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Société

Présidentielle 2017 : une marche de la « pleine citoyenneté » de Bordeaux à Paris

Rédigé par | Jeudi 9 Mars 2017 à 13:35

           

L’Association Mémoires et Partages localisée à Bordeaux est à l’origine de « La Grande Marche » pour une France de pleine citoyenneté pour tous qui se déroulera de Bordeaux à Paris entre le 18 mars et le 1er avril. Rencontre avec l’initiateur de cette marche, l’activiste bordelais Karfa Diallo.



Karfa Diallo, fondateur de l'association Mémoires et partages, est à l'initiative de la Grande Marche de la citoyenneté entre Bordeaux et Paris. © Saphirnews.com
Karfa Diallo, fondateur de l'association Mémoires et partages, est à l'initiative de la Grande Marche de la citoyenneté entre Bordeaux et Paris. © Saphirnews.com
« La France est issue d’une multitude d'histoires venant des quatre coins du monde. La France est riche de ses histoires et de ses habitants. » Ce point, inscrit dans les premières lignes du manifeste « Pour une France de "Pleine citoyenneté pour tous" », répond aux discours politiques véhiculés durant cette campagne pour la présidentielle de 2017.

Karfa Diallo, militant depuis une vingtaine d’années à Bordeaux, a été heurté lorsque, un soir des débats de l’élection primaire de la droite et du centre, l’ensemble des candidats a nié le caractère multiculturel de l’Hexagone. « C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il y a une rétractation autour d’un mythe inexistant, celui d’une France catholique et blanche », s’indigne ce responsable associatif, rencontré vendredi 17 février à Paris.

Des hommages en cours de route

Du 18 mars au 1er avril, son association Mémoires et Partages organise une « Grande Marche » pour une France de pleine citoyenneté pour tous. La marche consiste à remonter de Bordeaux jusqu’à Paris en traversant une douzaine de lieux de mémoire « représentatifs de la mémoire nationale ». Chaque étape démarrera devant une gare et sera suivie d’une marche d’une dizaine de kilomètres jusqu’au lieu symbolique.

Au programme, il y aura une visite à Blaye (Gironde), une commune qui a connu une catastrophe nucléaire à la suite de la grande tempête de 1999. Un hommage sera rendu à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), théâtre d’un massacre durant la Seconde Guerre mondiale. Même chose à Poitiers dans un ancien camp de concentration tzigane, puis un camp de prisonniers où a été enfermé le poète et ex-président du Sénégal Léopold Sédar Senghor, alors tirailleur pour la France. Les marcheurs iront ensuite saluer la mémoire de Jeanne d’Arc à Bourges ; visiter le musée mémorial des enfants du Vel d’Hiv à Orléans, et la prison du philosophe de la Révolution française, Nicolas de Condorcet, à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine).

Un modèle français « imparfait mais à défendre »

La Grande Marche aura pour point d’arrêt des endroits marqué par l’actualité récente, comme à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en guise de soutien à Théo, victime de violences policières en février dernier, mais aussi à Poissy (Yvelines) pour les usines PSA ou à Magnanville (Yvelines) où un couple de policiers a été assassiné en 2016. La place de la République, à Paris, sera le terminus hautement symbolique de cette marche qui s’achèvera le 1er avril par un concert. Un cahier regroupant les doléances d'acteurs associatifs et de citoyens rencontrés à chaque étape de la marche sera finalisé, en vue d'être remis aux candidats à la présidentielle.

Mobilisée sur les questions mémorielles, l’association n’en oublie pas pour autant les enjeux actuels. « Les périodes électorales sont toujours des moments où on s’est manifesté d’une manière ou d’une autre pour défendre des points de vue ou des valeurs. L’année 2017 est le constat d’une offre politique extrêmement médiocre. Il y a la menace du populisme de l’extrême droite », nous explique son fondateur. Pour Karfa Diallo, « nous avons un modèle français qui n’est pas parfait mais que nous devons défendre ».

« Ne pas voter, c’est s’exposer au pire du pire »

A quelques semaines des scrutins présidentiel puis législatif, il plaide pour un engagement électoral massif de citoyens prônant une France inclusive. « Il faut aller voter parce que le droit de vote est un acquis. Par respect de l’engagement et du sacrifice de ces femmes et des ces hommes, il est important d’exercer nos droits. Et cela même si l’offre politique n’est pas satisfaisante », estime Karfa Diallo.

« Si on ne vote pas, ceux qui portent des valeurs qui sont à l’inverse des nôtres sont assez organisés pour aller voter. Le vote reste le moyen le moins imparfait pour choisir nos dirigeants, changer la société, faire des lois... Ne pas voter, c’est pire que de choisir de voter pour le moins pire des candidats, car c’est s’exposer au pire du pire », en l’occurrence l’extrême droite. Craignant de voir « l’Europe aux mains des populistes », il affirme la nécessité d’une prise de pouvoir « par le bas ». « Nous devons continuer nos engagements associatifs qui sont les plus déterminants car ils permettent à la société de tenir, mais il ne faut pas pour autant qu’on méprise le vote. »





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