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Points de vue

Que la poésie réponde à la caricature !

Hommage en vers au Prophète Muhammad

Rédigé par Jérémy Payet | Vendredi 29 Mai 2015 à 07:00

           

« Que la poésie réponde à la caricature ! » C'est le mot d'ordre lancé par l'association L'Olivier, située à Arbent, dans l'Ain, qui lance un concours de poésie sur le Prophète Muhammad. Le cofondateur de l'association Jérémy Payet explique sa démarche sur Saphirnews.



L'association Olivier à Arbent organise une concours de poésie en l'honneur du Prophète Muhammad pour répondre aux caricatures.
L'association Olivier à Arbent organise une concours de poésie en l'honneur du Prophète Muhammad pour répondre aux caricatures.

Notre Histoire…

C’est l’histoire d’un pays qui ne sait plus qui il est.
C’est l’histoire de jeunes qui ne savent plus qui ils sont…
C’est l’histoire d’un pays qui renie ses valeurs.
C’est l’histoire de jeunes qui découvrent les leurs…
C’est l’histoire d’une rencontre inévitable mais qui tarde à se faire.
C’est l’histoire de jeunes musulmans parfois méprisés, souvent négligés...
Mais qui décident de faire le premier pas.


C’est ainsi que nous avons décidé d’introduire notre histoire. Elle commence il y a à peu près deux ans, sous un ciel nuageux… Caricatures du Prophète Muhammad qui font pleurer certains d’entre nous, libération d’une parole, parfois islamophobe, souvent raciste, qui irrite d’autres d’entre nous. Ce « nous », ce sont les jeunes de notre quartier à Arbent. Je ne saurai dire à quand remonte les prémices de ce sentiment d’être négligés, mais c’est comme si nous l’avions toujours connu.

Aujourd’hui, on parle encore de moi, de nous. De la Sécurité sociale de mon père, du couscous de ma mère, du casier judiciaire de mon grand frère, nous sommes passés au voile de ma sœur, à la barbe de mon petit frère. Jeunes de quartier, donc musulmans, donc étrangers, donc délinquants, donc… terroristes. Et ça marche dans tous les sens. Négligés puis méprisés. « Auto-victimisation », crieront les plus gentils ! Peut-être… mais peut-être pas. Toutes ces étiquettes, tous ces préjugés, me semblent de plus en plus réels, de plus en plus pesants…. Peut-être est-ce un sentiment partagé ?

...est celle d’une blessure…

Nous avions coutume de nous rassembler quelques heures par mois pour lire ensemble des versets du Saint Coran et des paroles (hadith) du Prophète Muhammad, que la Paix et les Bénédictions d’Allah soient sur lui. Il y a eu ces éternels débats sur la licéité des deux euros gagnés par untel lors d’un pari sur un énigmatique match de foot du championnat d’une ancienne république soviétique, ou sur la coupe au gel d’un autre durant le ramadan… Et puis il y a eu ces longs moments de silence, à la lecture d’une parole de notre Prophète, qui vient nous rappeler, tel un miroir qui reflète nos âmes, à quel point nous sommes loin… Il y a eu aussi ces infinies discussions sur l’actualité, le dernier enchaînement direct-crochet-uppercut verbal d’un musulman sur le plateau de « Ce soir (ou jamais !) », et le dernier enchaînement girouette-galipette-courbette vénal d’un autre musulman sur le plateau de BFM TV.

Et puis ces caricatures… Ces caricatures qui, sous l’apparence d’une plume douce, drôle et rigolote, cache une flèche qui blesse, empoisonne, humilie, et qui résonne en nous comme l’ultime coup, qui vient écraser nos têtes, après avoir marché sur tout le reste de notre corps. Quel sera notre réaction ? Nous aurions pu brûler la moitié du parc automobile du quartier, ou aller en ville pour libérer cette colère sur le premier qui viendrait appuyer un peu plus fort sur notre tête. Mais… « La bonne action et la mauvaise ne sont pas égales. Repousse le mal par ce qui est meilleur, et voilà que celui qui te traitait en ennemi devient un ami intime. » (Coran S.41 V .34)

Hé, les frères, et si nous étions courageux ? Et si nous faisions le premier pas ? Et si nous commencions par nous changer nous-mêmes ? Quiconque a lu la vie de notre bien aimé Prophète Muhammad sait qu’il a subi de nombreuses épreuves mais qu’il a toujours réagi de la meilleure des manières : « J'ai été envoyé pour parfaire la noblesse du comportement. » Alors les frères, et si nous réagissions en… musulman ? Il ne s’agira pas de tendre l’autre joue, mais peut-être de répondre par un sourire. Il ne s’agira pas non plus de nous renier, car nous voulons être fiers de qui nous sommes et d’où nous venons, mais il s’agira de devenir. Nous ne retirerons pas nous-mêmes les étiquettes que nous avons collées sur le front, notre espoir est que vous venez à notre rencontre, pour les retirer vous-mêmes.

...et d'une guérison

Notre réponse sera celle-ci : que la poésie réponde à la caricature ! Nous organisons un concours national de poésie sur le Prophète Muhammad. Il semblerait qu’il eut été prouvé et éprouvé que celui qui sème le vent, récolte la tempête. Qu’en est-il de celui qui sème l’amour ? Alors musulmans et musulmanes, amoureux et amoureuses du Prophète, prenez votre plus belle plume, et la plus belle sera la plus sincère, puis déclarez lui votre amour. On dit que la poésie est l’art dans lequel excellaient les Arabes, voici peut-être un double honneur que de faire l’éloge du Prophète dans cet art.

Vous connaissez peut-être l’histoire du compagnon, qu’Allah l’agrée, Ka’b Ibn Zuhayr? Il était un grand poète, surement l’un des plus grands de son temps. Ka’b employait son art pour se moquer du Prophète Muhammad et de sa religion. Plus tard, lorsque Ka’b se convertit à l’islam, il composa un poème d’une grande beauté faisant l’éloge de celui qui sera dorénavant pour lui « l’envoyé de Dieu ». On dit que suite à sa récitation, le Prophète lui offrit son manteau. Nous connaîtrons dès lors ce poème comme celui dit « du manteau ». Malheureusement, nous ne pourrons vous offrir un si somptueux cadeau, mais nous offrirons à l’amoureux, auteur de la plus belle déclaration d’amour plus beau poème, un voyage de 15 jours à Médine et à la Mecque, pour une rencontre spirituelle avec son bien-aimé. « Un amoureux, une déclaration, un voyage… »

Oui, nous aimons notre Prophète. Oui, les caricatures et la stigmatisation incessante de notre religion nous blessent. Mais, non, le musulman ne saurait être un tueur, mais il saura être un poète.

Je vous disais que cette histoire avait commencé sous un ciel nuageux, elle se terminera sous un soleil radieux…. inchaAllah.

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Jérémy Payet est secrétaire général et cofondateur de l’association « L’Olivier », à Arbent (Ain) qui organise du 1er juin au 6 juillet un concours de poésie sur le Prophète Muhammad ouvert à tous. Le (ou la) gagnant(e) repartira avec la possibilité d'accomplir un petit pèlerinage (omra). Pour en savoir plus sur ce concours, la page Facebook de l'association.






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