Chef radical, milice armée jusqu’aux dents sous ses ordres, cauchemar américain, ennemie de la liberté des irakien… Ce haut dignitaire irakien déchaîne les passions, ennemie incontestée de la présence américaine sur le sol irakien, Moqtada el Sadr subit un matraquage médiatique. Il est toutefois une voix très écoutée en Irak.
Ces derniers temps, Nadjaf fait la une de tous les journaux. Le monde entier est braqué sur cette ville Sainte où repose l’imam Ali. Et pour cause, elle abrite l’homme redouté du gouvernement américain ainsi que du premier ministre ' par intérim ' de l’Irak, Ilyad Allaoui. Cet ancien de la CIA, n’a certainement pas la côte auprès de son peuple. Autrefois amis du dictateur déchu, Saddam Hussein, il a rejoint les services secrets américains après une altercation avec ce dernier. Personnage ambigu, il est placé au pouvoir par l’administration Bush sans concertation avec le peuple.
Moqtada el Sadr est son pire ennemie. Contrairement à Iyad Allaoui, il a toujours été un dissident au dictateur Saddam. Son père, Mohammad Al Sadr haut dignitaire chiite, a été assassiné par Saddam Hussein. Un an plus tôt, Raphaël Pelseny, un de nos collaborateurs à Saphirnet.info, a rencontré un des porte-parole du mouvement de Moqtada El Sadr, Cheikh Jafar Al Yakoubi. Dans cet entretien, les grandes lignes du programme du responsable politique étaient alors mises en avant.
' Tout d’abord pourquoi Moqtada Al Sadr a-t-il refusé de rejoindre le gouvernement transitoire ?
Le peuple irakien ne veut pas d’une instance qui ne les représente pas et qui n’a pas été élue par eux-mêmes. MAS est irakien et souhaite que les irakiens choisissent eux-mêmes leur régime de façon démocratique. Ce serait donc une contradiction totale s’il avait été membre du conseil transitoire.
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A propos du programme de Moqtada Al Sadr : création de deux états séparés ?
Si les américains ont été capables de créer un conseil, nous aussi sommes capables de créer un conseil du point du vue théorique et ce de façon démocratique selon la volonté du peuple irakien. Nous pensons à un système de fédération qui favoriserait nos frères kurdes.
Mais allez-vous le faire ?
Si les circonstances nous sont favorables et si il y a une réponse des autres partis.
Quels seraient les autres partis prêts à vous rejoindre ?
Nous sommes prêts à coopérer avec tous les partis qui refusent à coopérer avec ce conseil, par exemple les partis islamiques chiites et sunnites, les chefs de tribus, même d’autres religions. Aujourd’hui, nous sommes en pourparler avec des chefs de tribus sunnites.
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L’appel au djihad est-il quand même possible ?
L’appel au djihad est une chose très grave et Moqtada Al Sadr ne prendra jamais l’initiative de le faire. Seul un marja peut lancer cet appel. Jamais Moqtada Al Sadr ne prendra ce droit. Cette décision ne proviendrait que d’un haut dignitaire chiite.
A propos de l’établissement théorique du conseil, sera-t-il placé sous la charia ?
La majorité des irakiens sont musulmans. Ce n’est pas notre volonté d’instaurer une république islamique, mais ce sera selon celle du peuple irakien qui est musulman.
Notre volonté est non pas comme en Iran de placer un religieux à la tête du pays, mais de placer la constitution sous la charia. Les autres confessions et nationalités auront tous leur place au sein de ce conseil. Elles auront les mêmes droits et les mêmes devoirs que tout autres irakiens. '
Pour l’entretien au complet : http://www.saphirnet.info/article_736.html