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Société

Islam d’en haut et Islam d’en bas

Rédigé par Colin Mohammed | Lundi 21 Octobre 2002 à 00:00

           

« L’Islam des Banlieues, c’est l’Islam des excités » lâche le recteur de la mosquée de Paris à nos confrères de 20 min lors d’une interview publiée le vendredi 18 octobre. Coupé de la base, Dalil Boubakeur ne fait qu’élargir le fossé qui le sépare des musulmans de France issus des quartiers populaires.



« L’Islam des Banlieues, c’est l’Islam des excités » lâche le recteur de la mosquée de Paris à nos confrères de 20 min lors d’une interview publiée le vendredi 18 octobre. Coupé de la base, Dalil Boubakeur ne fait qu’élargir le fossé qui le sépare des musulmans de France issus des quartiers populaires.

 

L'Islam des excités

A la suite des convocations des renseignements généraux jugées scandaleuses par les responsables musulmans du 93, loin de s’indigner du flicage des musulmans, Dalil Boubakeur renchérit : « j’aurais tendance à prévenir les RG quand il se passe quelque chose » Très à l’écoute des mosquées de banlieues il prévient que « de plus en plus de jeunes passent des cités à Peshawar ». En effet ces intégristes « exploitent le désoeuvrement de ces jeunes, leur désarroi, et le manque de perspectives d’intégration ». Pour preuve, il a reçu « un livre d’un de ces jeunes intitulé Maudite soit la France » Ce jeune de 35 ans n’est autre que Farid Abdelkrim, ex président des Jeunes Musulmans de France. Sous le titre provocateur de Na’al bou la France ?! l’auteur qui a sillonné l’hexagone au travers de milliers de conférence explique les difficultés des jeunes musulmans à être perçu comme citoyen à par entière et la complexité du ras le bol s’exprimant par un cinglant na’al bou la France ! N’ayant visiblement pas compris cette démarche, on peut se demander s’il a bien lu le livre, pire encore si éloigné des musulmans de France il n’a su saisir le sens du livre. Ce qui est certain, c’est sa fidélité aux idées politiques du type « la banlieue, mère de tous les vices », car il n’hésite pas à déclarer que « l’Islam des Banlieues, c’est l’Islam des excités »

 

Dalil Boubakeur en position inconfortable

Fort de son engagement balladurien, Dalil Boubakeur n’est pas embarrassé de se mettre à dos toutes les organisations musulmanes au risque de faire échouer la consultation puisque le soutien de Nicolas Sarkozy semble acquis. Le ministre de l’Intérieur s’était plié au moins de juin à la volonté de la mosquée de Paris de reporter les élections du Conseil Français du Culte Musulman, bien que Fouad Alaoui, secrétaire général de l’UOIF et les différentes fédérations musulmanes s’étaient indignés de cette éventualité devant un public de 60 000 musulmans au congrès du Bourget. Démocratiquement, les élections du Conseil Français du Culte Musulman risque de placer en position inconfortable la mosquée de Paris.

Après le discours du ministre fait dans ses lieux, la mosquée de Paris tente un nouveau tour de force en tirant à boulets rouges sur les associations musulmanes qu’elle stigmatise d’intégristes. On peut déjà entendre des bruits de couloirs faisant comprendre que place Beauvau envisagerait d’imposer la présidence à Dalil Boubakeur qui serait dans ce cas le seul habilité à parler au nom des musulmans.

 

Décalage entre la mosquée de Paris et les musulmans de France

Manquant de dynamisme et réduit à sa valeur de symbole, la mosquée de Paris semble hermétique aux aspirations des musulmans de France. A Tours, Dalil Boubakeur est ainsi intervenu pour soutenir un projet de mosquée devant être bâti en périphérie de ville, tout prêt d’une déchetterie. Pourtant les musulmans tourangeaux rejettent cet emplacement, bien que le bureau de la mosquée composé de notables aillent dans le sens de la mairie. Plus particulièrement les jeunes, détachés du pays d’origine de leurs parents veulent une visibilité du lieu de culte au cœur de la ville. Mais cela n’a pas empêché le recteur de la mosquée de Paris d’apostropher d’illuminé, Nabil Mar zouk et au travers de lui toute la communauté musulmane de Tours opposante au projet, dans La Nouvelle République du 18 octobre. L’attitude complètement décalée de la mosquée de Paris avec la base musulmane ne fait qu’amoindrir sa légitimité.





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