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Communiqués officiels

Islamophobie : l'heure est grave

Rédigé par Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) | Mardi 18 Juin 2013 à 18:35

           


C’est avec horreur et consternation que le CCIF a appris que la jeune femme enceinte, agressée violemment jeudi dernier à Argenteuil, a perdu lundi 17 juin le bébé qu’elle portait.

Nous sommes tous très attristé-e-s par cette nouvelle et partageons la douleur de la famille. Nous exprimons nos plus sincères condoléances et notre solidarité à cette famille meurtrie.

Ce drame suscite à la fois douleur et colère… Un enfant est mort, avant même d’être né. Et sa disparition affecte non seulement une famille, mais notre société toute entière.

Combien faudra-t-il de victimes ? Combien de vie brisées ? Combien de famille meurtries ? Nous avons atteint le point de non retour. Notre pays est malade car les fondements du vivre ensemble sont malmenés depuis trop longtemps, laissant libre court aux formes les plus violentes d’islamophobie.

Au-delà de ces actes inqualifiables, nous condamnons la manière dont toute cette affaire a été traitée par la police, les pouvoirs politiques et les médias. En effet, c’est à peine si les médias ont relayé ces violences, en les abordant le plus souvent au conditionnel, remettant sans cesse en question les déclarations de la victime. De victime, elle est devenue suspecte.

Quant à l’enquête, elle piétine, laissant le sentiment d’injustice grandir… Force est de constater que la police n’a pas pris la pleine mesure du climat d’insécurité qui plane sur la ville d’Argenteuil et sur notre société toute entière, malgré les actes de violence à répétition de ces dernières semaines.

Bien trop occupée à interpeller des femmes portant le voile intégral, la police n’assure plus la sécurité et le maintien de la paix. Ces interventions, trop souvent abusives, provoquent tensions et conflits.

Honte à la classe politique qui n’a pas daigné réagir face à ces évènements. Où est le ministre de l'Intérieur ? Qu’attend t-il pour se lever et s’exprimer sur ce drame, comme il l’a fait si promptement dans d’autres circonstances? Pourquoi tant de silence et d’indifférence? Le statut d’une victime dépend-il de sa confession et de ses origines? La vie d’une musulmane vaudrait-elle moins que celle d’un autre être humain ?

Avant d’être un slogan politique, l’égalité doit être un fait réel. C’est pourquoi le CCIF appelle avec force à la mobilisation de l’ensemble des Citoyen-ne-s pour exiger du ministre de l’Intérieur que tout soit mis en œuvre afin que les auteurs de ces actes soient retrouvés, jugés et condamnés.

Nous attendons aussi que M. Valls nous expose les mesures qu’il compte mettre en place pour enrayer la montée de l’islamophobie. Il revient à l’ensemble de la classe politique de condamner unanimement toutes ces violences dans un esprit de fraternité et d’égalité des droits.

Pour les inciter à remplir cette tâche, nous demandons à l’ensemble de nos adhérent-e-s, sympathisant-e-s et à toute personne éprise de justice de saisir et d’interpeller leurs représentants locaux.

Lettre-type à adresser à vos élu-e-s

Monsieur le Député – le Sénateur, Madame la Députée – la Sénatrice,

En tant qu’habitant-e de votre circonscription, je me devais de vous interpeller aujourd’hui sur des événements qui me préoccupent au plus haut point.

L’heure est grave. Ce que la France vit aujourd’hui dépasse le simple fait divers. En deux semaines, un jeune homme de 18 ans militant antifasciste est décédé sous les coups des membres d’un groupuscule d’extrême droite, une jeune fille de 17 ans qui portait le foulard s’est faite violemment agresser en pleine rue à Argenteuil par deux hommes aux crânes rasés, et une autre jeune femme, enceinte de 4 mois, s’est faite molester également dans la même ville, par le même type de personnes et pour les mêmes raisons. Elle a perdu son bébé à la suite de ces violences.

Clément Méric, Rabia, Leïla et son bébé, ne sont pas des victimes anonymes, elles ne se fondent pas dans la masse des crimes de haine et des violences racistes qui surviennent de plus en plus souvent dans notre pays des Droits de l’Homme.

Elles sont visibles. Elles s’expriment et poussent leurs concitoyens à s’indigner. Et si nous nous indignons et nous mobilisons, il est temps pour vous, Élu-e-s de la République, d’agir.

Combien de victimes faudra-t-il ? Combien de vies brisées ? Vous ne pouvez plus attendre que les choses changent et s’apaisent d’elles-mêmes. Nous avons atteint le point de non retour. Des vies humaines ont été supprimées, terrassées, mises à sac par une violence qui grandit de jour en jour sans que rien ne soit fait pour la maîtriser.

C’est pourquoi je me permets de vous interpeller aujourd’hui car vous représentez, au sein de l’hémicycle et dans vos fonctions, ma commune, ma ville, mon département, ma région, mon pays, et surtout, vous me représentez moi en tant que Citoyen-ne. Et que je serai peut-être, aujourd’hui ou demain, la nouvelle victime d’une haine sournoise dont on ne prononce que trop peu le nom.

Crime de haine. Car c’est cela dont il s’agit. Justice. Car c’est par elle que nous vaincrons.

Je vous demande donc, Monsieur/Madame, de vous lever et d’accomplir votre devoir d’élu-e en interpellant notre ministre de l’Intérieur afin d’exiger de lui des réponses. Des réponses sur comment il compte agir pour endiguer l’islamophobie galopante qui ronge notre société et ce racisme rampant qui tue.

Quelles mesures compte t-il prendre envers les ligues violentes d’extrêmes droites ? Quelles mesures compte t-il prendre en ce qui concerne les agressions répétées à l’encontre des femmes musulmanes ? Ces questions sont fondamentales, et elles appellent des réponses fermes et définitives.

J’attends donc de mes élu-e-s et de mon gouvernement qu’ils répondent à mes inquiétudes et qu’ils prennent des mesures concrètes. J’attends de vous que vous interpelliez notre ministre de l’Intérieur afin que des réponses soient apportées à mes questions et à celles de tous mes concitoyen-ne-s quelque soit leurs origines, leurs cultures et leurs croyances.

Pour cet enfant qui ne verra jamais le jour, pour Clément Méric qui n’aura pas la chance de vieillir, pour ces femmes qui désormais vivent dans la peur mais jamais ne baissent la tête. Vous devez agir. Lorsqu’un-e seul-e d’entre nous est attaqué-e dans son identité et son intégrité, c’est la société toute entière qui saigne.

Cordialement,
XXX





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