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Religions

Faire Ramadan et ses prières dans l'espace, est-ce possible ?

Rédigé par Imane Youssfi | Vendredi 2 Juin 2017 à 18:30

           

Après avoir passé six mois dans l’espace, l’astronaute français Thomas Pesquet et le commandant russe du vaisseau Soyouz Oleg Novitski sont de retour sur Terre depuis vendredi 2 juin. Les astronautes, qui ont atterri dans les steppes du Kazakhstan, ont vu leur retour suivi de très près, notamment en France. Ce voyage dans l’espace, l'occasion d'aborder une question qui n'a jusque là été que très peu abordée : comment un astronaute de confession musulmane peut-il pratiquer son culte en orbite ?



Faire Ramadan et ses prières dans l'espace, est-ce possible ?
En octobre 2007, Muszaphar Shukor, astronaute malaisien de confession musulmane, effectuait son premier voyage dans l’espace, en plein mois de Ramadan. Il était d’ailleurs le premier astronaute malaisien à effectuer un tel voyage. Avant son départ, le scientifique, âgé de 34 ans à l’époque, avait promis de s’arranger pour « pour prier et observer le jeûne ».

Dans cet espace clos, l’être humain, en apesanteur tout au long de son voyage, se retrouve confronté à plusieurs obstacles, parmi lesquels figure la notion du temps. En effet, la station spatiale internationale (ISS) effectue seize rotations autour de la Terre toutes les 24 heures. En suivant ce rythme, un astronaute de confession musulmane devrait s’acquitter de 80 prières quotidiennes, ce qui est tout bonnement impossible.

Un guide pour pratiquer son culte dans l'espace

En Malaisie, les autorités ont préféré devancer le problème dès 2003 lors de l'annonce de l'envoi d'un astronaute malaisien dans l'espace avec ISS. L’Agence spatiale nationale malaisienne (Angkasa), en coordination avec le Département du développement islamique de Malaisie (JAKIM) a organisé, en avril 2006, une conférence rassemblant 150 chercheurs et savants musulmans.

A l’issue de cette rencontre, un livret de 8 pages a été établi, listant des recommandations et des dérogations pour pratiquer sa religion sereinement dans l'espace. Les directives s'agissant de la pratique des actes cultuels (ibadah) dans la station spatiale internationale (ISS) (ici disponible) ont été approuvées par le Conseil de la fatwa de Malaisie.

Dans le rapport, il est expliqué, pour les prières quotidiennes, que l’astronaute doit se référer au temps défini sur Terre (24 heures) et au lieu où le scientifique a décollé. Dans le cas de Muszaphar Shukor, il s’agissait pour lui de prier selon les horaires de Baïkonour, au Kazakhstan. Parmi les recommandations qui lui ont été dictées, on peut citer les ablutions sèches ainsi que le rassemblement des prières et leur raccourcissement, similaire aux prières effectuées dans le cadre d'un long voyage.

L'astronaute peut privilégier la position assise s’il ne lui est pas possible de prier debout. Quant à l'orientation vers la qibla, La Mecque sur Terre, il suffira à l'homme de prier en direction de la Terre. Dans une vidéo postée sur Youtube, on peut voir Muszaphar Shukor effectuer sa prière à bord de l’ISS.

Qu'en est-il du jeûne du mois du Ramadan ? L'astronaute a la possibilité de jeûner en s’accordant avec le fuseau horaire du lieu de départ. En situation de voyage, il peut aussi les reporter dans la mesure où il rattrape les jours manqués sur Terre.

D'autres problématiques ont été soulevés jusqu'au plus extrême comme la mort. Si la mort d'un astronaute devait survenir dans l'espace, le corps devra être amené sur Terre. Si cela s'avère impossible, des procédures simples d'inhumation sont prévues.

Muszaphar Shukor est resté une dizaine de jours dans l’espace en 2007, loin des six mois effectués par le Français Thomas Pesquet. En 1985, Sultan bin Salman Al Saud, un membre de la famille royale saoudienne, a été le premier musulman – et le premier Arabe – à se rendre dans l’espace.





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