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Religions

Pour un Islam du Coeur

Rédigé par Bamba Amara | Mercredi 9 Avril 2003 à 00:00

           

Dans les annales du scoop médiatique français, l’Islam Politique l’emporte sur l’Islam Spirituel. Tout mouvement islamique se trouve ainsi, bon gré mal gré, assimilé à un mouvement ouvertement ou implicitement politique. Le spectre du « Jihad » est vite dégainé, précédé de la nébuleuse « charia » et suivi de la redoutable « fatwa » devenue synonyme de « condamnation à mort injuste ». Ces vocables estropiés de leurs sens véritables sont décorés du discours moyenâgeux d’Imams virulents propres à inquiéter le citoyen non averti, y compris dans l’enceinte des mosquées.



Dans les annales du scoop médiatique français, l’Islam Politique l’emporte sur l’Islam Spirituel. Tout mouvement islamique se trouve ainsi, bon gré mal gré, assimilé à un mouvement ouvertement ou implicitement politique. Le spectre du ' Jihad ' est vite dégainé, précédé de la nébuleuse ' charia ' et suivi de la redoutable ' fatwa ' devenue synonyme de ' condamnation à mort injuste '. Ces vocables estropiés de leurs sens véritables sont décorés du discours moyenâgeux d’imams virulents propres à inquiéter le citoyen non averti, y compris dans l’enceinte des mosquées.

Par zèle mal placé ou par réaction de légitime défense, certains musulmans s’évertuent à démontrer, oh combien ! l’Islam n’est rien de plus que démocratique. D’autres musulmans que le chercheur nomme adroitement ' éradicateurs ', sous le prétexte de la laïcité ou par ' devoir citoyen ', s’escriment à gommer toute référence à la pensée islamique dans notre société au point d’infiltrer, d’espionner avant de dénoncer, sans vergogne aucune, des leaders de groupuscules dont la dangerosité aurait curieusement échappé à la vigilance de la DST. En vérité, les enchères montent toujours très vite au marché des perversions.

Rectifier Une Perversion de l’Histoire
' Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ' disent tous les Evangiles canoniques (excepté l’Evangile de St Jean). Cette injonction biblique précède ainsi de plusieurs siècles la ' Séparation de l’Eglise et de l’Etat ' que le clergé n’avait point respectée. A l’inverse, dans l’imaginaire collectif des musulmans, ' César et ce qui est à César ' appartiennent tous les deux à Dieu. D’où la tendance du musulman à participer à la vie de la cité en s’inspirant des valeurs éthiques et des enseignements spirituels de l’Islam qu’il considère universels.

Historiquement, sur les vingt-trois années de sa mission, les treize premières années du Prophète de l’Islam, à la Mecque dans une position de minorité démographique, furent essentiellement marquées par son enseignement spirituel. Les dix années suivantes, passées à Médine en situation de majorité démographique, furent dominées par l’installation, la protection et l’organisation politique et sociale de la première communauté. De sorte que la gestion de l’Etat intervint après que les cœurs aient été imbibés des valeurs éthiques et spirituelles dans le cheminement vers l’Amour de Dieu. Pourtant, de nos jours, avant d’en arriver à l’Amour de Dieu, l’objet même de l’enseignement spirituel islamique, le néophyte se heurte d’abord au bouclier du revêtement politique. Un rempart dont les douleurs de l’Histoire coloniale et les déflagrations de l’actualité ont fardé toute approche de l’Islam. En dehors des cercles souvent fermés du soufisme, peu de gens, y compris des musulmans, associent désormais Islam à une voie d’épanouissement spirituel. La dénature est de nature profonde.

PSM (Participation et Spiritualité Musulmanes) s’est progressivement constituée en association loi 1901, après de nombreuses années d’activités informelles commencées dans les années 90. Son but dès sa création fut d’œuvrer à restaurer cette distorsion d’image qui accable l’Islam en France en revenant au modèle de la fraternité et de la recherche de l’Amour de Dieu dont les premiers compagnons du Prophète ont donné l’exemple.

La Participation Musulmane
' Je comprends que l’on puisse nous associer aux mouvements soufis, explique Mr Khermimoun Vice-Président de PSM-Ile de France. Nous avons le plus grand respect pour l’héritage soufi. Mais nous nous démarquons des soufis par notre implication et notre participation à la vie sociale. ' Par des conférences, des tables rondes thématiques, l’association contribue à la réflexion sur les sujets de sociétés tels que l’Enfance Aujourd’hui. Par l’organisation de sorties estivales, l’animation d’activités ludiques pour les jeunes, PSM mène des actions de loisirs éducatifs. Ses ateliers de calligraphie et de théâtre sont des occasions d’expression artistique. Les femmes au foyer tiennent des rencontres qui sont des moments d’échanges humains et de véritables moments d'écoute psychologiquement bénéfiques. Néanmoins le Mouloud, commémorant la naissance du Prophète de l’Islam, les retraites spirituelles, les concerts de chants religieux tiennent une place de choix dans le panel d’activités initiées par l’association. Ce qui ne l’empêche pas d’être présente à des forums associatifs régionaux et nationaux.

De l’avis de Mr Khermimoun, ' le musulman doit se mêler à la société avec un projet d’Amour. Une vraie fraternité : la fraternité abrahamique, une miséricorde pour l’humanité toute entière qui englobe la fraternité islamique. ' C’est pourquoi PSM milite pour un retour au modèle prophétique de ' l’amour et de la fraternité en Dieu '. Ce retour est estimé urgent en raison de l’atomisation de nos sociétés où l’égoïsme s’oppose au renforcement voire à l’établissement de vraies relations fraternelles entre les croyants. Avec modestie mais avec conviction, le dirigeant de PSM soutient que le renouveau de l’Islam passe par ' le souci de l’autre. C’est le meilleur remède contre l’individualisme '. ' La Lettre de PSM ', l’organe d’information de l’association, se conforme aussi à cette ligne éditoriale.

La Spiritualité Musulmane
L’exercice spirituel du dhikr souvent désigné comme ' le rappel ' est central dans la vie spirituelle du musulman. ' La foi en Dieu est comparable à un vêtement. Elle s’use comme le vêtement s’use. D’où la nécessité de se ressourcer pour nourrir sa foi', explique Mr. Khermimoun avant de résumer un hadith rapporté par Abou Horeira, l’un des proches compagnons du Prophète : ' Un jour, dit-il, un compagnon du Prophète (pbsl) vint trouver d’autres compagnons et leur dit avec empressement que certains autres compagnons étaient en train de se partager l’héritage du Prophète dans la mosquée. Ahuris par cette nouvelle, les fidèles se précipitèrent à la mosquée dans l’espoir d’avoir l’honneur de recevoir une partie de l’héritage du Prophète. A leur surprise, il n’y trouvèrent que des groupes de compagnons en réunion de dhikr et d’autres groupes en réunion de lecture coranique '. Puis, le Vice Président de PSM-Ile-de-France de s’interroger : ' quel héritage le Prophète (Pbsl) nous a-t-il laissé qui soit préférable au dhikr et au Saint Coran ? '

Les rencontres de PSM prévoient des ' assises d’évocation de Dieu ' ou dhikr. Ce sont des séances de méditation au cours desquelles chacun invoque de manière répétitive Le Nom de Dieu en orientant son cœur vers Lui. L’association encourage vivement ses membres à rechercher la Face de Dieu par la persistance dans le dhikr. Elle édite des prospectus expliquant que ' la présence à Dieu doit être une identité du candidat à une présence pour Dieu.' L’accent est particulièrement mis sur l’importance de la ' bonne compagnie ' et les membres sont incités à lier des relations d’amitié sur la base de la piété. Car, selon PSM : ' plus l’ami intime est proche de Dieu, plus sa compagnie rapproche de Dieu '

PSM et Le CFCM
Comme bien d’autres associations, PSM n’a pas été concertée sur la constitution du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM). L’édition de février 2002 de ' La lettre de PSM ' est consacrée à cette question. Elle regrette la précipitation et la confusion dans le débat sur les conditions du choix des représentants des musulmans en France.

PSM estime que ce projet est annoncé de manière précoce pour les musulmans en France. Car, explique ' La Lettre de PSM ' : ' il s’agit d’une communauté qui vient, à l’échelle communautaire, de s’installer en France et dont les générateurs, à majorité des travailleurs immigrés, ne possèdent guère les moyens nécessaires pour comprendre, suivre et inter-agir avec la nouvelle société '. L’association pense que ' l’Istichâra (Ndr : la consultation) aurait pu être une occasion d’entamer un débat de fond sincère et objectif sur l’Islam en France '

Certes, la tendance spirituelle de l’Islam est représentée au sein du CFCM par le Sheik Bentounès de la lignée du Sheik Al Alawi. Il demeure le grief que ce choix du Ministre de l’Intérieur, conforte l’idée que l’Islam en France n’a droit de cité qu’en rapport à un rattachement à des sources extérieures à l’Hexagone. Une ' importation ' qui contribue à minimiser à défaut de pouvoir nier le poids auquel PSM est en droit de prétendre.





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