© Dulac Distribution
Une briqueterie traditionnelle, ses ouvriers et leurs baraques installées près d’un barrage installé sur les bords du Nil, dans un coin d'Afrique qui, pour le moment, a la chance de ne pas manquer d’eau. Dans Le Barrage, film aux longs silences plein de vent et de soleil, le temps semble arrêté. A peine troublé par les visites du patron tout puissant qui distribue les payes comme on fait l’aumône à la sortie d'une mosquée. Les nouvelles de la capitale arrivent par l’intermédiaire de la radio ou de la télévision mais elles ne bouleversent pas le quotidien des hommes qui vivent là. Tous sont concentrés sur leurs tâches quotidienne en attendant le jour de la paye. Personne ne croit aux espoirs des foules qui hurlent des slogans hostiles à l’égard d’un dictateur au pouvoir depuis 30 ans.
L’action se situe au nord du Soudan en 2019, année d'une révolution politique qui a vu la destitution d'Omar el-Béchir après un coup d'Etat. Les briquetiers « ne se vivent pas comme des citoyens, ils ont largement intériorisé un sentiment d’impuissance politique. Il faut comprendre qu’ils ont tous moins de 30 ans, ils sont nés après la prise du pouvoir d’El-Bechir en 1989, ils ont vécu toute leur vie sous un régime dictatorial. Le film rend compte aussi de ce type de comportement », explique Ali Cherri, le réalisateur d’origine libanaise, affirmant son intérêt, à travers ses œuvres cinématographiques, pour « la façon dont la violence devient invisible ».
L’action se situe au nord du Soudan en 2019, année d'une révolution politique qui a vu la destitution d'Omar el-Béchir après un coup d'Etat. Les briquetiers « ne se vivent pas comme des citoyens, ils ont largement intériorisé un sentiment d’impuissance politique. Il faut comprendre qu’ils ont tous moins de 30 ans, ils sont nés après la prise du pouvoir d’El-Bechir en 1989, ils ont vécu toute leur vie sous un régime dictatorial. Le film rend compte aussi de ce type de comportement », explique Ali Cherri, le réalisateur d’origine libanaise, affirmant son intérêt, à travers ses œuvres cinématographiques, pour « la façon dont la violence devient invisible ».
© Dulac Distribution
L'espoir d'une échappée
Si tous les briquetiers se sentent impuissants, Maher lui, entretient des rêves de départ et de liberté. Le personnage principal, qui semble bien être musulman, est plus complexe qu’il n’y parait. Mais l’on passe les deux tiers du film à se demander pourquoi il se rend chaque soir, en plein désert, pour sculpter une énorme forme en terre glaise. Elle tient autant d’une statue primitive que d’un grenier à grain de certains villages d’Afrique de l’Ouest. Cette création qui s’anime existe-t-elle uniquement dans l’esprit de son concepteur ? Elle « renvoie à un imaginaire très répandu dans l’humanité, l’idée que d’un mélange de terre et d’eau peut naître la vie. Cette idée se retrouve dans le mythe de Gilgamesh, dans la légende juive du Golem, dans des traditions chinoises, amérindiennes », précise le réalisateur, par ailleurs plasticien.
On comprend que, pour Maher, la nature relève aussi du monde spirituel. Il lui confie ses rêves de départ et elle lui répond d'une voix puissante qu'il est seul à entendre. Beaucoup de poésie dans ce film, mais les spectateurs un peu trop cartésiens auront du mal car rien n’est fait pour faciliter leur compréhension. Le film, tourné à proximité du barrage de Merowe, un énorme ouvrage bâti par les Chinois entre 2003 et 2009, connu l'un des projets hydroélectriques les plus destructeurs au monde, donne peu d’éléments sur le pays dans lequel se déroule l’action. Entre documentaire et fiction, Ali Cherri nous propose une vision poétique, contemplatif, et très lente de la réalité soudanaise.
Les scènes s’enchainent sans forcément de lien, ce qui rend l'histoire difficilement compréhensible pour le très grand public. Seule compte la tristesse et le sentiment d’enfermement en plein air que ressent le personnage principal. Mais les images sont magnifiques et Maher El Khair, l’acteur qui joue le personnage du même nom, mérite son prix de meilleur acteur décerné par le Festival du Caire.
On comprend que, pour Maher, la nature relève aussi du monde spirituel. Il lui confie ses rêves de départ et elle lui répond d'une voix puissante qu'il est seul à entendre. Beaucoup de poésie dans ce film, mais les spectateurs un peu trop cartésiens auront du mal car rien n’est fait pour faciliter leur compréhension. Le film, tourné à proximité du barrage de Merowe, un énorme ouvrage bâti par les Chinois entre 2003 et 2009, connu l'un des projets hydroélectriques les plus destructeurs au monde, donne peu d’éléments sur le pays dans lequel se déroule l’action. Entre documentaire et fiction, Ali Cherri nous propose une vision poétique, contemplatif, et très lente de la réalité soudanaise.
Les scènes s’enchainent sans forcément de lien, ce qui rend l'histoire difficilement compréhensible pour le très grand public. Seule compte la tristesse et le sentiment d’enfermement en plein air que ressent le personnage principal. Mais les images sont magnifiques et Maher El Khair, l’acteur qui joue le personnage du même nom, mérite son prix de meilleur acteur décerné par le Festival du Caire.
Le Barrage, d'Ali Cherri
France, Soudan, Liban, Allemagne, Serbie, Qatar, 1h17
Avec Maher El Khair
Sortie en salles le 1er mars 2023
France, Soudan, Liban, Allemagne, Serbie, Qatar, 1h17
Avec Maher El Khair
Sortie en salles le 1er mars 2023