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Points de vue

De Bruxelles à Paris, citoyennes, féministes et musulmanes

Rédigé par Collectif de citoyennes musulmanes | Vendredi 14 Octobre 2016 à 11:00

           


De Bruxelles à Paris, citoyennes, féministes et musulmanes
En Belgique, les mesures en vue de refouler hors de la vie sociale les musulmanes portant le foulard se multiplient. Ne nous contraignez pas au repli communautaire, devenons des alliés.

Nous sommes des femmes qui vivons et agissons en Belgique. Nos pays d’origine, nos profils, engagements et centres d’intérêt sont très divers, mais les images que l’on produit de nous nous réduisent à une seule facette de notre identité dans laquelle on nous enferme : nous sommes musulmanes. Certaines d’entre nous se couvrent la tête d’un foulard que vous appelez « islamique ». Pour la plupart, nous sommes croyantes. Mais, toutes, nous nous sentons assignées à une identité fantasmée qui nous met systématiquement dans le même sac que des assassins. De là vient la solidarité qui nous soude aujourd’hui, notamment entre « voilées » et « non voilées ». C’est à partir de cette solidarité que nous nous adressons à vous. Et, aussi, à partir de toutes nos identités choisies, trop ignorées. Dont celle-ci : nous sommes féministes.

Un ciblage systématique

Nous vivons des temps difficiles. L’irruption sur le sol européen d’un terrorisme qui tue aveuglément au nom de l’islam a mis fin à l’illusion que nous pouvions nous tenir à l’écart des violences du monde. Que notre société cherche à se protéger, quoi de plus naturel ? Nos responsables répètent à l’envi qu’il faut éviter les amalgames et ne pas confondre une poignée de criminels avec la grande masse des musulman(e)s. Alors pourquoi a-t-on l’impression que c’est cette grande masse qui est systématiquement ciblée dans les discours et les pratiques ?

La lamentable saga du « burkini » vient encore de l’illustrer. Tout ce vacarme pour quelques femmes qui ne se déshabillent pas comme il faudrait ! La pente naturelle de cette nouvelle hystérie française qui s’exporte déjà en Belgique, c’est l’interdiction des « signes religieux ostentatoires » dans tout l’espace public. Ça ne viserait une fois de plus que des femmes, pour l’immense majorité d’entre elles parfaitement inoffensives, et ça ne gênerait aucun terroriste en puissance. Est-ce ainsi qu’on pense éviter l’amalgame entre une toute petite minorité criminelle et l’ensemble de la population musulmane ?

De Bruxelles à Paris, citoyennes, féministes et musulmanes

Les interdits se multiplient

En Belgique, on n’a pas attendu le « burkini » pour prendre de multiples mesures en vue de refouler hors de la vie sociale les musulmanes portant le foulard. Les interdits se multiplient dans l’emploi comme dans l’enseignement. Dernières péripéties en date : à partir de la rentrée de septembre, deux écoles fréquentées par des adultes, à Bruxelles et à Liège, ont changé leur règlement d’ordre intérieur pour y interdire le foulard. Cela concernera plus d’une cinquantaine d’étudiantes en cours de scolarité. La Belgique va ici plus loin que la France qui limite l’interdiction du foulard à l’enseignement secondaire. Le candidat Sarkozy, qui court derrière le Front national, a déclaré vouloir étendre cette interdiction à l’enseignement supérieur. En Belgique, c’est déjà chose faite, sans aucun débat…

Seules des femmes sont concernées par toutes ces mesures. Ça ne vous choque pas ? Pourquoi aucun des interdits ne vise les « barbus » ? Ne serait-ce pas parce qu’il y a autant de barbes musulmanes que de barbes profanes et qu’il n’existe aucun moyen infaillible pour les distinguer ? N’est-ce pas là la preuve que la neutralité d’une apparence, cela ne veut rien dire et que la neutralité ou l’impartialité résident seulement dans les actes posés ?

Nous le voyons bien : ce foulard, celui de nos mères, de nos sœurs, de nos amies vous trouble. A la lumière du long combat des féministes d’Occident, mené notamment contre l’emprise d’une Eglise dominante, vous ne pouvez y voir qu’une régression. Nous devons à ce combat des libertés que nos mères et nos grands-mères n’auront souvent jamais connues. Nous pouvons désormais échapper à la tutelle masculine et nous ne nous en privons pas. En particulier, aucun homme, père, frère ou mari ne pourrait se permettre de nous imposer une tenue vestimentaire contre notre volonté - même si nous savons bien que ce n’est pas une règle générale.

Toutes, nous sommes pleinement le produit de notre culture européenne, même si, pour beaucoup parmi nous, celle-ci est métissée d’un ailleurs. Pour celles d’entre nous qui le portent, le foulard ne saurait être un affront aux valeurs démocratiques puisque celles-ci sont aussi les nôtres. Il ne signifie absolument pas que nous jugerions « impudiques » les femmes qui s’habillent autrement. Comme féministes, nous défendrons toujours le droit des femmes d’ici et d’ailleurs à se construire leur propre chemin de vie, contre toutes les injonctions visant à les conformer de manière autoritaire à des prescriptions normatives.

Devenir des allié(e)s

Vous affirmez souvent que nos foulards sont des signes religieux. Mais qu’en savez-vous ? Certaines d’entre nous sont croyantes et pourtant ne le portent pas, ou plus. D’autres le portent dans la continuité d’un travail spirituel, ou par affirmation identitaire. D’autres encore par fidélité aux femmes de leur famille auxquelles ce foulard les relie. Souvent, toutes ces motivations s’imbriquent, s’enchaînent, évoluent dans le temps. Cette pluralité se traduit également dans les multiples manières de le porter. Pourquoi les femmes musulmanes échapperaient-elles à la diversité qui peut s’observer dans tous les groupes humains ?

Pourquoi vous raconter tout cela ? Pour que, à partir d’une meilleure compréhension mutuelle, nous puissions devenir vraiment des allié(e)s. Car nous ne serons jamais trop nombreuses pour combattre les injustices et les inégalités en tout genre, à commencer par celles qui frappent les femmes. Pour que vous cessiez de considérer celles d’entre nous qui portent le foulard comme, au choix, des mineures sous influence, des idiotes utiles ou des militantes perfides d’un dogme archaïque. Pour vous donner envie de nous rencontrer - toutes, et pas seulement celles qui ont les cheveux à l’air -, au lieu de nous tenir à l’écart et de nous contraindre ainsi au repli communautaire. Nous voulons vraiment faire société ensemble, avec nos ressemblances et nos différences. Chiche ?

Premières signataires belges : Sema Aydogan, Serpil Aygun, Layla Azzouzi, Malaa Ben Azzuz, Ouardia Derriche, Farah El Heilani, Khalissa El Abbadi, Tamimount Essaidi, Maria Florez Lopez, Marie Fontaine, Seyma Gelen, Malika Hamidi, Ihsane Haouach, Khaddija Haourigui, Eva Maria Jimenez Lamas, Julie Pascoët, Farida Tahar.

Signataires françaises : Leila Alaouf, Zahra Ali, Ismahane Chouder, Rokhaya Diallo, Nadia Tarhouni

Pour visualiser la liste de toutes les signataires et les soutiens, cliquez ici
Pour signer la lettre : citoyennesmusulmanes@gmail.com





Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par François CARMIGNOLA le 15/10/2016 16:08 | Alerter
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Il faut bien comprendre l'extrême défiance qui saisit beaucoup à entendre ce type de discours.
L'appel est ici signé par exemple par Rokhaya Diallo, bien connue de beaucoup pour sa parfaite dépendance envers ce qu'il y a de pire.
L'hypocrisie et le mensonge accompagne les compagnons de route de l'islam politique. Comment détecter la tromperie ? Par l'oxymore: voilée jusqu'aux oreilles la militante de la liberté devrait montrer au moins une partie de son corps: on la prendrait publiquement plus au sérieux.

2.Posté par Lestie le 16/10/2016 19:05 | Alerter
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J'aimerais juste que ces personnes réfléchissent honnêtement et sincèrement à ce que je vais dire.
Que penseraient-elles si, demain, des millions et des millions de chrétiennes allaient s'installer en Algérie, en Tunisie, au Maroc ou dans n'importe quel autre des pays de culture musulmane dont leurs familles sont originaires et se mettaient à se promener dans les rues enveloppées dans des capes avec brodées dessus de grandes croix rouges ? Certaines porteraient en plus des cornettes, de grands chapelets, des sandales de religieuses etc. Toutes revendiqueraient leur différence à grands cris, nombreuses d'entre elles voudraient que leurs filles soient autorisées à porter la cape à grande croix rouge à l'école. Certaines diraient : "ce n'est là que liberté, attachement à nos familles, démarche pieuse, rien à voir avec un quelconque intégrisme chrétien, rien à voir avec une visibilité marquée dans l'espace public pour montrer sa force et son nombre, rien à voir avec rien : simplement la liberté de s'habiller comme on veut et de croire en quoi on veut."
Je vous en prie, soyez sincères : qu'en penseriez-vous ? Qu'en penseraient vos familles restées au pays ?
Voilà, c'est tout. Mesurez cela : des millions de chrétiennes exhibants leur appartenance chrétienne dans vos pays, des grandes croix rouges partout. Et non seulement cela mais des jeunes chrétiens mettant les banlieues de vos pays à feu et à sang, depuis 40 ans... seriez-vous aussi patients que nous ? J'ose en douter quand je ...  

3.Posté par Melen le 19/10/2016 17:28 | Alerter
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Le mensonge et l'hypocrisie consisterait en son contraire puisque porter un foulard implique qu'elles ne cachent pas leur islamité.
C'est le contraire de ce que vous dite donc.
Si elles étaient hypocrites elles la cacherait justement.
Montrer une partie de son corps pour etre prise au sérieux, reviens à dire que ce n'est pas ce qu'elles disent qui compte, que donc quoiqu'elles disent, que ce soit positif ou négatif c'est à rejeter en bloc.
Un habit n'a jamais donné de pouvoir à qui que ce soit mis à part dans les contes.
Les élus de partis musulmans s'habillent en costume, les femmes portent parfois le foulard parfois pas. Ce ne sont pas les habits qui leur donne du pouvoir mais le fait d'etre élus. Idem pour les partis politiques juifs ou chrétiens.

4.Posté par Melen le 19/10/2016 17:54 | Alerter
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Pour des musulmanes voilées qui votent PS ou LR, elles font de la politique si l'on est va jusqu'au bout de la logique, voilée égale islam politique.
Pourtant personne n'ignore que c'est faux.
Alors pourquoi le dit-on.
Si la liberté ce n'est que la votre ce n'est pas de la liberté.

5.Posté par Melen le 25/10/2016 21:42 | Alerter
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Leslie les catholiques portent un crucifix pas de cornettes, pour les prêtres ils portent un habit sobre, vous confondez avec les templiers. Pour les banlieues il y en a dans tous les pays du monde. Et ce sont toujours les minorités qui y sont logés. Les noirs en Amérique, les turcs en Allemagne, les maghrébins en France, les indo-pakistanais en Angleterre....... Et ce n'est pas de religion dont il s'agit.

6.Posté par Melen le 25/10/2016 21:47 | Alerter
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Le contrôle sur la façon de se vétir ça n'existe nulle part à part dans les théocraties.


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