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Fin de guerre au Soudan

Rédigé par Bamba Amara | Mardi 11 Janvier 2005 à 00:00

           

Le colonel John Garang a signé la paix avec Omar Al-Bachir, le chef de l’Etat soudanais. Commentant cet événement historique qui s’est tenu le dimanche 9 janvier à Naïrobi (Kenya), le chef de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) a déclaré que ' Le Soudan ne sera plus le même '. Cet accord de paix intervient après vingt années de conflit qui a coûté la vie à près d’un demi-million de personnes et déplacé quatre millions d’autres. Depuis son accession à l’indépendance il y a 49 ans, l’ancienne colonie britannique n’a connu que onze années de paix.



Le colonel John Garang a signé la paix avec Omar Al-Bachir, le chef de l’Etat soudanais. Commentant cet événement historique qui s’est tenu le dimanche 9 janvier à Naïrobi (Kenya), le chef de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) a déclaré que ' Le Soudan ne sera plus le même '. Cet accord de paix intervient après vingt années de conflit qui a coûté la vie à près d’un demi-million de personnes et déplacé quatre millions d’autres. Depuis son accession à l’indépendance il y a 49 ans, l’ancienne colonie britannique n’a connu que onze années de paix.

Depuis son indépendance intervenue le 1er janvier 1956, l’espoir n’avait jamais autant habité les Soudanais. Car la fin de la colonisation anglaise du Soudan a marqué le début de troubles qu’un système colonial particulièrement machiavélique avait préparé pour ce pays.

Les séquelles de la colonisation

Avec ses 2,5 millions de km2 (soit 4,5 fois plus vaste que la France), le Soudan est situé à la lisière du monde Arabo-musulman (le Nord) et du monde Noir africain (le Sud). Pour des raisons que seul l’esprit colonial saurait justifier, les Anglais avaient délibérément maintenu le Sud dans un état d’isolement, à l’image d’un zoo humain où toute introduction de progrès était prohibée. Par contre, le Nord du pays qui fait fontière avec l’Egypte et la Libye était ouvert aux échanges économiques et culturels avec l’extérieur. Au départ des colons, le décalage économique ainsi créé s’ajoute au décalage culturel entre les populations arabo-musulmane du Nord et chrétiennes et animistes du Sud. En toute logique, le pouvoir politique est tenu par les élites du Nord. Elles sont issues d’une population majoritaire et nourrissent l’ambition d’instaurer la langue arabe et la religion musulmane à l’ensemble du pays afin de réaliser ' l’unité nationale '. Un projet que rejette les populations du Sud. Le régime militaire du général Abboud (1958-1964) tente d’imposer l'arabe et l'islam dans tout le Sud. Les opposants sont menacés, emprisonnés et violemment réprimés. La tension aboutit à une situation de guerre civile qui aura raison du régime du général Abboud en 1964. Ce fut la 'révolution populaire' qui installa un gouvernement de coalition sans réellement parvenir à rétablir une paix stable dans le sud. La configuration devient plus complexe dans les années 1980-1981 lorsque de juteux gisements de pétrole sont découverts dans le Sud.

Maintenant, la paix dans le Darfour

Les tentatives militaires des différents gouvernements de Khartoum ne parviennent pas à soumettre le Sud Soudan à leurs projets d’islamisation et d’arabisation. Les coups d’Etat se succéderont avec la même obsession soldée par des échecs accusés dans des bains de sang. La Soudan People Liberation Army (SPLA) dirigée par le colonel John Garang saura tenir tête aux soldats du général Omar Al-Bachir à la tête du pays depuis 1989. Mais avec des idéologues comme Hassan El Torabi, ce régime de Khartoum n’a jamais su se faire accepter sur le plan international malgré les efforts diplomatiques développés par l’ONU pour maintenir le dialogue entre les protagonistes.

L’attrait de la manne pétrolière, la confrontation des idéologues religieux en armes et les intérêts des chefs tribaux soucieux de leurs pouvoirs, furent autant d’ingrédients propres à susciter l’intérêt des chefs d’Etats voisins (dont Kadaffi, Idriss Déby, Bokassa-Bozizé, Kabila (père et fils), Musévéni) pour maintenir l’état de guerre. Pendant ces années, la SPLA a donc pu bénéficier de diverses alliances dans les pays voisins (Kenya, Ouganda, Congo-Kinshasa et République centrafricaine). Mais surtout le mouvement a bénéficié de l’assistance militaire des États-Unis. La présence de Colin Powel, secrétaire d’Etat américian, à la signature de l’accord de paix de dimanche ne présente aucune surprise. A quelques jours de son départ de la Maison Blanche, cet accord est un beau cadeau diplomatique offert à M. Powel. Et malgré l’euphorie du moment, le chef de la diplomatie américaine a attiré l’attention sur l’autre conflit qui ruine le Soudan. Il a appelé les signataires de l’accord de paix à ' travailler ensemble immédiatement afin de mettre fin à la violence et aux atrocités au Darfour. Pas le mois prochain, tout de suite, dès aujourd'hui '.

 





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