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Points de vue

Côte d'Ivoire, la nouvelle énigme Gbagbo

Rédigé par Amara Bamba | Samedi 23 Avril 2011 à 12:33

           

Le président de la Côte d'Ivoire est face à une énigme. Vainqueur dans les urnes, il dût vaincre par les armes pour accéder au pouvoir. S'il se donne la « réconciliation nationale » comme priorité, Alassane Ouattara devra bientôt songer à renvoyer l'ascenseur non seulement aux partis politiques mais aussi aux groupes armés qui l'ont mis au pouvoir. Ils sont dans les starting-blocks et certains s'impatientent déjà.



Vainqueur du second tour des présidentielles du 28 novembre 2010, Alassane Ouattara n'a pas pu exercer son pouvoir. Laurent Gbagbo lui imposa un troisième tour. Pour emporter ce tour final, il fallu des actions insurrectionnelles et militaires aux conséquences politiques profondes.

Désormais, nul n'imagine un gouvernement exclusivement composé des soutiens politiques du candidat Ouattara. Entre les deux tours, il s'était allié en grandes pompes avec Henri Konan Bédié pour former le RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix). Mais les alliances politiques de M. Ouattara concernent aussi Francis Wodié (PIT), Gnamien Konan (UPCI), Doumbia Major (CPR), le socialiste Bamba Moriféré et bien d'autres leaders encore.

Le fait est qu'Alassane Ouattara a de nouveaux alliés militaires : les Forces Nouvelles. Ceux-là se rangent derrière le Premier ministre, Guillaume Soro. Parce qu'il se voulait « l'arbitre des élections », M. Soro est neutre durant les élections. Mais il ne fit aucune difficulté pour rallier le « camp qui a gagné par les urnes ».
Le régime de Gbagbo a érigé la violence des milices en style de gouvernement. De ce fait, soutenir M. Ouattara, c'était prendre un risque mettant ses parents et ses collaborateurs en danger. Les militants qui ont survécu à cette épreuve veulent aussi leur part de pouvoir.

Cette question serait ordinaire sans l'entrée en lice des Commandos Invisibles (CI) et des cellules du Comité Central de la Résistance (CCR). Ces groupes armés qui apparaissent au cours de la crise post-électorale prennent observateurs et acteurs de court. Sur le terrain, ils se révèlent efficaces. Ils frappent les hommes de Gbagbo à l'improviste et s'évanouissent dans la ville. Leur impact premier est psychologique.

Dans le quartier d'Attécoubé, le commissariat de Police est attaqué et pris par les hommes du "commandant Fil". L'incendie de chars de Gbagbo à Abobo, au petit carrefour Samanké, est une mission des hommes du commandant Ouattara Siaka alias Vié (exécuté au camp d'Agban). Cette opération fut menée, selon nos sources, avec l'aide du mystique Coulibaly et du commandant Gaza. Les mêmes sources attribuent l'attaque de la garde républicaine de Treichville aux éléments de la Cellule Nafi.

A Yopougon, à Treichville à Koumassi, cette guérilla urbaine fait déjà des dégâts quand la presse parvient à lever un bout de voile sur les « Commandos invisibles » d'Abobo. A leur tête Ibrahim Coulibaly dit « IB ». Leader de la rébellion armée contre Gbagbo, IB est connu pour ses ambitions politiques.

Le 19 avril 2011, il donne une conférence de presse. Il annonce cinq mille hommes dans ses rangs et minimise l'action des Forces républicaines dans la capture de Gbagbo. Du président Ouattara, il attend une reconnaissance officielle. Sergent-chef dans l'armée régulière, IB affiche désormais trois étoiles, trois étoiles de « Général ». Les enchères sont ouvertes ! Qui dit mieux ?

Au Comité central de la résistance, l'on est plus discret. En plus de Doumbia Major, on cite Mori Diakité, qui fut porte-parole de Forces nouvelles en Europe. Collaborateurs d'Anaky Kobénan, ils ont mobilisé et organisé les « insurgés d'Abidjan » sous forme de cellules autonomes. Les opérations de terrain étant confiées au Lieutenant colonel Sekongo Doulaye dit « Général Soleil ». Ils étaient à l’œuvre bien avant les « Commandos invisibles », affirment nos sources.

La réconciliation aura lieu en Côte d'Ivoire. Mais rien n'est joué d'avance. Et avant de s'approcher du camp Gbagbo, le président Alassane Ouattara doit résoudre ce casse-tête chinois que lui posent ses propres alliés. Un petit cadeau de départ signé Laurent Gbagbo.





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