© Haut et Court/Jean-Claude Lother
Marion arrive dans un coin de banlieue criblé de chantiers où les noms des rues sont invisibles. Où les rues elles-mêmes sont transformées en passages entre deux barricades en attendant que les immeubles soient construits. Elle se perd, croise un collègue aussi affolé qu’elle d’arriver en retard un matin de rentrée scolaire… et le voit partir en courant dans la bonne direction. Sans l’attendre. Elle finit par découvrir l’école Jacques Prévert dont les murs sont bien fatigués.
Construite à la va-vite dans les années 1960 pour répondre aux besoins d’une population scolaire en croissance, l’école n’a guère reçu d’amélioration ou de réfection de locaux depuis. Parents comme enfants de Seine-Saint-Denis et d’autres banlieues en transition sociale ne seront pas dépaysés. Le décor est posé, sans misérabilisme mais sans complaisance non plus. Nous découvrirons les particularités de l’enseignement en banlieue à travers les yeux de Marion, tout juste débarquée de sa province.
Le scénario se noue autour de la construction d’un nouvel établissement primaire « bobo-écolo » à deux pas. Il bénéficiera d’une architecture presque organique, avec des formes arrondies très adaptée à l’accueil des enfants. Sans parler du confort bien supérieur à celui que propose Jacques Prévert. Lorsqu’il ouvrira ses portes pour accueillir les enfants du nouveau quartier, ce sera inéluctablement la fuite des familles les plus débrouillardes habitant les tours environnantes.
Pour Zahia, la directrice de l’école Jacques Prévert en quête de mixité sociale, c’est le coup de bambou : les meilleurs élèves vont forcément être attirés par la nouvelle école et son établissement traditionnel va être encore plus victime des stigmates d’un ghetto qui ne dit pas son nom. Mais Marion a de la ressource, de la naïveté et des rêves qui lui permettront de bousculer ses collègues et de leur redonner l’envie de participer à un projet innovant : créer la première « école verte » de banlieue, susceptible d’enthousiasmer les enfants et d’intéresser les parents.
Construite à la va-vite dans les années 1960 pour répondre aux besoins d’une population scolaire en croissance, l’école n’a guère reçu d’amélioration ou de réfection de locaux depuis. Parents comme enfants de Seine-Saint-Denis et d’autres banlieues en transition sociale ne seront pas dépaysés. Le décor est posé, sans misérabilisme mais sans complaisance non plus. Nous découvrirons les particularités de l’enseignement en banlieue à travers les yeux de Marion, tout juste débarquée de sa province.
Le scénario se noue autour de la construction d’un nouvel établissement primaire « bobo-écolo » à deux pas. Il bénéficiera d’une architecture presque organique, avec des formes arrondies très adaptée à l’accueil des enfants. Sans parler du confort bien supérieur à celui que propose Jacques Prévert. Lorsqu’il ouvrira ses portes pour accueillir les enfants du nouveau quartier, ce sera inéluctablement la fuite des familles les plus débrouillardes habitant les tours environnantes.
Pour Zahia, la directrice de l’école Jacques Prévert en quête de mixité sociale, c’est le coup de bambou : les meilleurs élèves vont forcément être attirés par la nouvelle école et son établissement traditionnel va être encore plus victime des stigmates d’un ghetto qui ne dit pas son nom. Mais Marion a de la ressource, de la naïveté et des rêves qui lui permettront de bousculer ses collègues et de leur redonner l’envie de participer à un projet innovant : créer la première « école verte » de banlieue, susceptible d’enthousiasmer les enfants et d’intéresser les parents.
Pédagogies alternatives pour les petits banlieusards
Malgré quelques arrangements avec la réalité, comme ces scènes de recrutement d’enseignants mené par la directrice - impossible dans la réalité car cela ne relève pas de sa responsabilité professionnelle - ce film a un petit côté documentaire. L’air de rien, il dénonce l’apartheid scolaire pratiqué dans nombre de communes pour rassurer les parents de classes moyennes et supérieurs. Objectif : les attirer et obtenir l’installation de populations qui paient plus d'impôts et contribueront valablement au budget municipal…
Co-réalisatrice avec Hakim Zouhani de La cour des miracles, Carine May explique que le titre de son film revêt un double sens : « Le sens figuré avec tous ces enseignants pas formés, envoyés au charbon, qui ne sont pas à leur place et doivent affronter des situations qui défient parfois l’entendement. Mais aussi le sens propre ! L’école de Zahia est un espace où tout reste possible. Les adultes pallient le naufrage institutionnel, les enfants ne cessent de nous surprendre et le lien entre tout ce petit monde demeure. C’est donc bien une cour des miracles et, chaque journée en comporte d’ailleurs un, de miracle, même minime. »
Le thème des pédagogies alternatives, notamment des « écoles dehors » inspirées des initiatives scandinaves, est également abordé. Depuis la crise sanitaire, « un nombre croissant d’enseignants font classe plusieurs heures par semaine dans le parc le plus proche ou même dans un square », indique la réalisatrice. Quand ce n’est pas dans la cour que Marion va végétaliser petit à petit. « Pour ce qui est de la cour de récréation, nous avons voulu en faire un symbole : celui du changement, du travail en commun et de la transformation. L’école se renouvelle. Les profs s’en emparent, décloisonnent les espaces et y font entrer la nature. Cette agora est en mutation ; c’est un lieu en devenir : le béton est recouvert de paille et de terre, le végétal et l’animal s’y invitent... La nature propose une alternative à une éducation "verrouillée" et autorise l’élève à sortir du cadre, à faire un pas de côté pour célébrer un apprentissage différent », indique, pour sa part, Hakim Zouhani.
Co-réalisatrice avec Hakim Zouhani de La cour des miracles, Carine May explique que le titre de son film revêt un double sens : « Le sens figuré avec tous ces enseignants pas formés, envoyés au charbon, qui ne sont pas à leur place et doivent affronter des situations qui défient parfois l’entendement. Mais aussi le sens propre ! L’école de Zahia est un espace où tout reste possible. Les adultes pallient le naufrage institutionnel, les enfants ne cessent de nous surprendre et le lien entre tout ce petit monde demeure. C’est donc bien une cour des miracles et, chaque journée en comporte d’ailleurs un, de miracle, même minime. »
Le thème des pédagogies alternatives, notamment des « écoles dehors » inspirées des initiatives scandinaves, est également abordé. Depuis la crise sanitaire, « un nombre croissant d’enseignants font classe plusieurs heures par semaine dans le parc le plus proche ou même dans un square », indique la réalisatrice. Quand ce n’est pas dans la cour que Marion va végétaliser petit à petit. « Pour ce qui est de la cour de récréation, nous avons voulu en faire un symbole : celui du changement, du travail en commun et de la transformation. L’école se renouvelle. Les profs s’en emparent, décloisonnent les espaces et y font entrer la nature. Cette agora est en mutation ; c’est un lieu en devenir : le béton est recouvert de paille et de terre, le végétal et l’animal s’y invitent... La nature propose une alternative à une éducation "verrouillée" et autorise l’élève à sortir du cadre, à faire un pas de côté pour célébrer un apprentissage différent », indique, pour sa part, Hakim Zouhani.
Un comédie réaliste qui redonne confiance dans l'école
Ce petit côté militant du film n’est pas gênant. « L’écologie est trop souvent un marqueur social et, en matière éducative, un argument pour les établissements privés, on le voit avec les pédagogies Montessori.... Or l’avenir de la planète concerne tous les enfants. D’où ce clin d’œil dans le scénario : une école publique tente de concurrencer une autre école publique en utilisant des méthodes habituellement utilisées par le privé. Nous gravitons depuis quelques années entre le milieu du cinéma et celui de la banlieue et on constate bien qu’on n’y perçoit pas le réchauffement climatique de la même manière. En banlieue, le sujet est quasi inexistant. On pense à la fin du mois plutôt qu’à la fin du monde », ajoute le co-réalisateur.
La Cour des Miracles est avant tout une comédie douce-amère qui met en scène des situations réalistes sans tomber dans l’angélisme. Le scénario n’est ni misérabiliste, ni manichéen et parvient à sourire de situations désespérantes. Rachida Brakni est très juste en directrice d’école tiraillée entre sa passion pour un enseignement public égal pour tous et son ressenti de maman qui souhaite le meilleur pour son fils.
L’hétérogénéité des parcours de plus en plus d’enseignants depuis quelques années est bien illustrée dans le film. Enfin, la participation des habitants d’Aubervilliers – le lieu du tournage – et des villes environnantes apporte de la spontanéité et du réalisme aux scènes de confrontation parents – enseignants. Un « feel good movie » qui se termine sur un constat réaliste et sans illusion que l’on peut néanmoins aller voir pour renforcer sa confiance dans l’école de la République.
La Cour des Miracles est avant tout une comédie douce-amère qui met en scène des situations réalistes sans tomber dans l’angélisme. Le scénario n’est ni misérabiliste, ni manichéen et parvient à sourire de situations désespérantes. Rachida Brakni est très juste en directrice d’école tiraillée entre sa passion pour un enseignement public égal pour tous et son ressenti de maman qui souhaite le meilleur pour son fils.
L’hétérogénéité des parcours de plus en plus d’enseignants depuis quelques années est bien illustrée dans le film. Enfin, la participation des habitants d’Aubervilliers – le lieu du tournage – et des villes environnantes apporte de la spontanéité et du réalisme aux scènes de confrontation parents – enseignants. Un « feel good movie » qui se termine sur un constat réaliste et sans illusion que l’on peut néanmoins aller voir pour renforcer sa confiance dans l’école de la République.
La cour des miracles, de Carine May et Hakim Zouhani
France, 1h34
Avec Rachida Brakni, Anaïde Rozam, Gilbert Melki, Sérigne M'Baye (Disiz), Mourad Boudaoud, Raphaël Chassagne, Léonie Simaga, Yann Papin.
En salles le 28 septembre 2022
France, 1h34
Avec Rachida Brakni, Anaïde Rozam, Gilbert Melki, Sérigne M'Baye (Disiz), Mourad Boudaoud, Raphaël Chassagne, Léonie Simaga, Yann Papin.
En salles le 28 septembre 2022