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Sur le vif

#LibéRacisme, réponse à une chronique islamophobe qui choque

Rédigé par | Mercredi 9 Décembre 2015 à 08:00

           


#LibéRacisme, réponse à une chronique islamophobe qui choque
« La femme voilée du métro. » Ce fail paru sur Libération lundi 7 décembre a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. La chronique, qui décrit le trajet d’une femme en « abaya couleur corbeau » sur la ligne 4, celle qui « coupe la jugulaire de la capitale dans la peine », est jugée islamophobe et sexiste.

Et pour cause : la femme en question est présentée comme « la sœur désolée et désolante des beurettes sonores et tapageuses qui égaient les soirées RATP » et dont les « abominables pervers de l’Occident décadent » ne rêveraient « paraît-il, que de dénuder ce corps réservé à un seigneur et maître, réel ou spirituel, qui tient ses pouvoirs d'accaparement du Dieu unique à la féroce jalousie ».

Plus encore, la jeune femme, qu’il place dans la catégorie des « asservies volontaires », est grimée en supposée terroriste, avec un sac qui pourrait être « farci de TNT ». « Si l’œil du voisin de strapontin se fait inquisiteur, ce n’est pas pour pincer le bourrelet charmeur mais pour palper la possibilité d’une ceinture de chasteté explosive », lit-on encore.

Un auteur qui se revendique « religiophobe »

La chronique, présentée comme « une recension des craintes réelles et fantasmées comme des répulsions laïques déclenchées par une passagère dans une rampe d'après-attentats », est signée Luc Le Vaillant qui se trouve être le responsable de la rubrique Portraits. Face aux critiques, le directeur du journal Laurent Joffrin – remarqué pour son billet élogieux fin novembre en faveur dudit imam de Drancy Hassen Chalghoumi, « surtout critiqué par les intégristes » - a réagi mardi 8 décembre, en estimant que « l'accusation de racisme ou de sexisme qui court ici et là est évidemment ridicule quand on connaît un tant soit peu notre chroniqueur et notre journal ».

L’auteur « a mis en scène des fantasmes et des inquiétudes qui courent dans la société » et son billet est « restitution littéraire et ironique de préjugés et d’angoisses qu’il se reproche lui-même, comme il l’écrit, d’avoir ressentis ». Les chroniques « n’engagent pas le journal au même degré qu’un éditorial ou un article d’information », précise-t-il. « Si des lecteurs ont été blessés par ce texte, nous en sommes désolés. »

De nombreux journalistes ont en parallèle fait part de leur désapprobation sur le contenu de la chronique, par le biais de la Société des journalistes et du personnel de Libération (SJPL). Certains se sont offusqués sur les réseaux sociaux du hashtag tendance #LibéRacisme qui tend à associer toute la rédaction aux propos d'un auteur qui se revendique volontiers « islamophobe », comme « cathophobe » et « judéophobe ». « En un mot, je suis religiophobe. C’est mon côté Femen… », avait-il signé en août 2013 dans une chronique appelé « Islamophobie voltairienne ». Des mots répétés dans un billet après les attentats de janvier où il déclare en vouloir aux musulmans même s'il sait qu'ils n'y sont pour rien dans ces événements... Ce qui n'empêche pas de l'écrire dans sa « Lettre à un musulman pratiquant ».

La chronique sur « la femme voilée du métro » demeure toujours en ligne, sans précisions particulières apportées en amont ou en fin de texte après la polémique, constate-t-on mercredi matin.* Si une chronique d'opinion engage effectivement davantage l'auteur que le journal, ce dernier a tout de même des responsabilités : celui de ne pas accepter des tribunes qui font le lit des amalgames et du racisme.

*Mise à jour : La présentation a été davantage mise en exergue.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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