Connectez-vous S'inscrire

Religions

Les fédérations font front commun autour du CFCM pour lancer l’Association pour le financement du culte musulman

Rédigé par | Lundi 9 Juillet 2018 à 20:50

           

La création de l'Association pour le financement et le soutien au culte musulman (AFSCM), sous l'égide du Conseil français du culte musulman (CFCM), a été actée samedi 7 juillet par l'ensemble des fédérations musulmanes de France, qui refusent de voir naître une structure similaire dont elles n'ont pas la main et qui, à terme, les affaiblirait grandement.



Les fédérations font front commun autour du CFCM pour lancer l’Association pour le financement du culte musulman
L’ensemble des fédérations musulmanes de France* ont acté, à l’unanimité, le lancement d’une association pour le financement du culte musulman à l’issue d’une réunion organisée samedi 7 juillet à la Grande Mosquée de Paris, apprend-t-on lundi 9 juillet. Son nom : l’Association pour le financement et le soutien au culte musulman, sous l’acronyme AFSCM, placée sous l'égide du Conseil français du culte musulman (CFCM) présidé actuellement par Ahmet Ogras.

Selon les statuts de la structure en cours de création – qui seront déposés à la préfecture « à la fin du mois de juillet » selon nos sources – et que Saphirnews a pu consulter, l’AFSCM a « pour objet exclusif l’exercice du culte musulman en France en finançant ou en soutenant les activités à caractère cultuel ».

Sont définis comme axes « la construction, l’aménagement, l’équipement, et la rénovation de mosquées et de salles de prière », « la formation théologique du personnel religieux et des responsables d’associations cultuelles », « une participation à la rémunération, aux indemnités et aux charges de formation, et qu’aux cotisations sociales du personnel religieux » ainsi qu'« un appui juridique, technique et à maîtrise d’ouvrage aux associations porteuses d’un projet de construction ou de rénovation de lieux de culte ».

« Refléter la diversité du culte musulman en France »

« Sa mise en place sera réalisée dans les plus brefs délais, après consultation des CRCM et des représentants régionaux des fédérations, ce à quoi s’était engagé le CFCM », précise un communiqué de l’instance parvenu à la rédaction. Le travail de fond s'agissant des modalités concrètes de contributions auprès de l’association commencera véritablement « à partir de septembre », indique Anouar Kbibech auprès de Saphirnews. Le choix des personnalités qualifiées qui y siégeront devra également être acté lors de ce second semestre de l'année 2018.

Outre le collège des membres de droit, composé des six membres issus de la présidence collégiale du CFCM, et le collège des fédérations et des Grandes Mosquées composé des 20 membres, le Conseil d’administration de l’AFSCM sera en effet complété par un collège des 15 personnalités qualifiées qui seront élues pour deux ans par les deux autres collèges.

Sa composition « vise à refléter la diversité du culte musulman en France », lit-on dans les statuts. Au total, ils seront 41 à siéger dans l’organe. Enfin, le bureau exécutif, élu par le CA, sera composé entre 11 et 15 membres « pour un mandat de six ans, renouvelable ». « Nous nous sommes donnés 15 jours pour que les fédérations (de même que le CA du CFCM et les CRCM, ndlr) entérinent définitivement l’accord », indique Amar Lasfar, président de Musulmans de France.

Un CFCM sous pression

Face à la pression qu’exerce l’Etat mais aussi les musulmans sur l’avenir même du CFCM, un sursaut de la direction de l’instance était nécessaire. L'annonce du jour intervient après l'annonce, fin juin par Place Beauvau, des Assises territoriales sur l'islam de France mais aussi après la divulgation, récemment dans Le Monde, d’une note élaborée, entre autres, par Hakim El Karoui proposant la création d’une Association musulmane pour l’islam de France (AMIF) qui serait « composée et dirigée par des Français de confession musulmane, revendiquant une "neutralité" face aux différents acteurs » et qui serait, elle aussi, chargée de collecter des fonds pour financer la construction et l’entretien des lieux de culte, le salaire et la formation des imams, un travail théologique ou encore des actions de lutte contre l’islamophobie et l’antisémitisme.

« Le principe autour duquel on s’est retrouvé, c’est de lancer une association cultuelle de financement par les musulmans, pour les musulmans », indique Anouar Kbibech, président du Rassemblement des musulmans de France (RMF) auprès de Saphirnews, qui préfère éluder la proposition de Hakim El Karoui. « Notre démarche ne se positionne pas par rapport à ce qui se fait, et ceci sans préjuger de ce qui va se passer », note-t-il.

Même son de cloche pour Amar Lasfar, qui préfère rappeler les propos de Bernard Cazeneuve en 2016, à l’occasion d’une instance de dialogue consacrée au financement. « Il a dit qu’il revient exclusivement aux musulmans et à leurs associations représentatives, de créer une association cultuelle » dédiée au financement, signale le président de Musulmans de France, qui se réjouit de la création de l’AFSCM.

De g. à dr. : Anouar Kbibech, Dalil Boubakeur et Amar Lasfar.
De g. à dr. : Anouar Kbibech, Dalil Boubakeur et Amar Lasfar.

« L’Etat n’a pas à s’ingérer dans les affaires du culte musulman »

« L’Etat a le droit d’interpeller les musulmans sur l’organisation de leur culte. Mais il n’a pas à s’ingérer dans les affaires du culte musulman, c’est aussi ça, la laïcité. Bien sûr, nous comptons sur la bienveillance des pouvoirs publics pour permettre la réussite de notre mission », nous affirme-t-il, estimant que le fait que l’Etat soit absent dans la structuration de l’association est « un des gages » garantissant son succès futur. « Les musulmans seront plus enclins à nous faire confiance car (l’AFSCM) sera entre les mains des fédérations, ce qui rend fort et crédible l’initiative », ajoute-t-il.

Quid de la Fondation des œuvres de l’islam de France (FOIF) - sur un modèle similaire à l’AFSCM - qui n’a jamais fonctionné ? « Il ne tient qu’à nous de la faire réussir et de ne pas tomber dans les mêmes travers », répond Amar Lasfar.

Tout reste encore à faire car, sans capitaux financiers, l’AFSCM ne sera, ni plus ni moins, qu’une coquille vide. Mais pour Anouar Kbibech, « nous partons avec un capital confiance auprès des acteurs du hajj et du halal » auprès de qui la structure tirera une bonne partie de son budget de fonctionnement. « Des discussions devront être engagées avec les contributeurs financiers de sorte à créer des partenariats win-win. Ils viendront alors à nous », plaide Amar Lasfar. Les enjeux sont nombreux et l'obligation de résultats tangibles se fait pressante. Le plus dur est donc à venir.

*Les fédérations qui ont entériné l’accord de principe concernant l’AFSCM sont le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), la Confédération islamique Milli Görüs (CIMG France), la Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA), Foi et Pratique, la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris (FNGMP), la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), Musulmans de France, le Rassemblement des musulmans de France (RMF), l’Union des mosquées de France (UMF) de même que la Grande Mosquée de Saint-Denis de la Réunion (AISD).

Lire aussi :
Des assises territoriales de l’islam de France annoncées par le ministère de l'Intérieur
Ce qu’il faut savoir sur la Fondation pour l’islam de France
Les financements sur la table de l'instance de dialogue avec l'islam, le dernier du quinquennat


Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !