L’un s’appelle Peter Agre, l’autre est Roderick MacKinnon. Ils sont américains. Ils sont les lauréats du prix Nobel de chimie 2003. Peter Agre est professeur de biochimie et de médecine à l'Université de médecine Johns Hopkins de Baltimore dans le nord-est des Etats-Unis. Roderick MacKinnon est professeur de neurobiologie moléculaire et de biophysique à l'Institut médical Howard Hughes. Un institut lié à l'Université Rockefeller de New York. Agés respectivement de 54 ans et de 47 ans, le Pr. Agre et le Pr. MacKinnon sont parmi les lauréats les plus jeunes de l’histoire du Nobel.
Des découvertes capitales pour la science
De l’avis de leurs paires, les recherches des deux lauréats ont permis d''élucider la façon dont les sels (des ions) et l'eau sont transportés à travers la paroi des cellules'. Selon l’Académie royale des sciences de Suède, cette découverte est ' d'une importance capitale pour notre compréhension d'un grand nombre de maladies, rénales, cardiaques, musculaires ou affectant le système nerveux'.
En 1988, le Pr. Agre a pu expliquer comment les cellules du corps humain transportaient l’eau par ' les canaux à eau '. Il révèle alors l’existence d’une protéine dont le rôle est de transporter l’eau. Ces protéines nommées les ' aquaporines ' sont au nombre de 200. L’homme en porte 10, les autres se retrouvant dans les plantes et les animaux. Ces aquaporines jouent un grand rôle dans l’hydratation du corps surtout dans les conditions chaleur extrême.
L’on doit au Pr. Roderick MacKinnon, d'importantes découvertes sur les canaux à ions (sels), essentiels au système nerveux et aux muscles. Ces canaux interviennent dans la régulation du rythme cardiaque et dans les sécrétions hormonales. Ce qui ouvre de nouvelles voies pour la recherche contre de nombreuses maladies nerveuses telles que l’épilepsie et certaines formes de douleurs.
Alfred Nobel, scientifique et industriel suédois
Le prix Nobel, comme son nom l’indique, est une initiative philanthropique d’Alfred Nobel (1833-1896), scientifique et industriel suédois. Chercheur, créateur et passionné de sciences, M. Nobel avait à son actif 355 brevets d’inventions dont, curieusement, le brevet du bâton à dynamite. Astucieux homme d’affaire, il fit fortune et décida de la mettre au service de la littérature, la science et la paix. Son testament précise que ses biens soient utilisés pour récompenser la personne qui aura apporté le plus grand bienfait à l’humanité dans cinq disciplines : La paix, la littérature, la physique, la chimie, la médecine (ou la physiologie). La petite histoire rapporte que M. Nobel aurait volontairement exclu les mathématiques de sa liste en représailles envers son épouse dont l’amant était un brillant mathématicien qui avait toutes les chances d’obtenir son prix s’il l’avait instauré dans cette discipline.
Face à un testament aussi original, les légataires du scientifique tergiversèrent longtemps avant de convenir de la création de la fondation Nobel chargée d’attribuer le prix du même nom.
Les cinq prix de la fondation Nobel
La fondation est structurée selon quatre pôles chargés d'attribuer les différents prix. L’un s’occupe des prix de physique et de chimie selon la décision de l’Académie royale des sciences de Suède. Un autre se charge du prix de médecine sous l’autorité de l’Institut Karolinska. Le prix Nobel de littérature est confié à l'Académie de Suède. Quant au convoité prix Nobel de la paix, il relève du comité Nobel norvégien.
Les cinq premiers prix Nobel furent décernés en 1901. En 1968, la banque de Suède a institué un prix qui récompense les travaux en économie, à la mémoire d’Alfred Nobel. Il est attribué par l'Académie royale des sciences de Suède, selon les mêmes critères que le prix Nobel.
Chaque année, un comité Nobel est créé par pôle. Chaque comité invite des chercheurs et des spécialistes, à travers le monde, à soumettre la candidature d'une personne de leur choix pour le prix Nobel. Les personnalités ainsi invitées ne peuvent pas se recommander eux-mêmes.
Les comités étudient, avec l’aide d’experts, les candidatures proposées et procèdent à une présélection qui est transmise à la fondation Nobel. Par voie de vote, l’Assemblée Nobel de la discipline désigne le lauréat du prix Nobel de leur spécialité. Les noms des lauréats sont révélés au début du mois d’octobre.
Les musulmans et la science aujourd’hui
Selon Ahmed Zewail, chimiste, directeur du Laboratoire de sciences moléculaires à l’Institut de technologie de Californie, Américain d’origine égyptienne et premier scientifique d’origine arabe à avoir reçu le prix Nobel en science en 1999, 'l’écart est beaucoup trop grand entre les bien nantis et les pauvres, et la science serait un merveilleux véhicule pour aider à diminuer cet écart '.
Les livres d’Histoire mentionnent que le monde musulman fut à l'avant-garde de la science il y a un bon millier d’années. L’astronomie, la physique théorique, la géographie, les mathématiques, la médecine furent le fer de lance d’une dynamique initiée par l’avènement de l’Islam. Selon Adulkarim Al-Eryani, microbiologiste formé à l'Université Yale, conseiller politique du président du Yémen, ' Nous avons hérité d'un Age obscur en refusant de nouvelles façons de penser et de nouvelles théories '. Dans certains pays musulmans, poursuit-il, ' la science est devenue l'esclave de la religion '.
En recevant leur prix le 10 décembre prochain, à Stockholm, les deux lauréats de ce Nobel 2003 de chimie, se partageront 10 millions de couronnes suédoises (1,11 millions d'euros).