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Culture & Médias

De La Mecque à l’Andalousie, la musique en terres d’islam

Rédigé par | Mercredi 16 Août 2017 à 08:30

           

Une plongée dans l’Histoire montre que la musique a toujours traversé les territoires d’islam et fait rayonner ses civilisations.



De La Mecque à l’Andalousie, la musique en terres d’islam
Dès le début du VIIe siècle, une forme de musique définie comme musulmane apparait du Nil jusqu’à la Perse sans pour autant évincer les autres traditions folkloriques, notamment d’Afrique du Nord et d’autres groupes d’Afrique noire jusqu’en Turquie. La musique classique est caractérisée par une alliance subtile entre mélodie et rythme dans lequel la voix de l’artiste joue un rôle prédominant. Très tôt, la musique classique est le fait de la cour du calife et des classes de l’élite arabo-musulmane.

Durant la période préislamique, la musique est d’abord liée à la danse et à la poésie et est in fine une extension des joutes musicales des sociétés tribales bédouines d’alors. Ces deux arguments et traditions vont aisément amener la musique à être associée à l’alcool, à l’enivrement et autres plaisirs interdits. Pourtant, limiter la musique arabo-musulmane à ces pratiques est une amputation et une négation de l’Histoire.

À l’origine de la musique classique

Dès le début de l’ère islamique, les premiers musulmans faisaient de la musique une source de fierté. À La Mecque et à Médine, les familles puissantes rivalisaient avec leurs troupes de musique composées alors d’esclaves qu’ils affranchissaient.

Musiciens et leurs instruments de musique, miniature de Levni, XVIIIe s., palais de Topkapi.
Musiciens et leurs instruments de musique, miniature de Levni, XVIIIe s., palais de Topkapi.
C’est dans ce milieu que la musique classique prit forme, notamment aussi par l’apport des cultures désormais conquises par les premiers musulmans. Ainsi, l’oud considéré comme l’instrument classique de cette tradition est une variante du luth de Perse.

Les trois premiers siècles de l’ère islamique avec l’avènement de la dynastie omeyyade constitue un moment clef dans son élaboration. C’est à cette époque qu’apparait Ibn Misjah décrit comme le fondateur de la musique classique. Né à La Mecque d’une famille persane, il fut théoricien, chanteur et joueur d’oud. On retrouve ses contributions dans une des plus importances sources sur la musique au Moyen Âge en terres d’islam : Kitâb al-Aghânî (Livre des chansons), rédigé par Abu Al Faraj al-Isfahânî au Xe siècle.

Aussi surprenant que cela puisse paraitre aujourd’hui, de grands philosophes tels que al- Kindî, Al Fârâbî ou encore Ibn Sina (connu en Europe sous le nom d’Avicenne) furent d’importants contributeurs à la musique classique par leurs écrits. Al Fârâbî, par exemple, rédigea Kitâb al-musîqî al-Kabîr (Grand Traité sur la musique).

La musique comme d’autres domaines des humanités ont fait l’objet de l’excellence arabe, grâce à l’apport des traités grecs connus de ces auteurs et qu’ils ont enrichis.

L’Andalousie musulmane, terre de métissage

Parallèlement aux centres de Damas et de Bagdad, un autre centre de musique se développe en Espagne dès le IXe siècle d’abord, sous les survivants de la dynastie omeyyade, puis sous les Berbères almoravides (XI-XIIe siècles) et sous les Almohades.

Les rencontres et métissages des cultures locales, berbères et de l’Orient font émerger de nouvelles formes poétiques et styles musicaux, parmi lesquels le « tarab andalousien », que l’on retrouve aujourd’hui encore au Maghreb.

L’Andalousie, dès le Xe siècle, devient un grand centre de production d’instruments dont l’influence s’étendra jusqu’en Provence et aurait largement influencé le style des troubadours français du Moyen Âge et au-delà. En effet, beaucoup des noms d’instruments sont des emprunts de la langue arabe (qithara a donné « guitare » en français).

L’intensification des contacts avec l’Occident

Le début du XIXe siècle est profondément marqué par les contacts entre la musique islamique traditionnelle et l’Occident. En Turquie, en Perse ou au Caire, des musiciens et compositeurs occidentaux sont invités à créer des conservatoires ou des troupes militaires musicales. C’est ainsi que Verdi présenta son œuvre Aïda l’année de l’inauguration de l’Opéra du Caire en 1871.

C’est notamment de ces contacts et altérations que va émerger une certaine forme de renaissance et ainsi se renforcer le centre égyptien de la musique arabe moderne, culminant avec Oum Kalthoum (m. en 1975) et Abdel Wahab (m. en 1991).



Samia Hathroubi
Ancienne professeure d'Histoire-Géographie dans le 9-3 après des études d'Histoire sur les débuts... En savoir plus sur cet auteur



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