.

Il m’importe ici, au moment de répéter cette proclamation historique devant famille des nations et maintenant qu’elle est devenue un document officiel des Nations Unies, d’affirmer qu’il s’agit d’une décision sur laquelle nous ne reviendrons jamais et que nous n’arrêterons pas d’oeuvrer à sa réalisation pour venir à bout de l’occupation et pour que notre peuple exerce sa souveraineté dans son Etat.

Cet Etat de Palestine est l’Etat des Palestiniens où qu’ils soient. Ils pourront y développer leur identité nationale et culturelle. Ils y jouiront de la pleine égalité des droits et de leurs convictions religieuses et Politiques, ainsi que de leur dignité humaine. Ils y seront protégés par un régime parlementaire et démocratique fondé sur les principes de la liberté d’opinion, la liberté de constituer des partis, la prise en considération par la majorité des droits de la minorité et le respect par la minorité des décisions de la majorité, la justice sociale, l’égalité et l’absence de toute discrimination dans les libertés publiques sur la base de la race, de la religion, de la couleur, ou entre la femme e l’homme, à l’ombre d’une constitution qui assure la primauté de la loi et l’indépendance de la justice, en totale fidélité à l’héritage spirituel de la Palestine, patrimoine fait de tolérance et de cohabitation entre les religions à travers les siècles.

L’Etat de Palestine est un Etat arabe, son peuple fait partie intégrante de la nation arabe, de son patrimoine, de sa civilisation et de ses aspirations au progrès social, à l’unité et à la libération. Il se réclame de la Charte de la Ligue des Etats arabes, de la Charte de l’ONU, de la Déclaration universelle des droits de l’homme et des principes du non-alignement...

Cet Etat est épris de paix et attaché aux principes de la coexistence pacifique ; il oeuvrera de concert avec tous les Etats et tous les peuples pour instaurer une paix permanente basée sur la justice et le respect des droits.

Cet Etat croit à la résolution des conflits régionaux et internationaux par des moyens pacifiques, en application de la Charte des Nations Unies et de leurs résolutions. Il rejette la menace de l’usage de la violence, de la force et du terrorisme, leur utilisation contre la sécurité de son propre territoire ou contre son indépendance politique, ou contre l’intégrité territoriale de tout autre Etat, sans porter atteinte à son droit naturel à défendre son territoire et son indépendance. Cet Etat croit que l’avenir ne réserve que la sécurité à ceux qui auront agi justement, ou auront aspiré à la justice.

Voici l’Etat de Palestine que nous avons proclamé et que nous oeuvrerons à concrétiser, pour qu’il prenne sa place entre les autres pays, qu’il participe et innove dans l’édification d’un monde libre oÙ règnent la justice et la paix. Notre Etat aura son gouvernement provisoire, avec l’aide de Dieu, dans les plus brefs délais. Le Conseil national palestinien a chargé le Comité exécutif de l’OLP d’assumer les responsabilités de ce gouvernement provisoire en attendant sa formation. Pour concrétiser cette décision, notre Conseil national palestinien (CNP) en a adopté une série d’autres dont il importe de souligner ici les plus importantes, pour confirmer notre détermination à aller de l’avant avec sérieux dans la voie de la juste solution pacifique, et à déployer les plus grands efforts pour sa réussite.

Notre Conseil national a affirmé la nécessité de la tenue de la conférence internationale sur la question du Moyen-Orient, dont le coeur est la question de Palestine, sous l’égide des Nations Unies et avec la participation des cinq membres permanents du Conseil de sécurité ainsi que de toutes les parties au conflit dans la région, y compris l’OLP, unique représentant légitime du peuple palestinien, sur un Pied d’égalité. Ceci en considérant que la conférence internationale se tiendra sur la base des deux résolutions du Conseil de sécurité 242 (1967) et 338 (1973), ainsi que sur la base de la garantie des droits nationaux et politiques légitimes du Peuple palestinien, au premier rang desquels son droit à l’autodétermination.

Notre Conseil national a également affirmé la nécessité du retrait d’Israël tous les territoires palestiniens et arabes qu’il a occupés en 1967, y compris la Jérusalem arabe, l’établissement de l’Etat palestinien et l’abolition de toutes 1es mesures de rattachement et d’annexion, ainsi que le démantèlement des colonies édifiées par Israël dans les territoires palestiniens et arabes depuis 1967. Toutes ces exigences ont été formulées par les sommets arabes, et particulièrement par les sommets arabes de Fès et d’Alger.

Notre Conseil national a affirmé la nécessité d’oeuvrer pour placer les territoires palestiniens occupés, y compris la Jérusalem arabe, sous la tutelle des Nations Unies pour une Période limitée. Ce pour protéger notre peuple et créer un climat propice à la réussite des travaux de la conférence internationale, ce pour parvenir à un règlement Politique global et instaurer la sécurité et la paix pour tous, peuples et Etats, au Moyen-Orient, à travers l’acceptation et le consentement mutuels, et afin de permettre à l’Etat de Palestine d’exercer son autorité effective sur ces territoires. Tout ceci également a été affirmé dans le 8 décisions issues des sommets arabes. Notre conseil a aussi affirmé la nécessité de résoudre la question des réfugiés palestiniens, conformément aux décisions des Nations Unies. Il a également affirmé qu’il garantirait la liberté de croyance et de culte dans les Lieux saints de Palestine pour les adeptes de toutes les religions. Notre Conseil national a également confirmé ses décisions précédentes concernant les relations spéciales et privilégiées entre les deux peuples frères, jordanien et palestinien, et que la relation future entre l’Etat de Palestine et 1e Royaume hachémite de Jordanie se fera sur une base confédérale, selon le principe du choix volontaire et libre des deux pays frères. Ceci pour consolider les liens historiques et les intérêts vitaux qui les réunissent.

Le Conseil national a renouvelé sa conviction que le Conseil de sécurité des Nations Unies devait établir et garantir les dispositions de la sécurité et de la paix entre tous les Etats parties au conflit dans la région.

Yasser Arafat à l'Onu, un discours qui vit encore
Je tiens à souligner ici que ces décisions, ainsi qu’il ressort clairement de leur contenu et de leur formulation, reflètent la fermeté de notre foi dans la paix et la liberté, ainsi que notre profonde conscience du climat de détente internationale, et de l’attachement de la communauté internationale à des solutions équilibrées qui répondent aux aspirations et aux intérêts fondamentaux des parties au conflit. Ces décisions reflètent également le degré de sérieux de la position palestinienne au sujet de la paix, son attachement à la paix et la nécessité de la garantir et de la préserver par le biais du Conseil de sécurité, et sous l’égide des Nations Unies.

Ces résolutions apportent une réponse claire et ferme à tous les alibis et les prétextes colportés par certains Etats au sujet de la position et de la politique de l’Organisation de libération de la Palestine. Alors que notre peuple, par son soulèvement comme par l’intermédiaire de ses représentants au Conseil national, votait pour la paix, confirmant son accord avec la tendance dominante elle-même consolidée par la détente nouvelle dans les relations internationales, propice à la Solution des conflits régionaux et mondiaux par des moyens pacifiques, le Gouvernement israélien, pour sa part, alimente les tendances agressives et expansionnistes ainsi que le fanatisme religieux, confirmant son obstination à choisir l’agression et à nier les droits de notre peuple.

La partie palestinienne a formulé de son côté des positions politiques claires et responsables, conformes à la volonté de la communauté internationale pour aider à la tenue et à la réussite des travaux de la Conférence internationale de paix.

L’appui international, courageux et bienvenu, à la reconnaissance de l’Etat Palestine est la preuve éclatante de la justesse de la voie que nous avons choisie de la crédibilité de nos résolutions et de leur conformité avec la volonté et l’amour de la paix qui animent la communauté internationale.

En dépit de notre grande estime pour ces voix américaines libres qui ont pris l’initiative d’expliquer et de justifier notre position et nos résolutions, l’administration américaine se refuse toujours à appliquer des critères uniques toutes les parties au conflit et continue à nous imposer -et à nous seuls - l’acceptation de positions qui ne sauraient être tranchées avant la négociation et le dialogue dans le cadre de la conférence internationale.

Je tiens ici à rappeler que reconnaÎtre aux deux parties au conflit l’égalité des droits sur la base de la réciprocité constitue la seule approche qui réponde aux diverses interrogations, d’où qu’elles viennent. Et si les Politiques pratiquées sur le terrain reflètent les intentions de ceux qui les conduisent, 1a partie Palestinienne a plus de raisons de s’inquiéter et de s’interroger au sujet de son propre sort et sur son avenir face à un Etat d’Israël bardé des armes les plus modernes, y compris des armes nucléaires.

Notre Conseil national a renouvelé son engagement vis-à-vis des résolutions des Nations Unies qui affirment le droit des peuples à résister à l’occupation étrangère, à la colonisation et à la discrimination raciale ainsi que leur droit à lutter pour l’indépendance. Il a également renouvelé son refus du terrorisme sous toutes ses formes, y compris le terrorisme d’Etat, confirmant par là son adhésion aux décisions prises à ce sujet : la résolution du sommet arabe d’Alger en 1988, les deux résolutions des Nations Unies, 42/159 de 1987 et 40/61 de 1985, ainsi que ce qui figure à ce sujet dans la Déclaration du Caire du 7 novembre 1985. Cette position est claire et sans équivoque. En dépit de cela, je réaffirme ici une fois encore, en ma qualité de président de l’OLP, que je condamne le terrorisme sous toutes ses formes.

Je salue tous ceux que je vois face à moi dans cette salle, gui ont un jour été accusés d’être des terroristes par leurs bourreaux et leurs colonisateurs au cours des combats menés dans leurs pays pour les libérer du joug de la colonisation. Ce sont aujourd’hui des dirigeants investis de la confiance de leurs peuples et de fidèles et sincères partisans des principes et des valeurs de la justice et de la liberté. Un grand salut aux martyrs qui sont tombés, victimes du terrorisme et des terroristes, au premier rang desquels le compagnon de ma vie, mon adjoint, le martyr-symbole Khalil el Wazir, ainsi que tous les martyrs tombés dans les massacres infligés à notre peuple dans les lieux les plus divers, dans les villes, les villages et les camps de Cisjordanie, de Gaza et du Liban.

La situation dans notre patrie palestinienne ne souffre plus l’attente. Les masses de notre peuple et nos enfants sont à la tête du cortège, portant le flambeau de la liberté, tombant quotidiennement dans la lutte pour chasser les occupants et consolider les fondements de la paix dans leur patrie libre et indépendante aussi bien que dans la région tout entière. Le Conseil national palestinien a ainsi fondé ses résolutions sur le réalisme, prenant en considération les circonstances particulières aux Palestiniens et aux Israéliens ainsi que la longue histoire de tolérance qui les a unis dans le passé.

Les Nations Unies ont à l’égard de notre peuple et de ses droits une responsabilité historique exceptionnelle. Voici plus de 40 ans que les Nations Unies ont décidé, sur la base de la résolution 181 (Il), d’établir deux Etats en Palestine, l’un arabe palestinien et l’autre juif. Et nous voyons qu’en dépit de l’injustice historique qui a frappé notre peuple, cette résolution assure aujourd’hui encore les conditions de légitimité internationale qui garantissent le droit du peuple arabe palestinien à la souveraineté et à l’indépendance nationale.

L’accélération du processus de paix dans la région requiert un effort exceptionnel de la part de toutes les parties concernées et de leurs partenaires internationaux. Je citerai plus précisément les Etats-Unis d’Amérique et l’Union soviétique, investis d’une grande responsabilité vis-à-vis de la cause de la paix dans notre région.

A cette étape, le rôle des Nations Unies et des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, celui des blocs et des instances internationales est vital et crucial. C’est pourquoi, j’ai l’honneur, en ma qualité de président du Comité exécutif de l’OLP, qui assume momentanément les responsabilités du gouvernement provisoire de l’Etat de Palestine, de vous présenter l’initiative de paix palestinienne suivante.

Premièrement, que de sérieux efforts soient déployés pour réunir le Comité préparatoire de la Conférence internationale de paix au Moyen-Orient, sous l’égide du Secrétaire général des Nations Unies, et ce, sur la base de l’initiative des deux Présidents, Gorbatchev et Mitterrand, qui a reçu l’appui de nombreux Etats et que le Président Mitterrand a eu l’obligeance d’exposer devant votre assemblée à la du mois de septembre dernier - initiative préludant à la tenue de la Conférence internationale, qui est appuyée par la totalité des Etats dans le monde, à l’exception du Gouvernement d’Israël.

Deuxièmement, partant de notre foi en le rôle vital des Nations Unies et fort de la confiance que nous accordons à la légalité internationale, nous réclamons une action visant à mettre notre terre palestinienne occupée sous la tutelle momentanée des Nations Unies : que s’y déploient des forces internationales qui protègent notre peuple en même temps qu’elles supervisent le retrait des troupes israélien de notre patrie.

Troisièmement, l’Organisation de libération de la Palestine recherchera un règlement pacifique global avec les parties concernées au conflit arabo-israélien, y compris l’Etat de Palestine, Israël et ses autres voisins, dans le cadre de la conférence internationale de paix au Moyen-Orient, sur la base des résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de sécurité, de façon à garantir l’égalité et l’équilibre des intérêts et, tout particulièrement, le droit de notre peuple à la liberté et à l’indépendance nationale, ainsi que le respect du droit de toutes les parties au conflit, comme je viens de le dire, à exister dans la paix et la sécurité.

Si ces bases sont adoptées lors de la conférence internationale, nous aurons franchi une étape essentielle en direction de la solution juste, ce qui permettrait de parvenir à un accord sur l’ensemble des dispositions et des arrangements de sécurité et de paix.

J’espère qu’il est bien clair que notre peuple palestinien, qui aspire à la réalisation de ses droits nationaux légitimes, à l’autodétermination, au retour et à la fin de l’occupation de la terre de sa patrie palestinienne, tient à réaliser ces objectifs en continuant à avancer sur la voie pacifique, dans le cadre de la conférence internationale tenue sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies et conformément à sa charte et à ses résolutions.

J’affirme que nous sommes un peuple qui aspire à la paix, comme tous les peuples de la terre, peut-être avec un peu plus d’ardeur, étant donné la longueur de cette épreuve tout au long de ces années et la dureté de la vie que mènent notre peuple et nos enfants, qui ne peuvent jouir d’une vie normale, à l’abri des guerres, des malheurs, de la souffrance et de l’exil, de la dispersion et des difficultés de la vie quotidienne.

Que s’élèvent des voix pour soutenir le rameau d’olivier, pour appuyer la pratique de la coexistence pacifique et pour renforcer le climat de détente internationale. Joignons nos mains et nos efforts pour ne pas laisser passer une occasion historique, qui pourrait ne pas se représenter, de mettre fin à un drame qui n’a que trop duré et qui a coûté le sacrifice de milliers de vies et la destruction de centaines de villages et de villes.

Et si nous tendons la main vers le rameau d’olivier, le rameau de la paix, c’est parce que celui-ci se répand dans nos coeurs à partir de l’arbre de la patrie et de la liberté.

Je suis venu à vous au nom de notre peuple, la main ouverte, pour que nous œuvrions à instaurer une paix véritable, une paix bâtie sur la justice. Sur cette base, je demande aux dirigeants d’Israël de venir ici, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, pour que nous accomplissions cette paix. Et leur dis, tout comme je vous le dis : notre peuple désire la dignité, la liberté et la paix. Il désire la sécurité pour son Etat tout comme il la désire pour tous Etats et parties au conflit arabo-israélien.

Je m’adresse ici tout particulièrement aux Israéliens de toutes les catégories, de tous les courants et de tous les milieux et, avant tout, aux forces de la démocratie et de la paix, et je leur dis : Venez ! Loin de la peur et de 1a menace, réalisons la paix, loin du spectre des guerres ininterrompues depuis 40 dans le brasier de ce conflit, loin de la menace de nouvelles guerres, qui n’auraient d’autre combustible que nos enfants et vos enfants, venez, faisons la paix, la paix des braves, loin de l’arrogance de la force et des armes de la destruction, loin de l’occupation, de la tyrannie, de l’humiliation, de la tuerie et de la torture.

Je dis : « O gens du Livre, retrouvez-vous en une seule parole », pour que nous établissions la paix sur la terre de la paix, la terre de Palestine.

« Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! »

Mon Dieu, Tu es la Paix. La Paix vient de Toi. la Paix aboutit à Toi. Seigneur, fais-nous vivre dans la paix et accéder au Paradis, ta demeure, la demeure de la Paix.

Je vous remercie et vous salue, avec la miséricorde de Dieu, et ses bénédictions.

Enfin, je dis à notre peuple : l’aube, inéluctablement, vient, et la victoire elle aussi, est déjà en chemin. Je vois la patrie dans vos pierres sacrées ; je vois le drapeau de notre Etat palestinien indépendant flotter sur les hauteurs d la patrie bien-aimée.




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par said oujjani le 12/11/2006 15:16 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
qui a avortè le rève d'arafat? qui sont les vrais complices dans l'empoisonnement d'arafat? qui a trahi la cause palestiniene et le rève palestinien ?


SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !