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Nacer Meddah, de l'ex-« élève méritant » au poste de préfet du 93

Rédigé par pouf.badaboum@gmail.com | Dimanche 11 Janvier 2009 à 00:00

           

Nacer Meddah, 49 ans, a gravi les échelons de l'administration sans passer par la case grande école. Aussi fier d'être né dans le Pas-de-Calais que de ses origines kabyles, il prendra ses fonctions de préfet de Seine-Saint-Denis le 19 janvier.



Né dans un baraquement ouvrier près d'Arras, ce fils d'Algériens arrivés en France dans les années cinquante fut en 2006 le deuxième fonctionnaire issu de l'immigration à décrocher un poste de préfet, dans l'Aube, après Aïssa Dermouche en 2004.
A Paris, « on me dit : bon courage, comme si j'allais en pénitence », remarque amusé l'actuel conseiller du coordonnateur du renseignement à l'Elysée, dans son bureau du prestigieux hôtel Marigny. Aller à Bobigny « est un privilège », affirme-t-il.

« Je suis un laïc »

« Si je peux aider la Seine-Saint-Denis à sortir de ses clichés, je serai content », « je veux valoriser ce département et montrer qu'il ne se réduit pas à l'image du 93, qu'il y a des gens exceptionnels. Il n'est pas le seul département à connaître des difficultés. On doit être fier d'y habiter », expose le haut fonctionnaire, affable et volontaire.
« Fierté », le mot revient à l'évocation de ses origines kabyles mais aussitôt il ajoute : « je suis tout aussi fier de mon attache à la région Nord-Pas-de-Calais », « ça me structure ». Il y conserve famille et amis, est un supporter du Racing club de Lens.
Félicité comme « préfet musulman » par des associations musulmanes, il rectifie : « je suis un laïc », « pas croyant et encore moins pratiquant ».
Etre étiqueté comme un exemple de politique de promotion de la diversité ne le gêne pas : « je voudrais donner confiance à ceux qui ont des interrogations », « que l'on dise qu'il n'y a rien de surprenant à voir un Nacer Meddah préfet, que cela devienne banal ».
Entré comme attaché dans l'administration en 1984, il dit y avoir été toujours été « jugé aux résultats ».
Orphelin de père, benjamin d'une famille de quatre enfants élevés « par une mère courage comme il y en a beaucoup », Nacer Meddah a été « ce qu'on appelait un élève méritant », envoyé l'année du baccalauréat au lycée français de Londres.
Encouragé par le service des Pupilles à poursuivre ses études, il prend un poste de maître d'internat, après de nombreux petits boulots (« jardinier, aide-cuisinier, bibliothécaire, magasinier »), passe Licence d'Histoire et Deug de droit.
A la Défense, puis au Trésor, il dit apprendre « à connaître très rapidement » les « codes » des élites travaillant dans les ministères, les « réseaux ». Marié à une juge, il est père de deux adolescentes.

« Un challenge de plus »

« On met en avant mes origines kabyles mais ma vraie originalité, ce sont mes 30 ans d'expérience dans des environnements très différents », insiste Nacer Meddah en égrenant sa carrière, « tout sauf linéaire » : jamais plus de trois ans à un poste, d'importants dossiers (affaires européennes, entreprises publiques), des rencontres « avec des hommes qui comptent », comme Philippe Seguin, dont il fut le secrétaire général adjoint à la Cour des comptes.
La Seine-Saint-Denis est « un challenge de plus ». « Je serai attentif aux autres », « disponible » mais, ajoute-t-il sur un ton déterminé, « je parlerai un langage de vérité, l'Etat doit faire respecter son autorité, il y a des droits et des devoirs ».

Dimanche 11 janvier 2009
Source : Dernières Nouvelles d'Alsace




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