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Société

La fachosphère sous ébullition inquiète

| Vendredi 5 Août 2011 à 13:05

           

Le président de France Terre d'Asile (FTA), Pierre Henry, a déposé plainte pour "diffamation, injures publiques envers un particulier et menaces de mort", à la suite de commentaires le concernant parus sur le blog fdesouche.com, réputé d'extrême-droite. Une vidéo reprenant une interview du plagnant a été postée sur le site, où des commentaires contenant des "menaces de mort" et des "injures publiques", qui sont "manifestement diffamatoires", sont apparus.
Ces derniers temps, les sites extrémistes, de droite ou de gauche font beaucoup parler d'eux. Comment, ces "facho-sphères" investissent peu à peu la Toile et surtout comment font-elles pour attirer de plus en plus de Français ?



Copie d'écran du site fdesouche.com le 20/07/2011.
Copie d'écran du site fdesouche.com le 20/07/2011.
Selon une étude parue le 4 juillet sur le site lemonde.fr, les blogs et sites d'extrême droite poussent comme des champignons.
En deux ans leur présence sur la Toile a plus que doublé, passant de 5.2 % en 2009 à 12.5 % en 2011.
Dernièrement, ce phénomène est également pointé du doigt dans l'affaire de la tuerie d'Oslo. Le terroriste Anders Behring Breivik, qui a tué plus de 76 personnes vendredi 22 juillet sur l’île de l’Utoeya, en Norvège, est un partisan d'une Europe mono-culturelle chrétienne doublé d'un islamophobe confirmé. Dans plusieurs vidéos il prône ses idées extrémistes, très violentes, allant même jusqu'à élaborer sa tuerie dans un mémoire en ligne de 1500 pages intitulé : « 2083 : a European Declaration of Independance ».

Internet est devenu un outil de diffusion d'idéologies de plus en plus fachistes, empreintes d'une certaine xénophobie décomplexée, notamment grâce à l'anonymat ou les pseudos.

Des discours racistes en masse

Qu’ils soient de l’extrême droite ou de l’extrême gauche françaises, les sites, blogs, forums et autres interfaces d’échanges se développent à une vitesse phénoménale. Les causes ? Une actualité internationale qui ne tombe pas en faveur de l’immigration, qui discrédite l’Islam et qui envenime le débat sur la nationalité et la laïcité.

Les responsables de plates-formes web 2.0, des services communautaires interrogés ou des portails d’information dressent le même constat : l’actualité entraîne des poussées de racisme spécialement dans les commentaires qui peuvent être publiés. Le site Fdesouche.com, surtout connu pour les commentaires de ses lecteurs que pour ses « copié-collé » d'articles repris sur d'autres sites, en est l'exemple même.

Dans un sondage fait par le Forum des droits sur l’internet, 30 % des répondants disaient avoir déjà été confrontés à des contenus racistes sur internet. Selon un rapport datant de 2011 « Lutter contre le racisme sur internet », ce sont les services interactifs de dialogue qui sont les plus utilisés pour propager des idées ou pour proférer des injures à caractère raciste. Les forums de discussion sont ainsi particulièrement visés comme les commentaires des articles de blogs ou de vidéos des utilisateurs. Plus que tout, ce sont les services interactifs de la presse qui sont regardés comme offrant la meilleure des tribunes à cette expression de la haine.

Et beaucoup de groupe extrémistes tirent profit de cette montée du racisme. Le bloc-identitaire ou « le sanglier français » apparaît comme un parti qui séduit de plus en plus de « vrais » Français. Le 30 novembre 2010, Arnaud Gouillon, 25 ans, se présentait déjà comme le candidat identitaire à la présidentielle 2012.

Un camps identitaire existe d'ailleurs depuis quelques années, « une véritable école de cadres destiné à former les générations identitaires de demain » où les identitaires initient leurs nouvelles recrues à leurs techniques de communication sur le web. Les identitaires sont « des militants 2.0 ». Mais attention, selon le site Street Press « aucun Français noir ou maghrébin n’a jamais participé à un camp identitaire ». D'ailleurs pour Jean-David, un des organisateurs: « Nous on représente les petits-blancs, donc la venue d’un noir ce serait antinomique.»

Mais la France n'est pas le seul pays européen où ces sites font parler d'eux. En Allemagne par exemple, les blogs de la droite extrémiste en font réagir plus d'un. Ce qui a attiré des vingtaines de pirates informatiques. Conséquences : des sites bloqués, les noms des donateurs révélés, des mails internes rendus publics.

Multiplication des piratages contre les sites extrémistes

Les hackers se déchaînent pour protester contre cette montée en puissance de la pensée de l'extrême droite allemande. Des vidéos tournent en boucle sur les sites piratés : « Vous continuez à répandre des idéaux qui poussent à une haine infâme. (...) Vous attaquez les réfugiés et les immigrants. (...) Ce comportement est intolérable. »

En France également, les sites du Front National ont été piratés à plusieurs reprises au mois d'avril dernier. En effet, un hacker du nom de 238PU a entièrement piraté le blog du Front National des Yvelines. Il a notamment revisité la page d'accueil du site en ajoutant plusieurs slogans anti Front National, un portrait d’Adolf Hitler, une croix gammée ainsi qu’une vidéo pornographique censée présenter le parti en 2012. Mais ce n’est pas le seul « hacking » visant le FN.

Le site internet officiel de la présidente du FN Marinelepen.com a été également piraté au mois d’avril. L’image d’une femme portant un voile islamique et un message pour les « musulmanes en France », des femmes « pures et chastes » sont ainsi apparus en page d’accueil. Le pirate, identifié comme « Kader11000 » a également écrit : « Le jour où tu [Marine Le Pen] arriveras au siège présidentiel, je piraterai tous les serveurs français. »

Que dit la loi sur ces sites?

Avec la création de la Plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements (PHAROS) le 16 juin 2009, une sorte de système de surveillance a été mis en place contre la prolifération de la pensée raciste sur internet. Cette plateforme est intégrée à l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication.

La liberté d'expression est un droit fondamental de tout citoyen. Mais cette liberté trouve ses limites dans le respect des autres. La loi définit ces limites. Elle interdit d'inciter à la haine raciale, ethnique, ou religieuse et de faire l'apologie de crimes de guerre. Elle proscrit les propos discriminatoires à raison d'orientations sexuelles ou d'un handicap. Elle interdit d'inciter à l'usage de produits stupéfiants. Le sentiment d'anonymat de l'Internet est trompeur. Les auteurs de tels propos peuvent être identifiés et s'exposent à de lourdes peines.






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