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Sur le vif

Réunion : des tee-shirts jugés racistes dans le viseur du CRAN

Rédigé par La Rédaction | Mardi 16 Septembre 2014 à 14:14

           


La marque réunionnaise PARDON! s’est attirée les foudres du Conseil représentatif des Associations Noires de France (CRAN) pour la commercialisation d’un tee-shirt véhiculant des idées racistes.

L’association antiraciste explique avoir appris l’existence de ce modèle vendu depuis un an après la parution d’un article à ce sujet vendredi 12 septembre sur le blog d'actualité réunionnais, Bondamanjak. Et ce qu’à vu le CRAN, l’a fait bondir. Sur ce tee-shirt, des jeux de mots douteux formés avec les noms des différentes ethnies qui vivent à La Réunion sont inscrits. « Zoreil + Mauricien = Zomau » (Blanc + Mauricien = Homo), « Kaf + Malbar = Kafar » (Noir + Indien = Cafard), « Malgache + Chinois = Gachi », peut-on ainsi lire.

Réunion : des tee-shirts jugés racistes dans le viseur du CRAN

Réunion : des tee-shirts jugés racistes dans le viseur du CRAN

« Un logo dans le plus pur style colonial »

« J'imagine que la direction va nous expliquer qu'il s'agissait d'une plaisanterie, d'une provocation, qu'il fallait prendre au second degré, a ajouté le président du CRAN. C'est le genre d'arguments que Jean-Marie Le Pen utilise depuis plus de 40 ans. Et cela ne nous fait toujours pas rire », a fustigé Louis-Georges Tin, le président du CRAN dans un communiqué, lundi 15 septembre. L’association antiraciste fait également remarquer que le « logo de la marque est un petit diablotin souriant avec un chapeau melon dans une chaise à porteurs, transporté par deux femmes noires, dans le plus pur style colonial ». Le CRAN et son antenne réunionnaise ont décidé de saisir le procureur de la République à la Réunion « pour incitation à la haine raciale ».

La marque a expliqué dans la foulée que le tee-shirt mis en cause était la création d’une étudiante des Beaux-Arts de la Réunion, école avec laquelle elle a lancé un concours l'an dernier « sur le thème du métissage ». « Jamais nous n’aurions pu penser, qu’un partenariat local visant à promouvoir les compétences, la créativité et le savoir-faire des Réunionnais pourrait être traduit comme un acte de racisme », déplore PARDON ! dans un texte publié sur son site lundi 15 septembre dans lequel elle réagit aux accusations. « Le design ne relève aucune hiérarchie d’une origine sur une autre. Ainsi, tous les métissages sont traités de la même manière. Enfin, ironie du sort, la dessinatrice est créole ! », se défend la marque pour qui « les auteurs de cette polémique ont plutôt tendance à rejeter systématiquement tout ce qui vient de l’extérieur ». Mais elle ne revient pas sur son logo des plus mauvais goûts.

Pour sa défense, PARDON ! rappelle ses engagement humanitaires. « Il y a 2 mois nous reversions 2 000€ à l’Union des Femmes Réunionnaises (de toutes couleurs confondues !) afin de soutenir les 223 Nigérianes enlevées par le groupe armé Boko Haram », indique-t-elle ainsi.

Une marque reine de la provoc

La marque laisse également le soin à la créatrice du tee-shirt de s’expliquer. « Je suis la première concernée par ce tee-shirt et pas seulement parce que j’en suis l’auteure. Ainsi, je suis métisse réunionnaise et je me suis aussi appuyée sur mon expérience personnelle… Alors vous voulez du croustillant ? En effet, j’étais à l’époque en couple avec une Mauricienne !! d’où le ZOMAU !! », écrit-elle. « La ligne directrice de mon workshop était de marquer les esprits, de parler à l’ensemble des réunionnais, sans les dévaloriser ni les cataloguer. Je souhaitais le faire d’une manière rigolote en inventant des jeux mots ! », poursuit l'étudiante.

Pas étonnant que son humour ait été choisi par PARDON !. Niveau provocation, la marque créée par un Allemand installé à La Réunion n’en est pas à son coup d’essai. En 2002, elle avait choqué en commercialisant un string à l'effigie de la Vierge Marie et en 2011, elle avait été condamnée à 40 000 euros pour des sacs à l'effigie de Carla Bruni...nue.

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