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Société

Le nouvel an musulman

Rédigé par Bamba Amara | Lundi 15 Mars 2004 à 00:00

           

Le dimanche 22 février 2004 était le premier jour de l’année 1425 de l’Hégire. Le calendrier hégirien, communément connu comme le « calendrier musulman », fut institué par le deuxième Calife de l’Islam, vers l’an 638 de l’ère chrétienne. Après une série de concertations, le Calife Oumar ibn Al-Khattab en vint à la conclusion que la Hijra, l’émigration clandestine du Prophète de l’Islam, était la date la plus appropriée pour marquer le départ d’un système de calendrier.



Le dimanche 22 février 2004 était le premier jour de l’année 1425 de l’Hégire. Le calendrier hégirien, communément connu comme le ' calendrier musulman ', fut institué par le deuxième Calife de l’Islam, vers l’an 638 de l’ère chrétienne. Après une série de concertations, le Calife Oumar ibn Al-Khattab en vint à la conclusion que la Hijra, l’émigration clandestine du Prophète de l’Islam, était la date la plus appropriée pour marquer le départ d’un système de calendrier.

Naissance d’un calendrier

Pour la communauté musulmane naissante, comme pour les autres communautés déjà constituées de l’époque, l’usage était de choisir un événement particulièrement important comme date de départ du système de calendrier. La Hijra, ce voyage du Prophète de l’Islam de la Mecque à Médine (alors appelée Yatrib) marque un point déterminant dans la formation de la communauté musulmane.

C’est une fois à Médine que le Prophète de l’Islam put véritablement jeter les bases de la première communauté musulmane dans un environnement social, économique et politique indépendant. A Médine, pour la première fois après treize années de prédication à la Mecque, le Prophète put librement livrer son enseignement spirituel tout en construisant des structures sociales fondées sur les principes de l’Islam, loin de la persécution directe de ses détracteurs. De l’importance de cette période dans la fondation de la communauté musulmane, la Hijra a été choisie comme l’événement marquant le point de départ du calendrier de référence de ces premiers Musulmans.

De nos jours, le calendrier hégirien est le calendrier officiel dans certains pays musulmans dont l’Arabie Saoudite. D’autres pays musulmans ont adopté le calendrier grégorien. Même dans ces derniers pays, les Musulmans continuent de se référer au calendrier hégirien durant les occasions religieuses.

Les mois du calendrier hégirien

Le nombre de mois aux yeux de Dieu est de douze. Ainsi a-t-Il décidé le jour où Il créa le Ciel et la Terre '. Ce verset 36 de la sourate IX du Coran établit le nombre des mois du calendrier hégirien. Une consigne qui sera renforcée par le Prophète de l’Islam lors de son discours d’adieu au cours duquel il rappellera le nombre de douze mois par an et il donnera des indications sur le caractère sacré de certains d’entre eux.

Le calendrier hégirien est un calendrier lunaire. Les mois comptent donc 29 ou 30 jours selon le moment d’apparition de la nouvelle lune. Ainsi, l’année hégirienne compte approximativement 354 jours. Soit près de 11 jours de moins que le calendrier grégorien d’usage en France. On assiste ainsi à un décalage régulier des saisons au cours des années de sorte que d’une année à l’autre, la même saison commence environ onze jours plus tard sur le calendrier.
A l’époque du Prophète, la vision du croissant lunaire à l’œil nu déterminait du début du mois. Mais de nos jours, des calculs assez précises permettent de prévoir de l’apparition de la lune en un point de la terre, à partir des coordonnées géographiques du point concerné.

Dans l’ordre, les mois du calendrier hégirien sont : Muharram, Safar, Rabia-Awal, Rabia-Thani, Jumaada-Awal, Jumaada-Thani. Rajab, Cha’ban et le Ramadan suivi de Chawwal, Dhul Qida, et Dhul Hijja au cours duquel se tient le pèlerinage rituel à la Mecque. .

Ramadan , un mois de piété

L’Aïd marquant la fin du Ramadan a lieu le 1er du mois de Chawwal, le mois qui suit celui de Ramadan. Cette fête est certainement l’une des plus connues en France en raison du caractère devenu très populaire du mois de Ramadan. Car tout au long des quatre semaines du Ramadan, les Musulmanes et les Musulmans pubères, s’abstiennent de manger et de boire du lever au coucher du soleil, dans un esprit de piété. Le Ramadan se veut un mois de piété comparable à une période d’exercices spirituels intensifs. L’expérience ainsi vécue est souvent poursuivie par de nombreux croyants au delà des quatre semaines annuelles de jeûne.

Ce jour de l’Aïd est un jour de piété mais aussi un jour de générosité et de partage. La Salat, la prière rituelle, est précédée de la Zakat el Fitr, une aumône à laquelle est soumis tout chef de famille qui en a les moyens, proportionnellement à l’effectif de sa famille.

Aïd El-Adha

C’est la fête du sacrifice. Elle commémore le sacrifice du Prophète Abraham. Elle s’étale du 10e au 13e jour de Dhul Hijjah, le mois du pèlerinage rituel à la Mecque. Durant ce jour les Musulmans reproduisent le geste d’Abraham à qui Dieu avait demandé de sacrifier son fils unique. Bravant le trouble que lui cause cette demande divine, Abraham s’exécutera. Mais au dernier moment, Dieu substitua un bélier au fils du Patriarche. Cette histoire coranique est aussi rapportée dans les écritures chrétiennes et juives. Pour les Musulmans, le fils que le Prophète Abraham voulut sacrifier est son fils Isamël. Mais pour les Chrétiens, il s’agit de son fils Issac.

Le tiers du mouton de l’Aïd est distribué aux nécessiteux. Le reste revient à la famille.

Le 9 de Dhul Hijjah, veille de l’Aïd El-Adha, est le jour de Arafat, Yom Arafat. Ce jour là, les pèlerins à la Mecque se réunissent dans la plaine du mont Arafat, non loin de la Mecque. Ailleurs dans le monde musulman, le jour de Arafat est un jour de réunion de prières en solidarité avec les pèlerins.

Quelques dates musulmanes

De plus en plus de Musulmans marquent le 1er Muharram, premier jour du calendrier, comme l’on marque un jour de fête. Cette année, avec la place prépondérante de la communication Internet au sein de la communauté musulmane en France, de nombreuses cartes de vœux électroniques ont été distribuées, accompagnées parfois d’invitation à célébrer l’événement pour le sortir de son anonymat actuel. Dans certains pays musulmans, ce 1er jour du calendrier de la Hijra, l’hégire, est l’occasion de rappeler la portée historique, théologique et spirituelle de la Hijra.

Le dixième jour du mois de Muharram est la date de commémoration de Ashura. Ce jour est l’anniversaire du martyr de l’Imam Hussain, le petit-fils du prophète de l’Islam. Pour la majorité des Musulmans du monde sunnite, le jour de Ashura n’est pas particulièrement célébré. Mais pour les Musulmans Chiites, le souvenir de Ashura est d’une grande importance. Certains en font un jour de jeûne et un jour de pénitence parfois exprimée par des démonstrations publiques de mortifications corporelles. La communauté musulmane Chiite d’Irak a été privée de Ashura sous le régime de Saddam Hussein. Cette année, elle a voulu commémorer cette fête de manière significative. Le rassemblement n’était pas du goût de tous et une attaque à la bombe a endeuillé ce jour de célébration faisant près de 270 victimes.

Le Mawlid al-Nabawi est l’anniversaire de la naissance du prophète de l’Islam. Elle est fixée au 12 du mois de Rabi-Awwal. Cette fête est une institution posthume car elle n’a pas été fêtée par le Prophète lui-même. Elle apparaît au 13e siècle comme jour de recueillement, jour de souvenir de la vie et de l’œuvre du Prophète. Les festivités s’étalaient alors sur tout le mois. De nos jours, le Mawlid est une fête célébrée autour des enfants. C’est une occasion de réunions spirituelles autour de sermons sur la Sira, la biographie du Prophète de l’Islam. Il est aussi une occasion de cadeaux et de festin pour les enfants. Une controverse subsiste néanmoins sur l’opportunité de célébrer une telle fête autour de la personnalité du Prophète de l’Islam. Car de son vivant, le Prophète s’est montré hostile à toute idée de vénération de sa personne. Ainsi le Mawlid est largement fêté au Maghreb, alors qu’il n’est pas fêté en Arabie Saoudite où certains penseurs le comparent carrément à de l’idolâtrie ou à une innovation illicite dans la religion. Des comparaisons qui ne prennent leur sens que situées dans le contexte de la pensée salafite d’Arabie Saoudite.

Laylat Al-Isra wa Al-Miraj

Le Miraj ou l’ascension nocturne est une fête islamique peu connue. Elle commémore le voyage nocturne que fit le Prophète de l’Islam dans les Cieux et dont il revint avec le rituel de la Salat comme un cadeau de Dieu aux Musulmans. La célébration a lieu le 27 du mois de Rajab. Cette nuit-là, le Prophète rapporte son voyage de la Mecque à Jérusalem suivi de son ascension dans les Cieux et son retour à la Mecque avant le lever du jour. A Jérusalem, au Dôme du Rocher, le visiteur peut encore voir le rocher duquel le Prophète aurait fait son ascension.
On rapporte que cette même nuit, le Prophète de l’Islam a rencontré les Prophètes Abraham, Moïse et Jésus à la Mosquée d’Al-Aqsa à Jérusalem. Ce qui offre une occasion d’œcuménisme peu valorisée autour de la nuit d’Al-Miraj.





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