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Société

Pour ses 20 ans, le Secours Islamique France à la conquête du grand public

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Mardi 26 Juin 2012 à 10:26

           

Des tentes en plein Paris. Le Secours Islamique France (SIF) a installé son village humanitaire sur le parvis de la gare Montparnasse samedi 23 juin et dimanche 24 juin. Pour ses 20 ans, le SIF a choisi d'aller à la rencontre du grand public. Chacun a été invité à découvrir les nombreuses missions que l'organisation a pu mener durant deux décennies. Le SIF, qui intervient dans de très nombreux pays, s'impose comme une ONG française d'envergure et veut le faire savoir.



Pour ses 20 ans, le Secours Islamique France à la conquête du grand public
« Le SIF, après 20 ans, avait besoin d'avoir une image auprès du grand public. Nous avons une bonne pénétration dans une partie de la population française que l'on appelle "communautaire" et à l'occasion de nos 20 ans nous avons décidé d'aller à la rencontre du grand public », explique Rachid Lahlou, le président fondateur du SIF.

L'ambition de ce campement en plein cœur de la capitale en ce week-end des 23 et 24 juin vise donc à accroître la notoriété de l'ONG. « L'essentiel pour nous est de s'afficher pour que le grand public nous voit, de manière intéressée et banale, comme un acteur de l'humanitaire. Pour que les gens s'habituent à voir le SIF », ajoute M. Lahlou.

Solidarité en France et à l'international

Pour se faire connaître, quatre grandes tentes ont été installées.

Dans la première tente intitulée « Itinéraire humanitaire », l'histoire du SIF est retracée à travers les grandes crises humanitaires qui jalonnent son histoire. Au centre de la tente, ces crises sont symbolisées par des boîtes en carton, empilées les unes sur les autres et traçant un parcours d'un événement à l'autre...

Sur chaque carton, une date et un titre inscrits font référence à une crise humanitaire de grande ampleur pour laquelle le SIF a mené des actions : comme en 1996, lors de la guerre en Tchétchénie ; en l'an 2000, lors de l'Intifada en Palestine ; et plus récemment, en Tunisie et en Libye, après la chute de Ben Ali et de Moubarak en 2011.

Dans la deuxième tente « Actions en images », quatre espaces ont été délimités pour mettre en valeur des champs d'action majeurs du SIF, à savoir l'accès à l'eau, la solidarité en France, l'enfance et la sécurité alimentaire.
Sur quatre écrans distincts, les vidéos des actions menées sont diffusées, à l'instar de celle qui porte l'accès à l'eau montrant l'installation d'un puits au Tchad. Une manière pour les (potentiels) donateurs de voir concrètement à quoi peuvent servir leurs dons.

Dans la troisième tente du village humanitaire nommée « Place aux idées », des débats sont organisés autour des enjeux de l'humanitaire. Une thématique sur Haïti : deux ans après a permis ainsi de faire le point sur la situation du pays après le séisme de 2010, où le SIF avait distribué 40 % de l'eau potable provenant des ONG.

Sous la quatrième tente « Actions en jeux », plusieurs animations pour les enfants sont proposées comme une petite épicerie solidaire tenue par Dalila. La jeune bénévole, qui œuvre au SIF depuis six mois, nous indique que l'animation prend modèle sur la vrai épicerie solidaire ouverte les lundis et jeudis au siège du SIF à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis. « Les familles, des bénéficiaires suivis par des assistants sociaux, viennent faire leur course normalement mais, au final, ils ne dépensent que 10 % du coût total de leur panier de courses. Le reste est pris en charge par le SIF », explique Dalila. « On vend de tout. Cela va de l'alimentaire aux produits d'hygiène mais sans aller dans l'excès et en respectant un équilibre alimentaire sain. Il n'y a pas de glaces ni de produits trop sucrés en vente, par exemple », précise-t-elle.

Une Pakistanaise membre d'un village où le SIF intervient, l'une des photos de l'exposition « L’épreuve de la vie, les preuves du courage », de Vali Faucheux.
Une Pakistanaise membre d'un village où le SIF intervient, l'une des photos de l'exposition « L’épreuve de la vie, les preuves du courage », de Vali Faucheux.

Au plus près des démunis

A l'extérieur, d'autres animations « ludiques » sont également proposées comme le parcours de l'eau où le visiteur est invité à porter plusieurs litres d'eau sur un parcours de 20 m pour se rendre compte de la vie difficile des enfants tchadiens habitués à parcourir 20 km pour aller chercher de l'eau aux puits.

C'est aussi à l'extérieur que les visages de l’exposition photographique « L’épreuve de la vie, les preuves du courage » de la photographe humanitaire Vali Faucheux scrute le public. L'expo permet de découvrir le quotidien de personnes touchées de plein fouet par une épreuve. Le sourire d'une Pakistanaise d'un village en pleine reconstruction après un séisme et celui d'un SDF français profitant d'un repas offert par le SIF durant le mois du Ramadan témoignent d'actions opérées au plus près d'une population en difficulté. Les photos ont été prises dans cinq zones d’intervention du SIF : Haïti, Pakistan, Tchad, Territoires occupés palestiniens et France.

De la collecte de fonds au terrain

Le SIF s'est donc imposé, aujourd'hui, comme un acteur de l'humanitaire intervenant aux quatre coins du globe. Pourtant, à sa création fin 1991, le SIF était juste un « bureau de collecte», explique Salah Benzine, le responsable des relations donateurs du SIF. L'association dépendait d'Islamic Relief Worldwide, une ONG britannique pour laquelle le SIF agissait en tant que « fundraiser », collecteur de fonds.

Progressivement, l'augmentation du nombre de donateurs, la meilleure qualité de sa communication et la création d'un site Internet vont accompagner le succès du SIF. « Et 2007 fut une période charnière. Le SIF devient un acteur de terrain et plus seulement un collecteur de fonds. Depuis, nous ne dépendons plus d'Islamic Relief mais nous en sommes partenaires et nous sommes à présent amenés à travailler ensemble sur le terrain », raconte M. Benzine.

« Cette autonomie financière a pu se faire grâce à notre notoriété et à notre force de collecte car nous étions, avec les États-unis, les premiers collecteurs de fonds d'Islamic Relief, qui possède plusieurs bureaux de collecte dans le monde. Le creux juridique nous a aussi permis de devenir autonome car certains projets de waqf (aumône continue) ne pouvaient pas être investis en Grande-Bretagne », explique-t-il. Aujourd'hui, cette indépendance permet au SIF d'être plus « réactif », juge Salah Benzine.

Vingt ans se sont écoulés depuis les débuts du SIF. « C'est l'âge adulte », note M. Lahlou. Maintenant, « on va essayer d'être encore mieux ; d'apporter plus d'aides à plus de population dans le monde », ajoute-t-il.

L'enfance, une priorité : 22 000 enfants sont bénéficiaires des programmes du SIF

Le président du SIF attend de dévoiler les prochaines orientations du SIF pour le mois de décembre, « après les 20 ans ». Pour l'heure, on note qu'une place importante est donnée aux enfants. Dans le village humanitaire, la tente réservée aux animations pour ces derniers est la plus grande. Le but : « Sensibiliser les plus jeunes au monde de demain qui devrait être plus difficile à vivre », explique Samira Alaoui, la chargée de communication du SIF. « 22 000 enfants dans le monde bénéficient des programmes du SIF », indique-t-elle.

Cinq projets majeurs visent à rendre leur vie plus facile : le projet parrainage d'orphelins, le programme de repas laits et biscuits enrichis à Gaza pour lutter contre la malnutrition, la réhabilitation d'écoles au Pakistan, la lutte contre l'abandon d'enfants en Haïti et la mise en place de centres d'accueil après l'école pour protéger les enfants de la violence des rues en Cisjordanie.

Dans la tente d'animations, une petite fille a pris place dans la mini-école du Sud reconstituée. Plus loin, sous la tente Place aux idées, dans le cadre d'un débat intitulé « Priorités à l'enfance : protéger, nourrir et éduquer », une vidéo du SIF a montré des enfants pakistanais ramasser papiers et plastiques au milieu d'une décharge pour les vendre. Habitant dans des bidonvilles, ils ne vont pas à l'école.

Lavinia suit attentivement le récit. Pendant sa pause, elle a été attirée par le campement du SIF. « C'est très intéressant, cela fait réfléchir sur beaucoup de choses », note l'enseignante d'anglais qui ne connaissait pas l'ONG.

Comme elle, d'autres personnes vont pouvoir découvrir le SIF qui a prévu d'installer son village humanitaire, à Lyon, les 7 et 8 juillet, à Saint-Denis, les 8 et 9 septembre, à Bordeaux, les 15 et 16 septembre, et à Marseille, les 22 et 23 septembre. 






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