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Religions

Le CFCM et MAM rompent le jeûne à la mosquée d’Evry

Rédigé par Anissa Ammoura | Jeudi 18 Septembre 2008 à 09:41

           

Mardi 16 septembre, la ministre de l’intérieur chargée de la relation avec les cultes Michèle Alliot-Marie a répondu à l’invitation d’Iftar du CFCM à la mosquée d’Evry (Essonne). Responsables religieux, élus, invités de la société civile, le repas de rupture du jeûne était un moment de convivialité pour tous mais aussi l'occasion pour les protagonistes d'affirmer leur volonté d'impulser le CFCM et d'évoquer les grands travaux de la gestion du culte en France. « Venue en amie », elle a déclaré à plusieurs reprises que « les valeurs de la République » étaient « pleinement compatibles avec les pratiques de la religion musulmane ».



La ministre de l'intérieur Michèle Alliot-Marie, entourée de Mohammed Moussaoui, président du CFCM (à gauche) et de Khalil Merroun, recteur de la mosquée d'Evry (à droite) (photo : Lahcène Abib)
La ministre de l'intérieur Michèle Alliot-Marie, entourée de Mohammed Moussaoui, président du CFCM (à gauche) et de Khalil Merroun, recteur de la mosquée d'Evry (à droite) (photo : Lahcène Abib)
« Le Conseil français du culte musulman inscrit de manière définitive le fait religieux au cœur de la liberté religieuse de notre pays, c’est aujourd’hui plus que jamais une institution qui compte », a déclaré la ministre de l’Intérieur, Michelle Alliot-Marie, à l’occasion de l’iftar organisé à la Grande Mosquée d’Evry (Essonne) mardi 16 septembre, et dont elle était l’invitée d’honneur.

Arrivée peu avant 20 heures dans cette ville de plus de 50 000 habitants, la ministre était très attendue, en témoigne l'accueil qui lui était réservée devant l'entrée de la plus grande mosquée de France. Ils se sont tous donnés rendez-vous : le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, le recteur de la mosquée, Khalil Merroun, également membre du CFCM, le député-maire d’Evry, Manuel Valls, la secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville, Fadela Amara, élus, des membres du CFCM et des CRCM, des journalistes mais aussi des représentant des autres religions, et notamment l’archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois.

Le centre culturel islamique d’Evry avait mis les petits plats dans les grands, dans grande la salle de réception, située derrière les salles de prière. Une vingtaine de tables étaient dressées. Petit lait, jus d’orange, viennoiseries, dattes, nappes blanches, serveurs nœuds papillons et vaisselle fine.

C’est le maître des lieux, Khalil Merroun qui débute la série de discours : « Cette mosquée (d’Evry) a toujours été et sera toujours une mosquée de modération, prêchant un Islam de tolérance et de coexistence pacifique, loin de toute considération politique et idéologique. (…) Je voudrais souligner, ici, les efforts de notre mosquée, pour pérenniser le CFCM, cette institution démocratique, que les musulmans pensaient appeler de tout leurs vœux ». L’assemblée, attentive, n’oublie pas pour autant la rupture du jeûne, MAM compris. La ministre de l’Intérieur semble apprécier les mini-bricks qui viennent d’arriver sur la table d’honneur.

C’est a tour de Mohammed Moussaoui, assis entre Manuel Valls et Fadela Amara, de se rendre au pupitre. Après maints remerciements, il commence par souligner « l’esprit de solidarité et du partage » du Ramadan. S’adressant directement à la ministre, il a rappelé l’importance du CFCM et des dossiers à traiter « que la France ait ses propres imams et cadres religieux demeure une priorité ». Et d’appeler l’Etat à créer des « commissions techniques mixtes CFCM / autorités compétentes de tutelle afin de permettre une mise à niveau du culte musulman » pour entre autres, les questions de formation des imams, de pèlerinage et d’aumônerie dans les prisons. Sur le CFCM lui-même, il a ajouté que celui-ci devait « gagner en autonomie, en indépendance et en visibilité ». Le professeur Moussaoui a également appelé les « jeunes à s’impliquer davantage dans la gestion du culte musulman ».

« Venue en ministre et aussi en amie », MAM commence son discours en remerciant le président du CFCM « pour la chaleur de ses propos ». Pour la ministre, « le mois de Ramadan, temps de recueillement, temps de compassion, porte l’image d’un islam de paix, de tolérance, de solidarité, ces valeurs qui sont aussi au cœur du consensus républicain qui fait vivre la nation française, ces valeurs sont celles de l’Islam de France ».

Pour « consolider l’unité et la représentativité du CFCM », Michèle Alliot-Marie a assuré, sans pour autant « intervenir dans le domaine », « l’appui technique des services du ministère pour la conduite de ses (du CFCM) travaux ». Et de poursuivre : « Ma conviction c’est que les valeurs de la République sont pleinement compatibles avec les pratiques de la religion musulmane ».

Elle a également affirmé son « soutien et sa détermination à agir », sur des sujets comme l'organisation du pèlerinage à la Mecque, de l'Aïd-el-Kébir, le contrôle religieux de la filière halal, la formation de ministres de culte musulman aux valeurs de la République, le développement des aumôneries pénitentiaires et hospitalières, l'implantation de carrés musulmans dans les cimetières ».

Représentation de l'Islam en France

Peu avant vingt deux heures, la soirée se clôture par une lecture de versets du Coran, par un jeune imam venu de Strasbourg, et sur un cadeau offert par les organisateurs à l’invitée d’honneur : un coran, avec sa traduction. « Je l’admirerai, en le regardant et en le touchant » déclare MAM sous les flashs des photographes, reconnaissant néanmoins avoir besoin de la « traduction ». En cette fin de soirée, les convives semblent réjouis, notamment parmi les membres des CFCM.

Pour Haydar Demiryurek, membre de l’instance et président du CCMTF (Comité de coordination des musulmans turcs de France) : « J’ai apprécié le discours de Madame le ministre de l’intérieur, qui encore une fois, a dit clairement que le culte musulman avait toute sa place en France, que les français de confession musulmane étaient des citoyens comme les autres ».

Le vice-président de l’UOIF, Fouad Alaoui semblait satisfait mais modérait ses propos « Nous voulions un Iftar, un moment solennel auquel toute la classe politique, toute la société civile, tous les religieux soient présents, c’est réalisé. C’est un premier pas et c’est l’essentiel. Maintenant, on verra au fur et à mesure pour les dossiers de terrain ».

La présidente du conseil général de l’Ile de la Réunion, Nassimah Dindar, semblait stimulée par la rencontre malgré son caractère officiel « Les institutions françaises nous permettent de vivre notre foi sans problème. Je crois que la France offre le terreau le plus fertile pour que ma foi de musulmane puisse s’épanouir » explique t - elle, en soulignant la particularité de ce département d’Outre-Mer, « Aujourd’hui, le problème de la représentation de l’Islam n’est pas du faite des institutions ou même de la base. Tous les français, les jeunes, vivent dans la diversité. En revanche, entre le sommet et la base, il n’y a rien. Ce que je crains, c’est qu’aujourd’hui les communautés se forment, deviennent fortes mais qu’elles s’enferment en même temps. Je souhaite que toutes ces communautés puissent s’ouvrir les unes aux autres. Je viens aussi témoigner de l’exemple réunionnais. Plus qu’ailleurs, nous sommes allé au-delà du principe, nous vivons notre diversité et notre société n’est pas seulement multiculturelle, mais intraculturelle. Le fait religieux ne posera plus de problème quand les communautés inscriront leur démarche de manière mutuelle et partagée, et c’est ce qui manque encore dans cette République ».

Pour Mohammed Moussaoui « La présence du ministre de l’intérieur était importante, surtout que c’est le premier Iftar du CFCM, en dehors de la ville de Paris. Le CFCM a cette volonté d’aller à la rencontre des musulmans de France. Nous espérons organiser des Iftar, sur d’autres villes de province pour les années à venir ».

Ce diner officiel a aussi été l'occasion d'interpeller la représentante de l'Etat sur la recrudescence et la condamnation des actes islamophobes, antisémites et racistes.




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