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Société

Comment l'école amplifie les inégalités sociales et migratoires en France

Rédigé par | Vendredi 30 Septembre 2016 à 14:35

           

Les dispositifs d'éducation prioritaire sont une nouvelle fois remis en cause. Cette fois, un rapport accablant pointe du doigt 30 ans de politiques éducatives inefficaces qui ont favorisé la croissance des inégalités dans le pays.



Comment l'école amplifie les inégalités sociales et migratoires en France
Le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) a publié, lundi 26 septembre, un rapport aux conclusions alarmantes : les politiques scolaires sont responsables de l’accroissement des inégalités.

Plus de 30 ans de dispositifs visant à donner plus de moyens aux écoles classées en réseaux d’éducation prioritaire (REP) ont été analysés par 22 équipes de chercheurs français et étrangers. Pendant deux ans, sociologues, économistes, didacticiens et psychologues ont travaillé « à partir des données les plus récentes pour dresser un bilan solide de la justice à l’école ». Ce travail inédit (plus bas) a permis de « mesurer et de comprendre, dans son exhaustivité, l’ampleur et les formes réelles des inégalités sociales et migratoires à l’école et comment l’école française en 2016 fabrique de l’injustice scolaire ».

La chaîne des inégalités vue par le Cnesco (cliquer dessus)
La chaîne des inégalités vue par le Cnesco (cliquer dessus)

Une chaine d’inégalités

Le rapport dénonce une véritable course d’obstacles qui ponctuent la scolarité des jeunes issus de quartiers défavorisés. Le premier obstacle se situe dans les conditions de travail des élèves qui continuent d’étudier dans des classes en effectifs trop importants.

« Tant dans le primaire qu’au collège, la différence entre les effectifs par classe entre l’éducation prioritaire et les autres établissements demeure trop faible pour avoir un impact pédagogique positif véritable », pointe le Cnesco qui rappelle que, selon les recherches dans ce domaine, « seule une réduction importante de la taille des classes dès le primaire permet l’amélioration significative des résultats scolaires des élèves socialement défavorisés, à condition qu’elle soit associée à une adaptation des pratiques pédagogiques ».

Deuxième facteur d’inégalité, le temps effectif de cours. De nombreux enseignants peine à faire régner la discipline dans leur classe. Le temps consacré à l’apprentissage et au respect du programme est donc réduit. En REP, les enseignants estiment user 21 % du temps de classe au maintien de l’ordre contre 16 % dans les écoles publiques classiques et 12 % dans le privé. Une difficulté qui est liée en partie à l’inexpérience des enseignants dont les exigences de recrutement ont été vues à la baisse ces dernières années. « Le recours à des enseignants contractuels et débutants s’est accru sur la dernière décennie », explique le rapport. Le Cnesco affirme en outre que « la recherche a montré que le sentiment d’efficacité d’un enseignant est nettement plus faible lorsqu’il a moins de cinq ans d’expérience ». Seuls 60 % des enseignants s’estiment bien préparés à la pédagogie.

L'ascenseur social bloqué pour les familles issues de l'immigration

Selon PISA, l'organisme qui évalue le niveau des élèves, « l’écart de performances scolaires entre les élèves issus de l’immigration et les natifs s’est accru » en dix ans. Un écart inquiétant car on constate que, même à niveau économique et social équivalent, « l’écart de résultats scolaires entre élèves issus de l’immigration et les natifs est largement supérieur à la moyenne de l’OCDE », faisant de la France le pays de l’OCDE où les écarts augmentent le plus.

En 2012, Pisa révélait que « près de la moitié des jeunes appartenant aux secondes générations d’immigrés présente des difficultés sévères ». D’après les analyses des auteurs du Cnesco, « de plus en plus, les enfants d’immigrés ont des résultats inférieurs aux natifs, sans que l’élévation du niveau d’éducation/CSP de leurs parents ne joue aussi favorablement que pour les natifs ». En effet, depuis une dizaine d’années, si les contextes socio-économiques des familles issues de l’immigration se seraient améliorés, ils n’ont qu’un impact limité notamment du fait de la détérioration de l’école.

Le Cnesco rapporte que « les jeunes issus des familles immigrées sont surreprésentés en voie professionnelle. Ainsi, 43,6 % d’entre eux entrés en 6e en 2007 ont été orientés en voie professionnelle contre 35,7 % des jeunes natifs. De même, les élèves de parents immigrés sont sous-représentés dans la voie générale et technologique par rapport aux élèves natifs, exceptés les élèves d’Asie du Sud-Est qui sont même surreprésentés », ce qui démontre l’effet cumulatif des inégalités à l’école. Des inégalités qui ont par conséquent un impact direct sur les possibilités d’ascension sociale pour les familles issues de l’immigration.

La situation en l’état n’est pas près de s’améliorer à moins d’une refonte totale des dispositifs d’éducation prioritaire. Pour le Cnesco, la France « doit en urgence réagir désormais, dans un cadre politique consensuel autour d’orientations politiques réellement efficaces et clairement mises en œuvre ».





Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par blois le 30/09/2016 16:17 | Alerter
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Le titre de l ' article :
" Comment l'école amplifie les inégalités sociales et migratoires en France"
me semble imprécis
Il aurait fallu mettre à mon sens :
"Comment l'école publique amplifie les inégalités sociales et migratoires en France"

Les écoles privées , ceux qui pratiquent l 'enseignement en famille , font leur maximun pour transmettre le savoir aux enfants et les intégrer dans la société.

2.Posté par dem le 01/10/2016 21:36 | Alerter
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Rendons hommage aux parents, enseignants, élux locaux, qui œuvrent en permanence malgré les difficultés afin d'élever la jeunesse, dans la dignité et le respect de la tradition républicaine d'éducation.
https://goo.gl/y8KLIR

3.Posté par François CARMIGNOLA le 01/10/2016 21:39 | Alerter
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Formulés lucidement et à l'honneur du rédacteur de l'article, le problème est posé. L'immigration (comme on dit) a un grave problème avec l'"éducation", en fait la croyance, datée, fausse et inopérante, que le système public d'instruction peut aussi faire de l'"éducation": les peuples sont ce qu'ils sont et c'est à eux de décider pour leurs enfants de ce qu'ils doivent faire pour que ceux ci apprennent ce qu'on leur dit d'apprendre. Cela s'appelle l'éducation et c'est à eux de l'assumer et à personne d'autre.

4.Posté par blois le 03/10/2016 16:18 | Alerter
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Je suis assez de l 'avis de François CARMIGNOLA

5.Posté par dem le 05/10/2016 10:39 | Alerter
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@François CARMIGNOLA, sur le fond vous avez raison. Les deux formes d'éducation doivent coexister cependant (celle de la République française, celle des parents).
Le titre de l'artice relate des "inégalités migratoires" : elles n'apparaissent pas dans l'article lui-même, qu'est-ce à dire ?
La surreprésentation des enfants de parents immigrés dans les voies profesionnelles sont une façon de disqualifier ces cursus : carton rouge! Quid si ces filières n'existaient pas ?
Les conclusions du PISA sont éclairantes sur le niveau d'investissement des parents en fonction de leur appartenance ou non à la classe "parents immigrés" : les enfants des uns ne comblent pas les déficits d'efficacité de l'école (malgré l'amélioration de leur CSP) là où les enfants des autres maintiennent le niveau. Le message doit passer : l'école, c'est sacré !!


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