En avril dernier, le président américain Barack Obama a nommé une femme musulmane qui porte le hijab (le foulard islamique) au poste de conseillère aux affaires religieuses. Cette nomination est devenu un sujet brûlant en Europe, où cela a engendré à la fois des questions mais aussi de l’espoir quant à une plus grande participation des musulmanes européennes dans la vie politique.
Sur les 20 millions de musulmans vivant en Europe, 12 millions sont des femmes. Ces musulmanes sont diverses du point de vue social, économique, ethnique et politique mais elles sont toutes sujettes à cette même discrimination à facettes multiples, qui les voit comme « celles qui viennent d’une minorité ethnique », « celles qui sont privées de leurs droits » et même, « celles qui représentent une menace potentiellement radicale ». Les musulmanes d’Europe sont souvent stéréotypées comme étant les victimes de mariages forcés, de violences domestiques et de crimes d’honneur.
Cependant, un nombre croissant de ces femmes – en particulier celles qui ont grandi en Europe – parlent désormais de liberté et de religion, d’égalité de droits et de diversité et luttent contre la discrimination qui émane des communautés musulmanes aussi bien que des communautés non-musulmanes.
Elles ont notamment commencé à revendiquer le droit à un espace égal dans les mosquées et l’accès à la même formation religieuse que reçoivent les hommes. En effet, la majorité des étudiants dans les instituts d’études islamiques – qui ont fait leur apparition dans les grandes villes européennes au cours de ces dix dernières années – sont actuellement des femmes qui cherchent à connaître leurs droits religieux afin de pouvoir défendre leur statut au sein de leur propre communauté.
Par conséquent, les musulmanes commencent à trouver des solutions aux problèmes qui se posent à elles dans leur communauté. L’an dernier, un groupe de quatre associations musulmanes, créées récemment, a lancé le programme « Joining Hands Against Forced Marriages » (Joignons nos mains contre les mariages forcés) dans différentes villes d’Europe, dont Bruxelles, Paris, Madrid, Londres, Berlin, Bologne et Rotterdam. Ces groupes dont le but est d’instaurer un dialogue, ont réuni des imams, des parents, des enfants et des responsables municipaux pour expliquer aussi bien aux musulmans qu’aux non-musulmans que l’islam interdit ces pratiques.
En même temps, les musulmanes souffrent d’une discrimination qui est due à l’incompréhension de la société non musulmane qui les entoure – à l’école, dans les centres sanitaires et sociaux, au sein des partis politiques ou auprès des agences immobilières. Ainsi, les discours officiels définissant le port du foulard comme le symbole de l’oppression de la femme ont pour conséquence que l’on critique les femmes qui se voilent dans les lieux publics car on trouve qu’en agissant ainsi elles consentent à la domination masculine.
Si la discrimination a conduit certaines femmes à se mettre en retrait de la société, la plupart essaient de s’y faire une place en investissant de nouvelles voies : les médias et le secteur privé. Des revues comme le magazine anglais Emel ou encore MWM en France offrent une autre vision de la femme musulmane en visant un public qui ne s’arrête pas aux musulmans. Créer leur propre mode islamique ou leurs propres sociétés de bio-cosmétiques est une manière pour les musulmanes d’Europe d’échapper à la discrimination au niveau du marché du travail.
Au Danemark, les femmes musulmanes ont franchi les obstacles avec l’aide du gouvernement et de la société. Après la controverse des caricatures en 2005, les musulmanes sont devenues plus nombreuses dans la vie politique du pays. On compte également une présentatrice de télévision, et une joueuse au sein de l’équipe nationale de football. Etonnamment, toutes portent le hijab. C’est à travers des modèles positifs d’identification comme ceux-ci que les femmes musulmanes sont en train de développer aujourd’hui leur confiance en elles-mêmes.
La discrimination que subissent les musulmanes d’Europe devrait être combattue par l’usage d’une approche multidimensionnelle incluant le développement de leurs connaissances au niveau de leurs droits, l’augmentation de leur participation dans les médias et dans les institutions publiques et enfin la création de partenariats entre musulmans et non-musulmans ainsi qu’entre hommes et femmes.
La façon dont les musulmanes profitent de leur environnement européen pour revendiquer leurs droits est révélateur du fait que les identités féministes, religieuses et ethniques sont en train de changer. En exigeant l’égalité de leurs droits et l’accès à la sphère publique, ces femmes sont en train de confronter les responsables politiques au besoin d’adapter leurs stratégies à un contexte qui est en train de s’étendre rapidement en termes de diversité.
Les responsables politiques doivent changer la façon dont ils perçoivent les musulmanes – de l’image d’immigrées aux valeurs anti-européennes devant « s’intégrer », ils doivent passer à celle de résidentes et citoyennes actives, visibles, voulant se sentir en sécurité, travaillant et s’éduquant. La discrimination contre les femmes musulmanes – qu’elle vienne des communautés musulmanes dans lesquelles elles sont élevées ou de la société qui les entoure – doit devenir une question d’intérêt général pour le développement d’une Europe plus cohésive.
* Amel Boubekeur est professeure associée au Carnegie Middle East Center à Beyrouth.
Sur les 20 millions de musulmans vivant en Europe, 12 millions sont des femmes. Ces musulmanes sont diverses du point de vue social, économique, ethnique et politique mais elles sont toutes sujettes à cette même discrimination à facettes multiples, qui les voit comme « celles qui viennent d’une minorité ethnique », « celles qui sont privées de leurs droits » et même, « celles qui représentent une menace potentiellement radicale ». Les musulmanes d’Europe sont souvent stéréotypées comme étant les victimes de mariages forcés, de violences domestiques et de crimes d’honneur.
Cependant, un nombre croissant de ces femmes – en particulier celles qui ont grandi en Europe – parlent désormais de liberté et de religion, d’égalité de droits et de diversité et luttent contre la discrimination qui émane des communautés musulmanes aussi bien que des communautés non-musulmanes.
Elles ont notamment commencé à revendiquer le droit à un espace égal dans les mosquées et l’accès à la même formation religieuse que reçoivent les hommes. En effet, la majorité des étudiants dans les instituts d’études islamiques – qui ont fait leur apparition dans les grandes villes européennes au cours de ces dix dernières années – sont actuellement des femmes qui cherchent à connaître leurs droits religieux afin de pouvoir défendre leur statut au sein de leur propre communauté.
Par conséquent, les musulmanes commencent à trouver des solutions aux problèmes qui se posent à elles dans leur communauté. L’an dernier, un groupe de quatre associations musulmanes, créées récemment, a lancé le programme « Joining Hands Against Forced Marriages » (Joignons nos mains contre les mariages forcés) dans différentes villes d’Europe, dont Bruxelles, Paris, Madrid, Londres, Berlin, Bologne et Rotterdam. Ces groupes dont le but est d’instaurer un dialogue, ont réuni des imams, des parents, des enfants et des responsables municipaux pour expliquer aussi bien aux musulmans qu’aux non-musulmans que l’islam interdit ces pratiques.
En même temps, les musulmanes souffrent d’une discrimination qui est due à l’incompréhension de la société non musulmane qui les entoure – à l’école, dans les centres sanitaires et sociaux, au sein des partis politiques ou auprès des agences immobilières. Ainsi, les discours officiels définissant le port du foulard comme le symbole de l’oppression de la femme ont pour conséquence que l’on critique les femmes qui se voilent dans les lieux publics car on trouve qu’en agissant ainsi elles consentent à la domination masculine.
Si la discrimination a conduit certaines femmes à se mettre en retrait de la société, la plupart essaient de s’y faire une place en investissant de nouvelles voies : les médias et le secteur privé. Des revues comme le magazine anglais Emel ou encore MWM en France offrent une autre vision de la femme musulmane en visant un public qui ne s’arrête pas aux musulmans. Créer leur propre mode islamique ou leurs propres sociétés de bio-cosmétiques est une manière pour les musulmanes d’Europe d’échapper à la discrimination au niveau du marché du travail.
Au Danemark, les femmes musulmanes ont franchi les obstacles avec l’aide du gouvernement et de la société. Après la controverse des caricatures en 2005, les musulmanes sont devenues plus nombreuses dans la vie politique du pays. On compte également une présentatrice de télévision, et une joueuse au sein de l’équipe nationale de football. Etonnamment, toutes portent le hijab. C’est à travers des modèles positifs d’identification comme ceux-ci que les femmes musulmanes sont en train de développer aujourd’hui leur confiance en elles-mêmes.
La discrimination que subissent les musulmanes d’Europe devrait être combattue par l’usage d’une approche multidimensionnelle incluant le développement de leurs connaissances au niveau de leurs droits, l’augmentation de leur participation dans les médias et dans les institutions publiques et enfin la création de partenariats entre musulmans et non-musulmans ainsi qu’entre hommes et femmes.
La façon dont les musulmanes profitent de leur environnement européen pour revendiquer leurs droits est révélateur du fait que les identités féministes, religieuses et ethniques sont en train de changer. En exigeant l’égalité de leurs droits et l’accès à la sphère publique, ces femmes sont en train de confronter les responsables politiques au besoin d’adapter leurs stratégies à un contexte qui est en train de s’étendre rapidement en termes de diversité.
Les responsables politiques doivent changer la façon dont ils perçoivent les musulmanes – de l’image d’immigrées aux valeurs anti-européennes devant « s’intégrer », ils doivent passer à celle de résidentes et citoyennes actives, visibles, voulant se sentir en sécurité, travaillant et s’éduquant. La discrimination contre les femmes musulmanes – qu’elle vienne des communautés musulmanes dans lesquelles elles sont élevées ou de la société qui les entoure – doit devenir une question d’intérêt général pour le développement d’une Europe plus cohésive.
* Amel Boubekeur est professeure associée au Carnegie Middle East Center à Beyrouth.