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Religions

La mosquée de Villiers Le Bel veut nouer le dialogue avec les jeunes

Rédigé par Nicolas Mom | Mercredi 9 Novembre 2005 à 23:31

           

Villiers Le Bel, ville du Val d’Oise, n’échappe pas à la fièvre des émeutes. Une dizaine de voitures a brûlé, et les cités restent étroitement surveillées. Des camions de CRS et de la police nationale sont omniprésents à l’entrée des quartiers difficiles. La mosquée de Villiers Le Bel veut entamer un dialogue avec les jeunes des cités afin d’apaiser la colère et de faire en sorte que les actes de vandalisme cessent.



Dimanche soir à la mosquée de Villiers Le Bel, les fidèles se sont réunis après la prière de maghreb autour d’un bon repas. C’est le repas de rupture du jeune. Pour ceux qui jouent les prolongations et qui ont ainsi prolongé leur jeûne des six jours nommés « de Chawal ». Le repas, composé d’une harira accompagnée de pain, de crêpes et de gâteaux, était convivial et chaleureux.

Lhaj Ganzou, secrétaire général de la mosquée, prend alors la parole et appelle les frères à le rejoindre pour parler avec les jeunes des cités avoisinantes en vue d’apaiser les troubles. En effet, depuis les événements de Clichy sous Bois, des émeutes ont eu lieu dans la ville. Une dizaine de voitures ont été incendiées. La mosquée a donc décidé d’agir et de former un groupe de fidèles pour aller rencontrer les jeunes des cités et ouvrir un dialogue.

Entre-temps, une pétition signée de certaines personnes du voisinage immédiat de la mosquée circule. Cette pétition au ton raciste et xénophobe veut voir disparaître la mosquée. Les propos semblent tout droit venir d’un tract du Front National. La mosquée est située dans un quartier pavillonnaire et sa présence est vécue par certains habitants comme une agression. Le passage des fidèles, se rendant quotidiennement à la mosquée, dérangent.

La mosquée a un rôle positif

Lhaj Ganzou et l’ensemble des fidèles veulent démontrer le contraire, et prouver que la mosquée a un rôle positif dans la société française en voulant se rendre dans les cités pour dialoguer avec les jeunes. Il est vrai aussi que pour eux c’est également une question de devoir. « Il s’agit de nos enfants, nous sommes tous concernés par ce qui arrive. Nous ne devons pas entrer dans la polémique et les débats pour rechercher le coupable, mais il est clair qu’il y a un véritable malaise et que nous devons être là pour écouter et aider ces jeunes à s’en sortir» clame-t-il. Sitôt suivi par l’imam et par les jeunes et les moins jeunes autour de la table. « La mairie a été prévenue de notre initiative, continue-t-il, nous devons rejoindre les frères à la petite mosquée de Villiers Le Bel et partir ensemble à la rencontre de nos jeunes ».

« Les jeunes agissent par solidarité… »

La petite mosquée est située au rez-de-chaussée d’une tour HLM, au cœur de la cité de La Zac. Le groupe ainsi formé part à la rencontre des jeunes. La cité est calme. Des camions de CRS rôdent aux alentours. Une voiture de police nationale fait des rondes dans les parkings. Un membre du groupe aperçoit des jeunes dans un hall d’entrée d’immeuble. Tout le monde entre le hall et le dialogue est entamé.

« Nous sommes là pour discuter et ouvrir le dialogue avec vous par rapport à ce qui se passe actuellement dans les cités. Nous avons tous une responsabilité, et notre devoir c’est de vous écouter et de savoir ce qui se passe exactement », entame un fidèle de la mosquée. « Nous ne vous accusons pas , vous n’êtes peut-être pas concernés pas ces actes. »

Un long silence s’installe. « Vous savez tous ces problèmes nous touchent. Vous êtes nos enfants et nous voulons vous aider. Si vous voulez parler, vous délivrer, nous avouer quelque chose, n’importe quoi allez-y. Nous essaierons de trouver une solution ensemble », intervient Lhaj Ganzou .

« En fin de compte, reprend un jeune, si les jeunes de la cité agissent de la sorte c’est par solidarité avec l’affaire de Clichy sous bois. » Il explique ainsi que pour lui et pour les autres jeunes de cité, les autorités ont voulu étouffer l’affaire. Car il s’agit pour eux d’une bavure policière .

« Ce n’est pas une solution… »

« Brûler les voitures, les camions, les magasins, ce n’est pas une solution, poursuit Lhaj. D’autant plus qu’il s’agit des biens de personnes qui ont du mal à gagner leur vie. Pour la plupart d’entre eux, de leur outil de travail. D’autres part, les médias remettent la faute sur les musulmans et l’islam. Ces problèmes retombent sur la communauté musulmane. On soupçonne que tout ça est organisé par les mosquées, ce qui est totalement faux. » poursuit-il.
Avant de conclure par la véritable solution, qui est « d’utiliser sa carte nationale d’identité au bon moment, pour aller voter et s’exprimer ainsi pour être écoutés et respectés ».

L’ensemble des fidèles de la mosquée insiste sur le fait de faire passer le message aux jeunes de la cité et de leur dire que les gens de la mosquée sont prêts à les écouter, à nouer le dialogue. Après cette rencontre, tout le monde rentre chez soi, espérant que le message est bien passé.




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Jean-Charles DUBOC le 27/11/2007 10:56 | Alerter
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Cette embrasement de Villiers le Bel, et des communes voisines, est très proche, tant dans ses causes que de la façon dont elle évolue, des émeutes de l’automne 2005.

Deux jeunes sur une moto, sans casque, se sont explosés contre une voiture de police et la ville flambe avec une extension progressive des violences aux communes voisines.

A quoi doit-on se préparer ?...

Si le scénario d’il y a deux ans se répète, il est très vraisemblable que Villiers-le-Bel restera une zone d’émeutes pendant trois à quatre nuits, puis que ces violences se propageront aux quartiers sensibles des grandes villes de province comme Toulouse, et ceci pendant une période de deux à trois semaines.

Cela donnera l’impression, comme à l’automne 2005, d’émeutes nationales alors qu’elles seront toujours localisées, et rarement d’une durée supérieure à une demi-semaine.

La raison de l’arrêt des échauffourées en est simple : il ne faut pas casser le « bizness », c'est-à-dire le trafic de cannabis, d’amphétamines et de cocaïne. Les « grands frères » ne tiennent pas à ce que la Police mettent réellement les pieds dans les zones de « non-droit » pour faire le ménage…

Les quartiers qui sont tenus par les caïds de la drogue n’ont pas bougé pendant les émeutes de 2005 et il est fort à parier qu’un « profil bas » soit de rigueur dans les quartiers les « plus chauds ».

Cela risque va-t-il se vérifier cette année ?... Pour l’instant, la principale constatation est que les émeutes de cette année commencent d’une façon bea...  


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