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Points de vue

Un 1er mai dans la souffrance pour les travailleurs palestiniens

Rédigé par Ziad Medoukh | Dimanche 1 Mai 2016 à 18:09

           


Un 1er mai dans la souffrance pour les travailleurs palestiniens
Alors que le monde entier célèbre la Journée mondiale du travail, les travailleurs palestiniens célèbrent ce 1er mai dans un contexte particulier notamment marqué par la poursuite de l’occupation et de la colonisation, et par des mesures israéliennes illégales à l’encontre de toute une population civile dans des territoires palestiniens toujours occupés.

Les travailleurs palestiniens, en souffrance au quotidien, célèbrent cette journée tandis que règnent pauvreté, chômage et absence de perspectives, en Cisjordanie et plus encore dans la bande de Gaza. Ces travailleurs, où qu’ils soient, en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, dans les territoires de 1948 et en exil, sont plus que jamais déterminés et espèrent un lendemain meilleur, un lendemain de liberté et de justice.

Les chiffres sur la souffrance de nos travailleurs palestiniens sont choquants, avec de plus en plus de chômage et de fermetures d’usines et d’ateliers et une économie en recul permanent. Toutes les entreprises agricoles, artisanales et industrielles souffrent des mesures de l’occupation israélienne contre l’économie palestinienne.

Une pensée pour tous les travailleurs

Le taux de chômage dépasse les 45 % en Cisjordanie, 70 % dans la bande de Gaza, une région toujours sous blocus israélien, avec plus de 75 % des Palestiniens vivant en dessous du seuil de pauvreté, et une vie économique paralysée par la fermeture des frontières et des passages ainsi que l’enfermement d'une population entière dans une prison à ciel ouvert.

Les Palestiniens célèbrent cette Journée mondiale du travail avec une pensée particulière pour les travailleurs détenus dans les prisons israéliennes, pour ceux de Cisjordanie qui défient l’occupation, la colonisation, le mur de la honte et les check-points, et pour ceux de Gaza qui souffrent du blocus inhumain imposé depuis plus de 9 ans par les forces de l’occupation.

Une pensée particulière à tous nos travailleurs tués par les soldats israéliens sur leurs lieux de travail, devant le mur d’apartheid, dans les manifestations pacifiques contre la confiscation des terres appartenant aux Palestiniens, devant les barrages militaires israéliens ou suite à des agressions israéliennes permanentes.

Une pensée à nos travailleurs qui, malgré les humiliations israéliennes et les files d’attente devant les check-points, continuent à vouloir se rendre sur leur lieu de travail afin de vivre, eux et leurs familles, dignement. Une autre pensée à nos citoyens qui sont depuis des années sans travail à cause de toutes les mesures israéliennes, qui affrontent une réalité dure et qui n’arrivent pas à répondre aux besoins de leurs familles.

Les travailleurs palestiniens fêtent le 1er mai dans les larmes et la peine. Ils pensent aux martyrs, aux blessés, aux prisonniers, et à toute la population civile en Cisjordanie qui poursuit un soulèvement populaire non-violent depuis plus de sept mois malgré les représailles israéliennes. A la population civile de Gaza aussi qui, deux ans après l'offensive militaire israélienne de l’été 2014, reste sans aucun projet réel de reconstruction et un horizon bouché.

Les travailleurs palestiniens, en première ligne du conflit, sont très engagés. Ils ont un rôle important dans notre société, ils continuent à se sacrifier pour que les futures générations aient un plus bel avenir. Un grand hommage à eux, à nos syndicats, à tous nos ouvriers, pêcheurs, paysans et fonctionnaires pour leur patience, pour leur détermination et leur lutte pour la dignité.

Merci à tous les solidaires, les syndicats et les travailleurs du monde entier qui ont défilé dans les rues avec des drapeaux palestiniens et des banderoles saluant le courage et la résistance des travailleurs palestiniens.

Le chemin est encore très long pour que nos travailleurs obtiennent tous leurs droits. Mais la lutte continue et le combat se poursuit pour obtenir leurs droits, qui passe avant tout par la fin de l’occupation israélienne et la liberté de tous les territoires palestiniens afin que le peuple palestinien vive dignement sur sa terre.

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Ziad Medoukh est professeur et directeur du département de français de l'université Al-Aqsa de Gaza.

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