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Société

Manifestation pour Adama Traoré : paroles de manifestants

Rédigé par | Lundi 7 Novembre 2016 à 17:30

           

Un millier de personnes ont défilé samedi 5 novembre pour réclamer justice pour Adama Traoré, mort lors de son interpellation par des gendarmes à Beaumont-sur-Oise le 19 juillet. Saphirnews a donné la parole aux manifestants présents.



C'est autour du slogan « Justice pour Adama » qu'un millier de personnes ont manifesté dans les rues de la capitale parisienne. © Saphirnews.com
C'est autour du slogan « Justice pour Adama » qu'un millier de personnes ont manifesté dans les rues de la capitale parisienne. © Saphirnews.com
La mobilisation autour du cas d’Adama Traoré continue. Une dizaine de jours après le dépaysement de l’affaire du tribunal de Pontoise au tribunal de Paris, une manifestation parisienne s’est tenue samedi 5 novembre au centre de la capitale à laquelle environ un millier de personnes d’horizons diverses se sont déplacés.

La mort de l’homme de 24 ans en juillet dernier a suscité une vague de protestations, de même qu'un mouvement autour du slogan « Justice pour Adama ». Dans le cortège, se trouvaient des jeunes de banlieue à l’image de Christopher, 19 ans, qui participait là à sa première manifestation à Paris. « Cela aurait pu être nous. Ce n’est pas la première fois que ça arrive, c’est triste de voir que ça continue », explique le jeune homme originaire de Villiers-le-Bel (Val d'Oise), qui avait participé à la marche blanche en l’honneur de Moushin et Laramy lorsqu’il avait 9 ans. « Par tous les moyens, on essaye de faire changer les choses même si, à la fin, les policiers ne sont pas condamnés. Il y a bien un jour où on va réussir. Enfin on l’espère » conclue-t-il.

Les féministes révolutionnaires à la manifestation en faveur d'Adama Traoré. © Saphirnews.com
Les féministes révolutionnaires à la manifestation en faveur d'Adama Traoré. © Saphirnews.com

La convergence des luttes en action

Parmi les manifestants, on pouvait observer une forte présence de jeunes mais ils n’étaient pas tous issus de quartiers défavorisés. On peut noter celle de collectifs antifacistes, de féministes révolutionnaires mais aussi de syndicats lycéens et étudiants. La plupart d'entre leurs membres s’étaient engagés lors du mouvement social contre la Loi travail. Ils protestaient en partie contre les abus des forces de l’ordre.

Rim, 22 ans, membre du bureau national de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), estime que la mort d’Adama Traoré « met en relief ce qu’on dénonce, c’est-à-dire tout ce qui a trait au contrôle au faciès ainsi que les bavures policières ». Par ailleurs, selon l’étudiante, cette affaire entre dans le débat sur les revendications d’assouplissement des conditions du port d’armes par les policiers et de l’usage de la légitime défense.

Danielle Simmonet, élue du Parti de gauche au Conseil de Paris, a aussi rejoint les rangs de la contestation. Elle a dénoncé une affaire « scandaleuse et inacceptable », jugeant que le rôle des forces de l’ordre est de « garantir la sûreté, la sécurité de tous les concitoyen(ne)s ». Elle n’épargne pas non plus l’ex-procureur du tribunal de Pontoise, Yves Jannier « qui a des comptes à rendre » pour son rôle trouble dans l’enquête.

La famille de Lamine Dieng de tous les combats

La fin tragique d’Adama Traoré est en de nombreux points similaire à celle de Lamine Dieng mort dans un fourgon de police en 2007 Depuis, Ramata Dieng, sa sœur, se mobilise à chaque nouveau cas de mort suspecte liée à une intervention de police.

La fondatrice du collectif Vies volées déclare que son frère « a été tué par compression thoracique et crânienne, Adama a subi les mêmes méthodes. Nous nous battons pour sensibiliser la population sur ces violences policières. Ce ne sont pas des accidents, cela arrive souvent, minimum une fois par mois en moyenne. Il faut faire en sorte que les policiers ne soient pas au-dessus des lois et jugés comme n’importe quel citoyen ». Optimiste, elle juge que, « dans le cas d’Adama, la vérité a été révélée et médiatisée rapidement ». Elle pointe du doigt le fait qu’il y ait des Blancs qui sont aussi victime de ces violences « mais ce sont des gens qui sont tués ou blessés parce qu’ils contestent le pouvoir, contrairement aux Noirs et aux Arabes qui sont tués pour ce qu’ils sont et non ce qu’ils font ».

Des membres du collectif Pas sans nous © Saphirnews.com
Des membres du collectif Pas sans nous © Saphirnews.com

« Nous devons tous lever le poing en l’air et réclamer la justice »

Une partie de la communauté malienne s’est mobilisé pour soutenir les Traoré, originaires du Mali où Adama a été enterré. Le Haut Conseil des Maliens de l’extérieur a dépêché une délégation. Le Malien le plus célèbre de France, Lassana Bathily, héros de l’Hypercasher, naturalisé en 2015, était là.

Pour lui, « ce n’est pas une seule communauté qui est concernée par ce qui est arrivé. Nous devons tous lever le poing en l’air et réclamer la justice ». Plusieurs personnalités se sont engagées lors des trois derniers mois afin de soutenir la cause de la famille Traoré. Le rappeur Médine, militant acharné, s’est déplacé depuis Le Havre spécialement pour l’occasion. « Je suis là pour rappeler que ce n’est pas un problème de Francilien ou de Parisien. Malheureusement, les violences policières touchent tout l’Hexagone », témoigne-t-il. Le Havrais n’est pas le seul provincial à s’être rendu à Paris. Une délégation du collectif national Pas sans nous, qui vient de lancer un fonds pour une démocratie d'initiative citoyenne, a donné de la voix samedi. « On vient de Toulouse, Mulhouse, Aix-en-Provence, Roubaix, Marseille, Dijon ou autres. Nous agissons dans les quartiers, nous sommes contres les injustices donc c’est naturel qu’on positionne ici », explique la Toulousaine Leila.

La Brigade anti-négrophobie (BAN), membre du collectif Black Lives Matter France, en lien avec le mouvement afro-américain fermait la marche qui allait de la place du Châtelet à la place de la République. Pour Franco, le porte-parole de la BAN, « ce qui se passe aux Etats-Unis est spectaculaire mais c’est pas pour autant que ça n’a pas de lien avec ce qui se passe ici ». Il espère pouvoir donner un écho international à la lutte contre les abus de la force publique contre « ceux qu’on aime à appeler les minorités ».





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