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Religions

Hajj et santé : comment réussir son pèlerinage quand on est malade ou âgé ?

Hadj 2012

Rédigé par Hanane Chafik | Vendredi 12 Octobre 2012 à 08:15

           

Pour conclure cette série d’articles consacrés à la préparation médicale du pèlerinage, j’aborderai ici les conseils spécifiques aux personnes âgées et/ou malades, et le cas particulier des femmes enceintes et des enfants. En effet, en plus des conseils généraux abordés précédemment, il y a quelques précautions supplémentaires à prendre.



A La Mecque, un pèlerin indien prend une pause après de longues heures de prière.
A La Mecque, un pèlerin indien prend une pause après de longues heures de prière.

Le choix de l'agence

Pour ceux qui pourraient avoir besoin d’un suivi médical au cours du voyage, ou d’une aide humaine pour les déplacements, ou d’une hospitalisation, il convient de choisir une agence qui dispose d’un professionnel de santé parmi les accompagnants.

Celui-ci verra le futur pèlerin avant le départ, prendra connaissance de ses pathologies et de ses traitements, et pourra même prendre contact avec son médecin traitant pour aider aux prescriptions avant le départ, éventuellement se procurer le dossier médical en anglais, etc. Ce professionnel de santé connaît les Lieux saints, les moyens d’accès aux hôpitaux, il facilitera la prise en charge du pèlerin en cas de besoin.

N’oubliez pas de prendre vos papiers d’assurance « Assistance rapatriement », et renseignez-vous auprès de votre assurance sur la procédure à suivre si besoin.

Les médicaments

Il faut vous faire prescrire vos médicaments pour toute la durée du séjour, et ajouter une réserve de 10 jours en cas de prolongement imprévu du séjour ou de perte de médicaments.

Répartissez-les ensuite en deux endroits différents, car il n’est pas rare que des bagages s’égarent pendant le voyage.

Prenez toujours votre ordonnance avec vous, afin de justifier la présence d’aiguilles ou de seringues pour les diabétiques par exemple, ou de médicaments opiacés. Et ne les placez pas en soute s’ils peuvent être altérés par la congélation (l’insuline, par exemple, ne résisterait pas).

Quant aux médicaments d’urgence, du type Ventoline pour les asthmatiques, Trinitrine pour les insuffisants coronariens, sucre rapide pour les diabétiques, antiépileptiques pour les épileptiques, etc., il faut toujours les avoir sur soi à portée de main.

Quelques conseils spécifiques par pathologie

1. Les diabétiques
Ceux qui sont sous insuline multiplieront les contrôles glycémiques en début de voyage, afin de surveiller l’évolution de leur glycémie dans les nouvelles conditions climatiques et alimentaires et de procéder aux ajustements nécessaires.
Surveillez également très fréquemment vos pieds, vous êtes davantage sensibles aux mycoses et lésions plantaires, et la chaleur (transpiration, macération) ainsi que la marche (piétinement, longues distances pendant les rituels) pourraient blesser vos plantes de pied sans que vous vous en aperceviez.
De même, pendant la période des rituels, les hommes portent l’ihram qui est un pagne sans pantalon ni sous vêtements, et du fait de longues marches au soleil, le frottement des cuisses peut provoquer des lésions cutanées, mycoses et surinfections. Pensez donc à appliquer de la Biafine ou autre sur les cuisses pour éviter ces désagréments.

2. Les cardiaques
Ceux qui ont des médicaments diurétiques, laxatifs, ou anti-arythmiques devront être particulièrement vigilants en cas de diarrhée ou déshydratation : la perte de potassium peut être fatale.
Les porteurs de pace-maker prendront leur fiche technique (en cas de dysfonctionnement) et signaleront la présence de cet équipement à l’aéroport.

3. Les épileptiques
Attention au manque de sommeil qui peut favoriser la survenue de crises.
Prenez des boules Quies en cas de nuisances sonores nocturnes insomniantes, et pensez à faire des siestes aux heures les plus chaudes de la journée.

Les cas particuliers

1. Les enfants
Les enfants sont encore plus sensibles à la déshydratation. Surveillez bien leur ration de boisson quotidienne.
En cas de diarrhée, veillez à leur proposer des SRO (solutés de réhydratation) à volonté ; et, en l’absence de ces sachets, vous pouvez le composer vous-même : 1 litre d’eau avec 6 cuillères à café rases de sucre et ½ cuillère à café de sel.

2. Les femmes enceintes
Evitez ce voyage après la 28e semaine de grossesse du fait du risque élevé de phlébite en avion, et aussi du fait de la fatigue, de la chaleur et de la marche.
Il y aura de nombreux déplacements pendant ce voyage. Certaines ont insisté pour le faire mais n’ont pas pu accomplir les rituels du fait de leur fatigue, il vaut donc peut- être mieux reporter le pèlerinage plutôt que de le vivre à moitié.
De plus, la plupart des vaccins sont contre-indiqués pendant la grossesse…


Ces conseils sont destinés aux futurs pèlerins pour les aider à préparer et à vivre leur voyage en bonne santé, ainsi qu’à leurs proches, parents ou enfants, qui pourraient leur transmettre ces recommandations et, enfin, aux professionnels de santé qui seraient susceptibles d’être sollicités par les futurs pèlerins pour les conseiller et leur délivrer des ordonnances préventives.

Je souhaite à tous les futurs pèlerins un voyage enrichissant, serein et en bonne santé.

POUR UN PÈLERINAGE EN BONNE SANTÉ !

Chaque année des millions de musulmans se rendent à La Mecque pour accomplir le pèlerinage sacré. Ce voyage est une expérience unique, une opportunité pour les musulmans d’accomplir un des cinq piliers de l’islam, de visiter les villes saintes de leur religion et de vivre d’intenses moments de spiritualité, de fraternité et de communion dans un des lieux les plus fascinants au monde.

Ce voyage exceptionnel mérite d’être bien préparé, afin de profiter au mieux de chaque instant, et limiter au minimum le risque de problème de santé qui gâcherait tout ou partie du séjour…

Je livre ces conseils en tant que médecin généraliste habituée à voir les patients avant et après leur pèlerinage, mais également en tant qu’observatrice ayant effectué ce voyage plusieurs fois.

Nombre de jeunes adultes, a priori en bonne santé, passent une semaine alités au cours de leur pèlerinage.
Nombre de personnes âgées ou a priori polypathologiques (souffrant de maladies, prenant des médicaments) accomplissent tous les rituels en pleine forme, et parfois avec plus d’énergie et d’enthousiasme que les jeunes valides !

Ces conseils sont destinés aux futurs pèlerins pour les aider à préparer et à vivre leur voyage en bonne santé, ainsi qu’à leurs proches, parents ou enfants, qui pourraient leur transmettre ces recommandations, et, enfin, aux professionnels de santé qui seraient susceptibles d’être sollicités par les futurs pèlerins pour les conseiller et leur délivrer des ordonnances préventives.

Dr Hanane Chafik, médecin généraliste






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