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Monde

La cause des Ouïghours émeut peu la communauté internationale

Les pays musulmans silencieux

Rédigé par | Lundi 13 Juillet 2009 à 09:00

           

Quelques jours après les incidents au Xinjiang, les autorités semblent contrôler la situation. Mais la question est loin d’être réglée pour les Ouïghours, qui réclament, entre autres, la libération des quelque 1 400 personnes arrêtées. Une des revendications auxquelles la Chine répond par la force ; et la communauté internationale, par le silence.



Un dispositif policier massif à Urumqi.
Un dispositif policier massif à Urumqi.
Malgré une accalmie, la tension au Xinjiang est telle que le président chinois Hu Jintao, qui devait assister, jeudi 9 juillet, au sommet du G8, en Italie, a préféré interrompre son voyage. Selon lui, il ne fait aucun doute. Les incidents, qui ont fait plus de 180 victimes, ont été causés par des séparatistes ouïghours « de l’étranger », dont certains auraient été entraînés par Al-Qaida. Pékin a donc appelé la communauté internationale à s’unir derrière elle pour « lutter contre le terrorisme ».

Ces arguments ne tiennent pourtant pas, lorsque l’on tient compte de la situation dans laquelle se trouvent les Ouïghours et les différences de traitements qu’ils subissent face aux Hans chinois.

Pour mieux les contrôler, les arrestations sont monnaie courante depuis des décennies. Depuis 2001, la répression politique et religieuse envers cette minorité s’est accentuée sous couvert de l’anti-terrorisme. Pour éviter les ennuis, le silence sur cette réalité s’est installé et la cause ouïghoure a été « oubliée ». Jusqu’à aujourd’hui.

Pour tenter de se faire entendre du monde, la diaspora ouïghoure est d’ores et déjà mobilisée. Une centaine d’entre eux ont manifesté à Toronto, au Canada, mercredi 8 juillet, devant le consulat de Chine. Une cinquantaine de personnes de la communauté ont aussi fait de même en France, au Trocadéro, afin de dénoncer « le massacre du peuple ouïghour » par le gouvernement chinois.

La Chine semble à l'abri des sanctions

« Toutes les différences d’opinions, internes ou internationales, doivent être réglées pacifiquement et par le dialogue », a souligné, lundi, Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations unies. Comme lui, de nombreux pays ont appelé à la retenue, mais sans critiquer véritablement la politique chinoise.

Quant aux pays musulmans, aucun discours n'est venu défendre la cause, au point où la célèbre dissidente Rebiya Kadeer, dirigeante du Congrès mondial ouïghour, a critiqué leurs positions.

Seule la Turquie, qui entretient des rapports culturels et religieux avec le peuple turcophone, se dit « préoccupée » et a jugé les incidents d’« atrocités ».

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué qu'Ankara demanderait que le sujet soit discuté au Conseil de sécurité de l'ONU et s'est même dit prêt à accueillir Rebiya Kadeer.

Cependant, la Chine, qui a son siège permanent au sein du Conseil, a rejeté, jeudi, cette option, qualifiant les incidents de problème « interne ». Ce qui la place, vraisemblablement, à l’abri de sanctions internationales.

Mais plus encore, c'est le manque d'attention auquel le Xinjiang fait face par rapport à son voisin tibétain. Tout le monde a en tête les terribles événements de mars 2008, qui ont opposé Tibétains et autorités chinoises et qui ont fait plus de 200 morts selon le gouvernement tibétain en exil. Les réactions internationales ont plu contre Hu Jintao ; et de nombreux gouvernements, notamment occidentaux, ont même fait planer l'ombre d'un boycott politique des jeux Olympiques de Pékin.

Alors les Ouïghours musulmans sont-ils moins vendeurs que leurs voisins bouddhistes ? Il semble que ce soit le cas, d'autant plus qu'il manque un véritable dalaï-lama pour le peuple ouïghour. La responsabilité des Etats dans le respect du droit est désormais engagée.


Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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