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Une ville française en exemple pour l'Union européenne

Créteil aura sa mosquée, tandis que d'autres projets sont freinés

Rédigé par Assmaâ Rakho Mom (source Islamonline) | Lundi 10 Décembre 2007 à 14:03

           

Si les gouvernements et les citoyens à travers l'Europe s'opposent en majorité à la présence de minarets dans leurs horizons, une ville française fait exception. Elle a en effet choisi, exemple rare, d'aider à la construction d'un complexe comprenant une mosquée, un restaurant, une librairie, une bibliothèque, un hall d'exposition et des salles d'étude. Un exemple en Europe, où les projets de mosquées rencontrent de vives oppositions de la part d'élus d'extrême-droite, voire d'institutions bancaires.



Laurent Cathala, député-maire de Créteil (94)
Laurent Cathala, député-maire de Créteil (94)

Une reconnaissance de la ville envers ses citoyens

Interrogé par le Washington Post dimanche 9 décembre, le maire PS de la ville de Créteil, dans le Val-de-Marn, Laurent Cathala, déclarait vouloir "que la mosquée soit construite là où tout le monde pourrait la voir". "Nous n'avons pas voulu la cacher", a ajouté le maire socialiste, qui peut suivre la construction de la future mosquée depuis son bureau situé au 11ème étage.

La construction, qui devrait être terminée d'ici 2008, comprendra un minaret atteignant 25 mètres et un dôme, et pourra accueillir plus de 2500 fidèles. Avec un coût s'élevant à 7,4 millions d'euros, la mosquée est située sur une butte dominant le lac et la ville de Créteil, tout proche de la mairie et du poste de police.

La ville a contribué au projet à hauteur de 1,5 millions d'euros, et la mosquée très prochainement achevée fera partie d'un grand complexe comprenant un centre culturel, un café, un centre d'exposition, un hammam, une librairie, une bibliothèque et une salle d'étude.

Laurent Cathala, maire de Créteil depuis trois décennies, voit dans la construction de cette mosquée comme faisant partie de l'évolution de sa ville et de sa démographie. "Si vous êtes pour la justice sociale, vous ne pouvez pas reconnaître une partie de la population et pas l'autre partie, notamment en ce qui concerne sa religion", a déclaré M. Cathala.

La ville comptait jusqu'ici trois petites mosquées ne pouvant contenir plus de 200 personnes. "Cette mosquée est plus qu'une simple reconnaissance de notre religion. C'est une reconnaissance de la ville envers ses citoyens", estime Karim Benaïssa, le président de l'Union des associations musulmanes de Créteil.

Précisons que la France abrite la plus importante minorité musulmane, les chiffres oscillant entre 4 à 7 millions de citoyens de culture islamique. Le ministère de l'Intérieur recense lui près de 1500 lieux de culte, avec seulement 400 mosquées dignes de ce nom, la plupart des salles de prière se situant dans des gymnases, des caves, voire des commerces désaffectés.

Projet de mosquée à Créteil
Projet de mosquée à Créteil

Défis

Mais le chemin menant à l'aboutissement du projet de mosquée à Créteil, projet le plus ambitieux de France, ne fut pas de tout repos. Les conseillers municipaux d'extrême-droite se sont en effet élevés contre l'utilisation de fonds publics pour la construction du centre culturel.

"Les juifs payent pour leurs synaguogues, et les chrétiens payent pour construire leurs églises. Pourquoi les musulmans devraient être aidés par les contribuables Cristoliens ?", a ainsi déclaré Lysiane Choukroun, 59 ans, conseillère municipale issue du Mouvement national républicain (MNR), un mouvement dont les membres se sont opposés à différents projets de construction de mosquées dans diverses villes de France.

Par ailleurs, alors que la collecte de fonds pour la construction de la mosquée battait son plein, en février 2005, le Crédit agricole décidait, sans donner d'explications, de clôturer le compte de l'Union des associations musulmanes de Créteil. "C'était de la discrimination", déclare aujourd'hui Karim Benaïssa, 44 ans, arrivé en France à l'âge de 18 ans afin d'entamer un cursus universitaire.

En outre, les autorités judiciaires françaises auraient récemment inculpé l'imam de Créteil, Ilyes Hacene, pour des prêches enflammés prononcés entre 2000 et 2006. La justice tente depuis de le déchoir de sa nationalité et de l'expulser du territoire français. Mais pour Laurent Cathala, le maire de Créteil, les accusations seraient motivées politiquement. "J'ai été stupéfait, il leur a fallu sept ans pour en arriver à ces charges ?" s'est-il interrogé.

Initiatives anti-mosquées

"Les mosquées sont les symboles de la présence permanente des musulmans. Ils ont investi dans la brique et vont rester. Et les initiatives anti-mosquées constituent les nouveaux mobilisateurs de l'extrême-droite", a expliqué au Washington Post Riem Spielhaus, spécialiste de l'Europe et des questions liées à l'islam à l'université Humboldt de Berlin. Et les musulmans européens, qui ont longtemps prié dans des caves, des souterrains ou des locaux désaffectés, vont se heurter de plus en plus à des campagnes anti-construction de mosquées.

La semaine dernière, la chancellière allemande Angela Merkel a provoqué la colère des musulmans Allemands lorsqu'elle a déclaré à l'occasion d'un congrès de son parti démocrate-chrétien, que "les coupoles des mosquées" ne devaient pas être plus hautes que les "clochers des églises".

D'ailleurs à Cologne en Allemagne, le projet de construction d'un grand centre culturel musulman a suscité des remous. L'extrême droite s'est insurgée tandis que certains prélats, dont le cardinal de Cologne, Mgr Joachim Meisner, avaient fait part de leurs « malaise ».

A Londres, capitale britannique, c'est un projet de construction de mosquée située non loin du site où doivent se dérouler les Jeux olympiques en 2012 qui est vivement contesté et décrit comme le symbole de "la colonisation islamique de l'Angleterre".

En Suisse, c'est un groupe d'extrême-droite qui a demandé cette année d'interdire les minarets dans le pays, tandis que dans l'Etat voisin, la France, le MNR de Bruno Maigret mobilise ses troupes dans le but de freiner tout projet de mosquée. Ainsi, à Marseille et à Montreuil, le parti d'extrême-droite a réussi à ralentir le processus en intentant des procès, estimant que les terrains cédés l'avaient été à trop bas prix.





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