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Psycho

Myriam : « Mon mariage me tue ! »

Rédigé par Lalla Chams En Nour | Samedi 11 Janvier 2014 à 06:00

           


J’ai 28 ans et je suis convertie depuis l’âge de 15 ans. J’ai eu une enfance assez spéciale avec des parents faisant partie d’une secte et deux frères schizophrènes. J’ai coupé les ponts avec ma famille mécréante au cœur fermé, et je me suis investie dans l’islam, ce qui m’a beaucoup aidée à vivre et à me sortir d’une vie qui ne me correspondait pas du tout !

À cet âge-là, j’ai rencontré mon premier mari, converti lui aussi depuis peu et avec qui j’ai vécu 10 ans très heureuse. Ce mariage est devenu bancal et j’ai tout fait avec mon mari pour le sauver (psychothérapie, etc.). Malheureusement, tout s’est soldé par un divorce lorsque j’ai découvert par hasard que mon mari me trompait depuis trois ans avec plusieurs femmes et assistait en toute hypocrisie à nos séances avec le psychologue !

Mon mari m’a avoué ensuite être trop lâche pour me proposer le divorce. Le mariage représentait un poids trop lourd pour lui et il voulait vivre une vie frivole mais sans me perdre car, selon lui, j’étais la femme parfaite...

J’étais totalement effondrée, J’ai donc lu le Coran et découvert qu’il est impossible de guider celui qu’on aime car Allah guide qui Il veut... Et qu’Allah n’aime pas les hypocrites, etc.

À la veille du Ramadan, j’ai donc pris la décision de me séparer de mon mari, que j’aimais plus que tout, puisqu’il était égaré et que, malgré tous mes efforts, je n’arrivais pas à le guider.

J’ai ensuite rencontré un nouvel homme que j’avais perdu de vue depuis 15 ans environ et qui avait été mon premier amour de jeunesse. J’ai partagé du temps avec cet homme qui s’est converti à l’islam quelques mois après nos retrouvailles et m’a demandée en mariage. Ce que j’ai accepté pour Allah car je ne me sentais pas très bien avec cet homme, mais il me promettait beaucoup de projets constructifs pour un couple et une vie spirituelle épanouie.

Sa conversion et sa demande en mariage m’ont éblouie et laissé croire qu’il serait un homme bon. Malheureusement, il avait beaucoup de défauts (moi aussi, bien sûr, je ne le nie pas) et le principal était celui d’être beau-parleur.

Il s’est avéré égocentrique, égoïste, profiteur et surtout très borné, l’esprit étroit, pas du tout attentionné et très dur avec moi ! Après 2 mois de mariage, je me sens tellement seule dans mon couple et lui n’arrête pas de me dire qu’il deviendra meilleur, car je parle beaucoup avec lui et lui explique comment fonctionne un couple en islam.

Malheureusement, je pense profondément qu’il n’est pas en mesure de changer, car il a même vu un psy pendant des mois et rien n’a changé ! Il pense qu’il évolue et n’a pas conscience que rien ne change. Il se ment à lui-même, se voile la face constamment et je souffre tellement.

Je n’ai plus la force de l’aider et je me rappelle qu’Allah guide qui Il veut, alors nous ne pouvons pas faire grand-chose pour nous en sortir !

J’étais pleine de joie de vivre, souriante et très appréciée par mon entourage pour ma bonne humeur et mon optimisme à toute épreuve et mon mari est tellement sinistre et monotone. Il ne sourit jamais et « négativise » tout constamment, il est anxieux et défaitiste, pessimiste et tout ce qu’il donne envie est de se suicider tellement on se pose la question du sens d’une vie aussi triste, sans goût, sans saveur.

Je pensais que cela changerait, car il me le promettait, il me disait que c’était le temps de s’adapter à notre nouvelle vie, etc. Mais, en fait, je ne le supporte plus.

Je suis l’ombre de moi-même. Je deviens méchante avec mon mari et je le déteste de me faire autant souffrir, je n’arrive plus à me montrer patiente, nous n’avançons pas, nous ne construisons rien ensemble. J’ai envie de rencontrer un autre homme qui assumera les devoirs d’un mari puisque le mien sait ce qu’il faut faire mais ne le fait pas.

Je lui demande le divorce comme une libération et lui me répond qu’il ne veut pas me perdre et qu’il est désolé de me faire souffrir. La discussion ne va pas plus loin. Il m’oblige à être dépressive et hystérique, mais ne me rend pas ma liberté. Je pense qu’il a un problème psy et je ne veux pas de cette vie-là. Je veux redevenir cette femme que j’étais, quitte à vivre seule toute une vie : peu m’importe, je veux juste être heureuse !

Il ne cesse de me promettre que tout va aller mieux, mais il n’a jamais aucun argument, il n’y a jamais de concret, même pas de geste tendre pour m’aider à supporter la situation alors que je continue d’accomplir mes devoirs d’épouse envers lui pour l’amour d’Allah. Je m’occupe de mes devoirs et des siens. Je fais tout pour notre foyer, notre couple, notre vie et lui ne fait rien, à part promettre.

Ai-je le droit de divorcer ? Est-ce que c’est un péché de ne pas trouver assez de force pour deux ? Est-ce qu’en essayant de sauver mon bien-être vital, je me montre égoïste ? Je me sens mourir à petit feu ! Mon mariage me tue ! Mon mari est incompréhensible ! J’en deviens dingue !

J’aimerais qu’il s’en aille et me laisse tranquille. Mais il est tellement profiteur qu’il ne sait même pas se débrouiller tout seul Je n’en peux plus, je souhaite parfois qu’il meurt, je sais je suis horrible mais, à la base, je ne suis pas comme ça ! Je ne sais pas comment me débarrasser de mon mal-être ! Il représente tout ce que je déteste !

J’ai envie de me faire interner en hôpital psychiatrique pour retrouver la sérénité ! Il me pourrit la vie ! Je me demande tous les jours s’il a un cerveau ou s’il est stupide… Je n’arrive pas à cerner son but et ses objectifs ! Lui non plus apparemment, mais rien ne l’aide !

Mon devoir est-il de rester avec mon mari ? Je pourrais faire tellement de bonnes actions si je retrouvais mon bien-être ! J’étais si généreuse et aimante avant de le rencontrer mais, là, il me vide de toutes mes forces et je n’ai plus l’énergie d’entretenir de relations en société. Je suis vide et morte de l’intérieur.

Qu’est-ce que je dois faire pour m’en sortir, en restant dans l’agrément d’Allah ?

Lalla Chams en Nour, psychanalyste

Chère Myriam,

Permettez-moi de vous dire que votre lettre semble déjà contenir la solution à votre problème. Vous nous posez une question que vous avez déjà résolue une fois, en divorçant de votre premier mari. N’est-ce pas ?

Une chose m’interroge cependant dans le cas de votre second mari : il s’agit, dites-vous, d’un premier amour retrouvé après 15 ans. Une personne que vous connaissiez bien, que vous avez fréquentée avant de l’épouser. Avec qui vous ne vous sentiez pas si bien que ça. Puis vous avez été éblouie, écrivez-vous.

Permettez-moi de vous citer les Dialogues avec l’Ange : « L’ange éclaire et le diable fascine. » Alors, cet homme, dont vous semblez découvrir seulement maintenant les défauts ? Et que vous dites abhorrer aujourd’hui ?

Nous avons tous tendance, au début d’une histoire d’amour, à embellir l’être aimé, à le parer de toutes les qualités, bref, à l’idolâtrer. À le voir comme on voudrait qu’il soit.

En découvrant sa face sombre, on tombe de haut, alors qu’il n’est, comme chacun de nous qu’un humain. Ma question : le prenez-vous en grippe parce qu’il ne correspond pas à votre rêve ? Ou bien sinon, peut-être est-ce lui qui a besoin d’un séjour en hôpital psychiatrique, réservé à ceux qui perdent pied avec la réalité ?

Un conseil, peut-être : ne vous mentez pas à vous-même, et soyez cohérente à chacun de vos choix. Je sais, c’est difficile, mais Il est là pour nous aider, il suffit de Lui demander, à Lui…

La meilleure manière d’entrer en contact avec Lui, c’est de passer par votre intuition, la voie du cœur, pas celle de la tête et des intérêts. Je vous souhaite le bon choix.

La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?

Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
Contactez-les (anonymat préservé) : psycho@saphirnews.com





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