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Quand les « Talents des cités » se retrouvent à l’Elysée

| Vendredi 18 Novembre 2005 à 18:35

           

Jacques Chirac a reçu, vendredi, onze lauréats nationaux du concours « Talents des cités ». Visiblement soucieux de donner une image plus positive des cités, il s’est longuement entretenu avec ces jeunes au parcours exemplaire.



Quand les « Talents des cités » se retrouvent à l’Elysée
Le chef de l'Etat a dialogué à l'Elysée pendant plus de deux heures avec les onze lauréats du concours "Talents des cités", créé en 2002 pour récompenser les créateurs d'entreprises ou d'associations dans les banlieues françaises. Les prix seront remis aux neuf lauréats samedi au Sénat.

On peut y réussir à condition de le vouloir

S'adressant brièvement aux journalistes sur le perron de l'Elysée, Jacques Chirac entouré par les jeunes lauréats et les ministres Jean-Louis Borloo (Cohésion sociale) et Azouz Begag (Promotion de l'égalité des chances), s'est dit "très impressionné" par leur parcours. Surtout, il a "constaté (...) qu'il y a tout de même un formidable élan, dont nous pouvons être fiers, de solidarité, de création, de dynamisme, de générosité, d'énergie dans beaucoup de cités (...) On peut y réussir à condition de le vouloir". "Il y a des talents. C'est dans ces cités qu'il y a une grande partie du bouillonnement du pays", a souligné de son côté Jean-Louis Borloo. "Le seul problème c'est que c'est enfermé sur soi alors qu'il faut que ce soit une fluidité sur tout le pays".

Un signe fort

"C'était un signe fort de la part du président de la République de nous accueillir aujourd'hui", s'est félicitée Louisa Benzaïd, 33 ans, qui a créé un salon de thé dans la zone franche urbaine de Woippy (Moselle).
"Le président a été très à l'écoute" et il a en particulier "été très sensible à la question des discriminations". Selon Mme Benzaïd "il (Jacques Chirac) était conscient des discriminations à l'embauche, mais une fois à l'intérieur des entreprises, il ne se doutait pas qu'il existait encore ce genre de malaise". La discussion a également abordé les façons de "conserver les talents dans les cités" pour "éviter que les gens partent pour faire leur vie ailleurs dès qu'ils ont les moyens de les quitter".

Etait également présent, Mustafa Yildiz qui, à 25 ans, a déjà créé son entreprise dans le BTP, spécialisée dans l'électricité, dans le quartier "Palmer" à Cenon (banlieue de Bordeaux).
D'origine turque, il dit, sur le perron de l'Elysée: "Un Turc ? on pense qu'il doit toujours être un ouvrier. Moi, j'ai arrêté et j'ai voulu monter ma propre entreprise". En moins d'un an d'activité, il a déjà embauché trois jeunes de son quartier, à temps partiel pour le moment. A vingt ans, il avait déjà créé une association dans son quartier pour proposer des activités culturelles et sportives aux plus jeunes.
Il comprend "ceux qui ont eu la rage et fait les violences" des dernières semaines. "Mais ceux qui se révoltent légitimement parce qu'ils ont cherché à s'en sortir et n'y arrivent pas, on les oublie au profit des jeunes qui cassent pour casser". Issues du quartier "les Salines" à Ajaccio, Carine Cabos-Chelle et Carole Guillou (âgées de 23 ans), ont associé leurs talents pour créer l’entreprise de télé-secrétariat, Medic'phone, s'adressant aux professions médicales ou paramédicales. Ou encore Laury Golliet et Mélanie Taleb. Elles ont 25 ans. L'une est styliste, l'autre s'occupe de gestion commerciale et leur entreprise, Lamda, elles l'ont installée à Villeneuve, une zone franche urbaine (ZFU) de Grenoble.

Il y a plein de gens qui nous bluffent par leurs talents

Mamadou Beye, 34 ans, titulaire d'une maîtrise de sociologie et d'un 3e cycle en ressources humaines, fait partie des trois lauréats de la catégorie "Emergence", ceux qui sont porteurs d'un projet, d'une idée, quel que soit son état d'avancement. Les autres lauréats font partie de la catégorie "Création": eux ont déjà développé leur association ou leur entreprise. Son idée, créer une entreprise d'insertion de travail temporaire mais qui aura une forte vocation sociale (suivi des missions, formations complémentaires, etc.). Il a derrière lui toute une expérience associative qui visait, par exemple, à réinsérer des publics fragilisés. Il a confiance en l'avenir: "dans les cités, dit-il, il y a plein de gens qui nous bluffent par leurs talents, leurs compétences. Mais la société française ne sait pas les exploiter".

Ils attendent de la République des réponses

Pendant ce temps, le Dominique de Villepin était en visite à Strasbourg pour le 60e anniversaire de l’ENA. Lors de son discours devant les élèves, il a reconnu que la fermeté était la "réponse indispensable de la République" face aux "actes d'une violence inouïe" commis dans les banlieues. Mais il a rappelé que "l'immense majorité" des habitants des cités "ne veulent pas être stigmatisés par leur appartenance à ces quartiers" et refusent que leur quartier "soit frappé d'un sceau d'infamie". Evoquant son déplacement mardi à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Dominique de Villepin a observé que les habitants des banlieues entendent "être reconnus pour ce qu'ils sont". "Ils attendent de la République des réponses", a-t-il dit, rappelant les mesures annoncées pour le logement, l'éducation et l'emploi.





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