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Le procès des caricatures s’est ouvert ce mercredi 7 février

Rédigé par Fouad Bahri | Mercredi 7 Février 2007 à 17:12

           

Ce procès oppose la Grande Mosquée de Paris et l’UOIF à l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo pour sa publication, l’an dernier, de deux caricatures danoises et d’un dessin de Cabu, jugés insultants. L’écrivain tunisien Abdelwahab Meddeb a témoigné, à la barre, son soutien à l'hebdomadaire français tandis que le Père Michel Lelong a défendu la démarche des instances musulmanes. Les interventions de François Bayrou et François Hollande sont également attendues au tribunal de Paris.



Philippe Val à la sortie de la première audience de son procès contre les caricatures.
Philippe Val à la sortie de la première audience de son procès contre les caricatures.
La tension était palpable à l’audience, ce matin, dans le procès qui se joue actuellement entre les représentants du culte musulman et Charlie Hebdo. Ce procès, qui fait suite à la publication, l’année dernière, des caricatures danoises par l’hebdomadaire satirique, concerne le chef d’accusation d'« injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion ».

Les membres du Conseil français du culte musulman (CFCM) reprochent au journal et à son directeur Philippe Val, la publication de deux caricatures - l’une représentant le Prophète avec une bombe au dessus de son turban, l’autre le montrant en train de refuser l’accès au Paradis à des musulmans pour manque de femmes vierges - et d’un dessin de Cabu, qui avait fait la une de l’hebdomadaire.

Charlie Hebdo, qui invoque la liberté d’expression dans cette affaire, a fait comparaître en sa faveur Abdelwahab Meddeb, l’écrivain tunisien, qui a estimé « qu’il était important qu’un musulman dénonce l’islamisme radical ».

Interrogé par notre rédaction, Philippe Val, qui se déclare très satisfait par la tournure de cette audience, estime que ce n’est ni l’islam, ni le Prophète qui sont visés par ces dessins : « Il a bien été expliqué tout au long des débats qu’il s’agit bien des extrémistes et non des musulmans, et c’est essentiel pour nous. »

Un argument rejeté par les responsables du culte musulman. Pour Fouad Alaoui, vice-président de l’UOIF, « c’est le Prophète de l’islam qui a été représenté dans ces dessins. Si l'on avait voulu s’en prendre à ce que l’on appelle l’intégrisme, c’est une autre figure qui aurait été choisie ».

Les plaignants rejettent également l’argument selon lequel ils voudraient limiter la liberté d’expression. C’est l’avis du représentant de la Grande Mosquée de Paris : « Il ne s’agit pas de cela. Nous n’attaquons pas l’ensemble des caricatures, mais seulement ces deux caricatures qui sont insultantes. »

La lettre de Sarkozy

Au-delà de ces positions respectivement marquées, mais notoires, deux éléments imprévus ont marqué cette première matinée d’audience. Le premier est la reconnaissance par Abdelwahhab Meddeb du caractère outrageant et insultant de la caricature présentant le Prophète avec une bombe.

Interrogé par l’avocat de Charlie Hebdo sur le caractère insultant ou non de ce dessin, l’écrivain, venu soutenir l’hebdomadaire a néanmoins répondu par la positive. Il pourrait s’agir du premier revers pour la défense.

Le second élément est la lettre de Nicolas Sarkozy, publiée à Charlie Hebdo d’aujourd’hui, dans laquelle il soutient le journal. Le ministre de l’Intérieur y reprend sa fameuse déclaration selon laquelle « il vaut mieux un excès de liberté qu’un excès de censure. »

Cette prise de position en faveur du journal a été lue au cours de l’audience mais n’a pas été prise en compte par le juge, ce document n’ayant pas été présenté conformément à la procédure. Il confirme néanmoins le malaise qui existe aujourd’hui entre le ministre des cultes et les représentants de l’islam de France qui lui reprochent d’avoir manqué à ses devoirs de réserve.

Pour le vice-président de l’UOIF, « il y a une ambigüité entre le candidat à l’élection présidentielle et le ministre des Cultes. La question qui se pose est en tant que quoi cette intervention de Nicolas Sarkozy se pose. Elle n’a jamais été présentée comme un témoignage puisqu’en tant que ministre, il a besoin d’un accord pour le faire. Mr Sarkozy fait un très mauvais calcul dans cette affaire car il ne s’agit pas ici de la liberté d’expression. Il devra assumer cette position ».

En attendant la suite des plaidoiries et les déclarations attendues de François Bayrou et de François Hollande, qui soutiennent Charlie Hebdo, les deux parties se déclarent confiantes sur l’issue du procès et s’en remettent toutes deux au juge.





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