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Sur le vif

Islamophobie : Caroline Fourest, la référence de Manuel Valls

Rédigé par La Rédaction | Jeudi 1 Août 2013 à 18:58

           


Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, s’est toujours refusé jusqu’à présent d’employer le terme « islamophobie », préférant l’expression « anti-musulman », comme en témoigne son discours lors de l’iftar organisé à la Grande Mosquée de Paris.

Un choix qui suscite l’incompréhension de la communauté musulmane, qui perçoit le refus du ministre comme une manière de minimiser la réalité islamophobe dans le pays.

Manuel Valls a choisi pour sa part d’expliquer ce choix dans une interview accordée au Nouvel Observateur. Selon lui, le terme « islamophobie » suscite « la polémique » car « sa genèse montre qu’il a été forgé par les intégristes iraniens à la fin des années 1970 pour jeter l’opprobre sur les femmes qui se refusaient à porter le voile ».

Le ministre n’admet pas la définition référence de l’islamophobie comme toute agression verbale ou physique contre des lieux et des personnes en raison de leur appartenance à l’islam, et ceci sur la base de « l’argumentaire de l’essayiste Caroline Fourest ». Or, ses travaux sur l’islam sont décriés par de nombreux intellectuels et associations antiracistes. Peu importe pour le ministre : « Je choisis (les mots) que j’emploie ».

« Le terme étant entré dans le langage courant, certains parlent "d’islamophobie" de bonne foi pour évoquer le racisme contre les arabo-musulmans. En revanche, d’autres, défenseurs d’un islam fondamentaliste – en particulier les salafistes – l’utilisent avec un objectif bien clair : empêcher toute critique de la religion et s’opposer aux principes de la République », déclare-t-il. « Pour les salafistes, "l’islamophobie" est un cheval de Troie qui vise à déstabiliser le pacte républicain », ajoute-t-il.

En mettant l’accent sur ces « salafistes » et autres « sites djihadistes » qui utiliseraient « l'islamophobie » comme une arme contre les libertés dont la République serait garante, le ministre finit par jeter la suspicion sur l’ensemble des musulmans quant à leurs intentions dans l'usage actuel qu'ils font de l’islamophobie.

« La victimisation par rapport aux juifs est une vieille technique antisémite. On dit alors que les juifs sont davantage protégés par les autorités que les musulmans », ajoute M. Valls, pour qui « la police et la justice font leur travail », citant le cas de trois musulmanes frappées à Orléans qui ont obtenu une condamnation de leur agresseur.

Pour Manuel Valls, l’important reste « de souligner une réalité : les actes racistes et xénophobes exercés à l’encontre de nos compatriotes musulmans ont augmenté de 28% depuis 2012 ! » (57 % par rapport à 2012 selon le CCIF. Certes. Mais l'oreille attentive portée par le ministre à Caroline Fourest interroge sur la crédibilité de son discours à l'égard des musulmans. En rejetant l'islamophobie de son vocabulaire, il disqualifie le combat mené par de nombreuses associations en la matière - à commencer par le CCIF - qui n'entendent pas pour autant changer leur discours.

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