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Sur le vif

L’exploitation des travailleurs migrants au Qatar dénoncée

Rédigé par La Rédaction | Mercredi 20 Novembre 2013 à 13:15

           


Au moment où le Mondial 2014 est dans tous les esprits après la qualification surprise de l’équipe de France, l’édition 2022 de cette compétition qui aura lieu au Qatar suscite la controverse.

Depuis plusieurs semaines, le riche Etat du Golfe est accusé d’esclavagisme moderne sur les ouvriers immigrés qui travaillent sur ses chantiers gigantesques en préparation de la Coupe du monde de football. Après l’ONU, qui a appelé le Qatar a amélioré leurs conditions de travail, c’est au tour d’Amnesty International d’interpeller l’émirat sur le sort réservé aux travailleurs migrants dans ce pays.

L’organisation internationale de défense des droits de l’Homme a publié, dimanche 17 novembre, un rapport dénonçant les conditions de travail effrayantes qu’ils subissent. « Traitez-nous comme des êtres humains : les travailleurs migrants au Qatar » titre le rapport.

1,35 million de travailleurs étrangers sont aujourd’hui présents au Qatar, notamment pour relever le défi de la Coupe du monde. Ces migrants venant pour la plupart d’Asie, (Bangladesh, Inde, Népal, Pakistan, Philippines, Sri Lanka) subissent des conditions de travail déplorables. « Amnesty International a vu des travailleurs qui étaient loin de manger à leur faim et qui vivaient dans des conditions repoussantes, sans électricité, ni eau potable ou sanitaires dignes de ce nom », est-il dénoncé.

Sur les chantiers, les accidents de travail sont courants. Ainsi, « un médecin-chef de l’hôpital général de Doha a déclaré en 2013 que plus d’un millier de personnes y étaient admises chaque année après des chutes sur des chantiers, dont près de 10 % en gardaient une invalidité permanente », indique le rapport, qui fustige les « conditions d’exploitation extrême » subies par les ouvriers. En septembre dernier, le journal britannique The Guardian relevait le décès de 44 travailleurs népalais à cause de telles conditions.

« Beaucoup de travailleurs migrants découvrent que leurs employeurs retardent, voire suspendent, le versement de leurs salaires, tandis que les hébergements qui leur sont fournis sont parfois dans un état choquant. Dans certaines situations, les migrants sont victimes de travail forcé », a aussi constaté Amnesty. C’est notamment le cas des employés de maison qui sont « explicitement exclus » du Code du travail qatarien de 2004, qui offre des protections juridiques aux travailleurs.

Le rapport délivre des témoignages d’employés floués et maltraités par leurs employeurs. Voulant fuir ce cauchemar, ils se retrouvent souvent coincés car leur passeport leur est confisqué par leur employeur. 90 % des travailleurs migrants ont été victime d’une telle situation d’après un sondage, indique Amnesty.

C’est le système de travail qatari qui permet ces injustices. Pour travailler au Qatar, tous les immigrés doivent se plier à la kafala, un système qui les oblige à avoir pour « parrain » leur employeur. « En vertu de ce texte, les employeurs peuvent empêcher leurs employés de changer de travail ou de quitter le pays et annuler leur permis de séjour », fait savoir Amnesty.

Certains employeurs font alors subir le pire à leurs employés. Et « le cauchemar ne prend même pas fin une fois de retour au pays car, après des mois ou des années de travail dans le pays le plus riche du monde, ils rentrent sans argent et endettés », dénonce encore Amnesty, qui demande une réforme de la loi sur le parrainage et l’inscription des employés de maison dans le droit qatarien.

En réaction au rapport d’Amnesty International, l’émirat a promis que les droits des ouvriers seraient respectés sur les chantiers du Mondial 2022. Mais rien de bien concret pour l’heure et le cas des employés de maison est passé sous silence.

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