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Points de vue

La gauche « Tartuffe » répond à Malek Boutih

Rédigé par Asif Arif et Slimane Tirera | Jeudi 11 Février 2016 à 18:52

           


La gauche « Tartuffe » répond à Malek Boutih
Lors d'un entretien au Figaro publié mercredi 10 février, Malek Boutih, qui ne manque pas une seule occasion pour se faire remarquer, affirme que la gauche en général n’a pas assez défendu Amine El Khatmi dans le cadre des remarques désobligeantes qu’il a subies de la part d'internautes issus de ce qu'il nomme « la muslimsphère ».

Amine El Khatmi est cet élu socialiste, adjoint à la mairie d'Avignon, qui avait condamné les propos dirigés contre Alain Finkielkraut par Wiam Berhouma fin janvier, lui reprochant notamment sa proximité avec différents partis politiques. Malek Boutih affirme que la gauche aurait dû plus le soutenir et que, « pour un paquet de dix voix », la gauche oublie ses propres valeurs, la dépeignant ainsi comme la « gauche Tartuffe ».

Amine El Khatmi
Amine El Khatmi

Face aux insultes, des responsabilités uniquement individuelles

Si certains internautes ont insulté cet élu en raison de ses positions, est-ce pour autant la position de toute une communauté dite musulmane ? C’est une question légitime que nous adressons ici à Malek Boutih qui n’arrête pas d’évoquer un « clientélisme communautaire » de la gauche. On comprend d’autant moins cette position que certaines personnes sur Internet n’engagent que leurs propres responsabilités individuelles lors de publications et non la responsabilité collective des musulmans de France.

Evidemment, si Amine El Khatmi a une position sur la laïcité qui ne nous correspond pas, nous la combattrons sur le terrain du fond, des idées et du droit. Mais nous ne nous permettrons pas de le combattre sur la base d’insultes et, encore moins, sur le terrain de la stratégie politicienne que mène actuellement Malek Boutih. En effet, il fustige la gauche d’entretenir une clientèle communautaire, alors que ces mêmes reproches sont adressés à la gauche par l’extrême droite. Il faut alors se poser la question de savoir quelle clientèle souhaite entretenir Malek Boutih et comparer la réponse au regard de son étiquette politique.

Les valeurs de gauche abandonnées

On ne comprend pas bien qui, entre Malek Boutih, et cette gauche « Tartuffe » - qu’il mentionne sans vraiment lui donner un visage ou des noms - abandonne réellement les valeurs de gauche. Faut-il peut être rappeler à Malek Boutih qu’il fut un temps président de SOS Racisme mais qu'il semble en oublier les éléments fondamentaux, multipliant les amalgames dans ses déclarations politiques. Par ailleurs, son rapport sur la radicalisation et ses positions sur la question ne font qu’entretenir un discours « droitisant ».

Mais Malek Boutih n’en a pas démordu. Dans l’entretien accordé au Figaro, journal réputé de droite, il traite de la question de la laïcité en affirmant que certains la grignotent. On ne comprend pas bien le rapport, direct ou indirect, entre ce que Wiam Berhouma a dit, les insultes dirigées contre Amine El Khatmi et la laïcité ? La laïcité qui, au titre de la loi de 1905, organise la séparation des cultes et de l’Etat ; il s’agit en conséquence d’une loi de séparation et rien d’autre. Elle n’a pas grand-chose à voir avec les joutes verbales échangées entre Wiam Berhouma et Alain Finkielkraut, tout comme elle n’a rien à voir avec les échanges qu'ont pu avoir Amine El Khatmi et les internautes.

Il faut également savoir raison gardée. Les valeurs de gauche qui ont été abandonnées ne l’ont pas été par les militants que nous sommes. C’est le gouvernement actuel, malgré nos nombreux points de convergence politique avec celui-ci, qui a contribué à diluer les valeurs de gauche : déchéance de nationalité, droit de vote des étrangers, laïcité front nationaliste et on n'en passe. Si Malek Boutih voit dans son propre camp des Tartuffes, pourquoi ne le quitte-t-il pas ? Il s'agit pourtant d'une solution simple et efficace sur le plan du courage politique.

Enfin, précisons à Malek Boutih que si la gauche devient une gauche « Tartuffe », notre diagnostic le concernant décèle plutôt un malade imaginaire qui ne souhaite pas reconnaître son seul complexe : qu’il est un homme aux valeurs de droite, plus qu’un socialiste aux valeurs de gauche. Il s’agit là d’une analyse lucide et réaliste des circonstances de fait. N’en déplaise à Malek Boutih.

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Asif Arif est avocat au Barreau de Paris, enseignant en Libertés Publiques et directeur du site Cultures & Croyances. Auteur d'un ouvrage sur l'Ahmadiyya, il publie prochainement un livre comprenant 50 fiches sur la laïcité aux éditions Bréal. Slimane Tirera est coordinateur national de La Maison des Potes et président de l’association Jeunesse en Mouvement.

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