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L'ampleur du sida a dépassé les pires scénarios

Rédigé par Colin Mohammed | Vendredi 5 Juillet 2002 à 00:00

           

Depuis 1980, l'épidémie du sida a tué 13 millions de personnes. En l'absence d'actions massives de prévention et de traitement, ce chiffre pourrait être multiplié par cinq d’ici vingt années.



Depuis 1980, l'épidémie du sida a tué 13 millions de personnes. En l'absence d'actions massives de prévention et de traitement, ce chiffre pourrait être multiplié par cinq d’ici vingt années.

Le virus est susceptible de provoquer la mort prématurée de 68 millions de personnes d'ici à 2020, selon le rapport de l'ONUSIDA, publié hier en préalable à l'ouverture de la 14e Conférence internationale sur le sida, qui se tiendra à Barcelone du 7 au 12 juillet. Trois millions de mort c’est le nombre de personnes que le sida a tué lors de l’année 2001. Cinq millions contaminés dont près de 800 000 enfants, le bilan est lourd. Le sida frappe sur le globe de façon inégalitaire. Le sud est évidemment le plus touché par le fléau. Ainsi la première région du monde demeurant la plus touchée par le sida est l’Afrique subsaharienne. 28.5 millions de personnes y vivent avec le virus VIH, et 3.5 personnes y ont été contaminé durant l’année 2001.

Dégât humain
Ce drame provoque des dégâts humains sans précédent, ainsi onze millions d’enfants sont devenus orphelins à cause du virus. En Afrique australe -où l'infection par le virus affecte maintenant une personne sur cinq en Zambie, un adulte sur quatre au Zimbabwe, un sur trois au Swaziland- la famine qui se profile et menace 13 millions de personnes risque d'avoir un effet dévastateur sur les populations, la malnutrition s'ajoutant aux déficits immunitaires liés au sida.

L'Afrique privée de médicaments
Les terribles inégalités se font atrocement ressentir au niveau des traitements. L’accès aux médicaments se fait avec une lenteur scandaleuse. En Afrique du Sud, les médicaments anti-sida de base comme la névirapine -qui permettrait à une grande partie des femmes enceintes séropositives de ne pas contaminer leurs bébés- ne sont toujours pas distribués et font même l'objet d'une âpre bataille juridique : l'Etat sud-africain conteste un arrêt rendu par la Haute Cour de Prétoria en invoquant des recherches à poursuivre sur l'innocuité du médicament. Les copies bon marché des médicaments anti-sida, les génériques, qui avaient été au coeur du débat à Durban, commencent à arriver en Afrique, mais au compte-gouttes. Et, sur dix millions d'Africains qui auraient besoin d'une tri-thérapie, seulement 30.000 en bénéficient, selon l'ONUSIDA.

Le sida détruit un continent
Les conséquences du fléau sont innombrables. Le sida a par exemple un impact dévastateur sur les économies et sociétés africaines 'Chaque élément de la société africaine -des enseignants aux soldats et aux agriculteurs- subit les assauts du sida', a souligné le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Peter Piot. Dans les zones rurales, le rendement agricole a été ravagé par le décès de sept millions d'agriculteurs à cause du sida. Les familles rurales tendent à exploiter des terrains plus réduits, passent à des cultures de subsistance plus faciles mais moins rétributives, et en viennent parfois à abandonner leurs fermes. La productivité de la main d'oeuvre est tombée jusqu'à 50% dans les Etats les plus touchés. D'ici 2020, plus de 25 % de celle-ci pourrait avoir disparu dans ces pays. La sécurité nationale, condition indispensable d'un développement efficace, est aussi sapée par le sida. Les ministères de la défense signalent ainsi des taux moyens de prévalence du VIH de 20% à 40% parmi les militaires, pouvant atteindre jusqu'à 50% / 60% dans les pays où le sida sévit depuis plus d'une décennie. 'La capacité des gouvernements à servir leurs citoyens est une autre victime de l'épidémie' à mesure que de nombreux fonctionnaires sont victimes de la maladie, qui grève lourdement les finances publiques, note le communiqué de l'ONUSIDA.

L'Europe de l'est ravagée par l'épidémie
« En Europe de l’est l’épidémie continue de flamber » annonce le docteur Françoise Hamers, responsable du programme EuroHIV. La Fédération de Russie, les pays baltes, du Caucase et de l’Asie Centrale connaissent une recrudescence de l’épidémie. L’Estonie, par exemple a connu un accroissement des contaminations de 278 %. Les personnes les plus touchés par le virus dans ces pays se sont de jeunes toxicomanes et leurs partenaires. « Après la chute de l'Union soviétique, les routes du trafic de drogues se sont ouvertes et l'héroïne est arrivée en masse en Russie » déclare Françoise Hamers. La situation est largement moins alarmante dans les pays de la zone Ouest. Le rapport EuroHIV rappelle qu'à la suite de l'introduction des associations de médicaments antirétroviraux, le nombre de nouveaux cas de sida y avait baissé d'un tiers et le nombre de décès dus au sida de moitié en 1997. La tendance se poursuivait en 1998 mais « depuis lors, l'incidence du sida et les décès ont diminué plus faiblement », peut-on lire dans le rapport, en particulier chez les personnes infectées lors d'un rapport hétérosexuel.





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