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Points de vue

La loi de 1905 : une garantie de l’unité nationale

Rédigé par Ghazli Mourad | Lundi 29 Novembre 2004 à 00:00

           

La loi de 1905 est une réelle protection de notre système républicain mais surtout un modèle exemplaire qui a démontré toute son efficacité. Les religions du livre sont protégées puisqu’il n’existe aucune discrimination qu’elle soit dite négative ou positive et que la loi respecte nos traditions républicaines, celles de l’égalité de traitement.



La loi de 1905 est une réelle protection de notre système républicain mais surtout un modèle exemplaire qui a démontré toute son efficacité. Les religions du livre sont protégées puisqu’il n’existe aucune discrimination qu’elle soit dite négative ou positive et que la loi respecte nos traditions républicaines, celles de l’égalité de traitement.

 

Le non interventionnisme du politique sur le religieux ou du religieux sur le politique est un gage de garantie du respect de ce que l’on appelle la sphère privée qui est la pratique de sa foi et de notre système républicain qui nous permet de croire ou de ne pas croire.

La religion est une spiritualité individuelle qui reste un contrat de foi entre le pratiquant et son créateur et nullement dans un aspect collectif.

La démocratie a une vision collective de la gestion de la vie de la cité. Elle a la vocation de transcrire ce que la majorité souhaite. Trop de pays souffrent aujourd’hui du mélange entre le religieux et la politique. Ce mélange ne respecte pas liberté de penser.

 

On a pu constater, lors de l’association du politique et du religieux, des conséquences importantes puisque certains ont bien compris que cela pouvait servir le pouvoir politique et devenir rapidement un fond de commerce. Ce fut le cas lors des dernières élections américaines où les deux candidats ont fait de multiples interventions dans des lieux de cultes pour établir des meetings politiques. Il est clair que ce type d’actions peut avoir de lourdes conséquences contre la religion mais surtout sur la paix dans le monde puisque les uns et les autres essayent d’imposer leur croyance et leur pratique.

 

 

Les conséquences de l’utilisation de la religion pour la politique

 

Je ne vois pas de différence, dans le procédé d’instrumentalisation,  entre Georges Bush et Ben Laden. Tous les deux justifient leurs actes crapuleux de façon directe et indirecte au nom de Dieu. Pour M. Bush, c’est un message de Dieu qu’il a reçu pour envahir l’Irak. Et il en appelle à la protection de Dieu. Il lui demande de protéger les Américains dans sa guerre préventive. Pour M. Ben Laden, c’est une mission qu’il s’est octroyé pour défendre les intérêts des musulmans. Et, paradoxalement, M. Ben Laden a commis plus d’attentats dans les pays musulmans qu’ailleurs. Combien de musulmans Ben Laden a-t-il donc tués et en  essayant de faire croire que la meilleur façon de défendre les musulmans était  de poser des bombes.

 

Sans la dissociation du politique et du religieux, les lieux de cultes deviennent aisément des tribunes politiques. C’est pourquoi, quelles que soient les motivations de Monsieur Nicolas Sarkozy dans sa volonté de réviser la loi de 1905, il est important d’en peser les conséquences.

 

Monsieur Sarkozy défend sa proposition en mettant en avant le manque de moyens des musulmans comparés à l’Eglise dans l’Histoire. Certes, mais ce n’est pas en révisant la loi que l’on va trouver les réponses aux questions sur les lieux de cultes.

 

Les mosquées se construisent déjà sans que l’Etat n’intervienne. Elles se construisent grâce à la volonté des croyants qui, par leurs dons et leurs investissements permettent l’accroissement de leur nombre.

 

Aujourd’hui, les musulmans de France souffrent beaucoup plus des difficultés à obtenir des autorisations de construire et du refus de leur implantation par certains élus et citoyens (de peur que cela devienne un siège d’El-Qaida) que du manque de moyens de financement de leurs mosquées.

 

On ne peut pas condamner les pays étrangers à payer et surtout de contrôler certaines mosquées en France, on ne peut pas dénoncer leur connivence avec ces mosquées et, dans le même temps, proposer que l’Etat finance ces mosquées afin de les contrôler à son tour.

Car il se trouve que celui qui paye est celui qui décide. Qu’il s’agisse de pays étrangers ou de l’Etat français, cela revient à la même chose. Dans les deux cas, les Français musulmans ne peuvent que subir l’autorité de ceux qui payent.

 

Une petite mosquée financée par ses croyants et qui garde sa liberté est de préférable à une mosquée cathédrale contrôlée par un pouvoir politique interne ou externe.

 

 

Proposition pour améliorer la vie des musulmans en France dans le respect de la république

Le texte de la constitution du 4 octobre 1958 stipule que : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous et sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. » Conformément à l’esprit de ce texte, les différences de situations ne justifient pas de différence de traitement, à moins qu’il soit démontré qu'une exigence constitutionnelle impérieuse impose une modulation. Je me permets d’avancer les six propositions suivantes pour améliorer la condition des musulmans en France dans le respect de la République :

 

1- La France doit inspirer l’Europe dans sa relation entre le politique et la  religion. Cela commence par préserver la loi de 1905 qui est, aujourd’hui, le meilleur système de cohésion dans un pays. Le système du monde anglo-saxon qui parle et gère sa population en communautés ne peut être le nôtre puisque notre constitution précise bien l’unité, ce qui ne s’oppose pas à sa diversité.

 

2- Créer au sein du Conseil français du culte musulman une commission composée essentiellement de savants et non de gestionnaires de culte qui doivent impérativement appartenir à la communauté française pour mieux proposer des jurisprudences du fait d’être musulman mais dans un  pays laïc.

Cette commission doit écouter des spécialistes de la constitution mais surtout des sociologues et d’autres professionnels pour prendre des décisions justes dans le  respect de notre République afin que les musulmans ne soient ni ne se sentent rejetés par notre démocratie.

 

3- Le Conseil français du culte musulman doit absolument se munir d’une structure juridique pour mieux défendre les projets de construction de mosquées refusés par des maires ayant peur de l’installation de ces derniers ou par peur de se mettre à dos un électorat islamolophobe.

N’oublions pas que l’islam n’appartient pas aux maghrébins, tout comme le judaïsme aux israéliens et le christianisme au Vatican. Il est anormal qu’une religion universelle  ne soit représentée que  par des maghrébins en France.

 

4- Le Conseil français du culte musulman  ne doit être composé que de Français comme le précise son intitulé et ne doit pas être contrôlé par des personnes étrangères à la communauté nationale.

 

5- Soumettre au Conseil  français du culte musulman toutes les demandes de création de mosquées afin d’établir une charte dans  laquelle  il sera précisé que le lieu de culte ne doit servir ni de tribune politique ni être utilisé à des fins politiques.

 

Que les prêches soient dites en français ce qui n’exclut pas de les traduire en arabe.

Que l’imam soit de nationalité française parlant le français .

Que la construction de la mosquée réponde aux normes de sécurité.

 

6- Permettre  aux Français de confession musulmane de mourir dans le respect de leur religion en vertu de l’égalité de traitement précisé par la constitution.

 

Il est inadmissible que certains Français soient obligés d’enterrer leur défunt en dehors de leur lieu d’habitation voire souvent à l’étranger. Cela s’appelle la double peine :, la première celle du défunt et la deuxième celle de se battre pour trouver un lieu pouvant accueillir ce dernier dans le respect de sa religion.

 

Pour terminer, je pense que si nous commençons par respecter ces quelques principes, les musulmans de France se sentiront plus à l’aise dans leur pays .

 

Quant à Monsieur Sarkozy, je le remercie de vouloir se préoccuper des musulmans.  Mais de grâce, qu’il arrête son idée de vouloir réviser notre constitution qui est la garantie de l’unité de notre pays.

 

J’estime qu’on ne peut pas se dire gaulliste et remettre en cause ce pourquoi le général De Gaulle a toujours milité : une France anti–catégorielle tout comme  celle du président Chirac : une France en grand, une France ensemble.


Mourad Ghazli :

Ancien candidat à la presidence de l'ump en 2002
Président du clubfrancefraternité
www.clubfrancefraternite.net




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