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Une station de métro « 17 Octobre 1961 » ?

| Lundi 19 Février 2007 à 10:55

           

Dimanche 18 février, à Gennevilliers, des associations ont appelé à une réunion citoyenne sur le chantier de la nouvelle station de métro parisien, prologeant la ligne 13. Une centaine de personnes se sont rassemblées à partir de midi, hier, pour inciter la RATP à nommer cette nouvelle station : « 17 octobre 1961 », au lieu d' "Asnières Gennevilliers II", en mémoire aux victimes de la répression policière française du 17 octobre 1961. La RATP a pourtant refusé ce changement de nom.



Une station de métro « 17 Octobre 1961 » ?
Le manque est ressenti par une grande partie de la population française : « aucun monument, aucun signe distinctif ne fait référence à ces évènements tragiques (…) », qui se sont déroulés à Paris et dans la région parisienne. De nombreuses personnes ont été victime de la répression policière française en 1961. Cette répression devait enrailler le soulèvement pacifique des « immigrés », notamment d'Afrique du Nord, qui s'indignaient contre le couvre feu qui leur était spécifiquement imposé. « Si la France est diverse par ses habitants, elle est uniforme dans ses représentations et institutions. » peut on lire dans un communiqué des associations militantes pour la nomination de la station de métro de Gennevilliers : l'UNADE (l'Union des Associations de la Diversité et l'Eglité), Anticoloniale et Genevilliers Pour Tous, du conseil municipale de la ville.

Une pétition circule depuis quelques mois pour transformer le nom de la nouvelle station en construction, qui sera en fonctionnement mi 2008 selon les prévisions. Cette station a été prénommée «Asnières Gennevilliers II » et les associations veulent transformer ce nom en « 17 octobre 1961 ». Cette pétition est signée par de nombreux élus du conseil régional de Paris et des mairies de la région, ainsi que de nombreuses personnalités, notamment des candidats à la présidentielle comme José Bové ou Rachid Nekkaz ; mais aussi d'autres personnalités comme François Burgat ou encore Gilles Manceron. « Il est temps de commencer à déconstruire l'image persistante qui fait qu'une grande partie de la population, considère les français « issus de », les jeunes des « quartiers » comme des descendant-e-s d'étrangèr-es , des « venu-e-s d'ailleurs », des personnes illégitimes dans leur rapport à la nation française. (…) La station de métro « 17 octobre 61 » contribuera à cristalliser et à perpétuer cette mémoire pour les générations futures, à construire une nouvelle citoyenneté pour la dignité et l'égalité de toutes et tous. » Peut on ainsi lire sur la pétition.




Une station de métro « 17 Octobre 1961 » ?

Refus

Cependant, la RATP a expressément refusé, dans un courrier du 2 octobre 2006, la demande de changement de nomination de cette station, adressée le 30 août à l'entreprise de transport. La RATP a prétexté « que la nomination des stations de métro et des gares de RER constituent d'abord un outil fonctionnel d'information devant simplifier l'usage du réseau de transport en Ile-de-France. (…) Un nom doit être simple et le plus court possible. (…) La dénomination 17 octobre 1961, ne répond pas à ces critères. La RATP ne souhaite donc pas la proposer comme nom de la station. » Elle propose cependant d'y mettre un panneau mémoire évoquant ces évènements. Les associations s'indignent répondant : « La station « La Courneuve-8 Mai 1945 » répond-elle mieux à ces critères ? »

Mettant en exergue un besoin de reconnaissance, de recherche d'identité, notamment illustrée par les émeutes de novembre 2005, une population qui se cherche encore au sein de La France, les associations à l'origine de ce projet ne compte pas se laisser faire. « Dans la nuit du 17 octobre 1961, des centaines d'hommes de femmes et d'enfants originaires d'Afrique du Nord, dont beaucoup venaient de notre région, furent massacrés par la police sous les ordres du préfet de Paris Maurice Papon, alors qu'ils manifestaient pacifiquement contre le couvre feu qui leur était imposé. » a déclaré Isabelle Guichard, élue de Gennevillier, lors du conseil municipale le 23 octobre 2006. L'ironie du sort fait qu'aujourd'hui, au lendemain de cette inauguration symbolique de la station « 17 octobre 1961 », Maurice Papon a donné son dernier son souffle, à l'âge de 96 ans.






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