Connectez-vous S'inscrire

Société

Collège : le stage obligatoire de 3e, un véritable parcours du combattant

Rédigé par Pauline Compan | Mardi 22 Novembre 2011 à 20:01

           

Comment intéresser une entreprise avec un niveau scolaire de 3e et aucune expérience professionnelle ? Pendant sa scolarité, un collégien passera au moins 10 jours dans une entreprise par un stage obligatoire, source d’angoisse pour les élèves. En cause ? Les difficultés rencontrées dans la recherche du stage. Effectif déjà complet ou entreprises pas intéressées par le profil des jeunes : trouver une place pour découvrir le milieu professionnel peut se révéler être un véritable parcours du combattant. Conscientes du problème, plusieurs entreprises du 19e arrondissement de Paris ont signé une charte de parrainage avec les collèges du secteur, sous l’égide de la Mairie de Paris. Les entreprises se sont ainsi engagées à accueillir des stagiaires au sein de leur structure mais surtout à leur proposer des parcours de formation réellement inclusifs. Une initiative intéressante qui gagnerait à être étendue.



Collège : le stage obligatoire de 3e, un véritable parcours du combattant
« Quand on m’a dit que je devais trouver un stage, je me suis dit « mais comment je vais faire pour trouver deux semaines ». » Maéva, 15 ans, est en 3e au collège Fédérico Garcia Lorca de Saint-Denis (93). Comme environ 660 000 autres élèves de son niveau, elle doit accomplir un stage en entreprise de dix jours durant son année scolaire. A la rentrée, l’annonce de la nouvelle engendre un peu de stress pour la collégienne : comment, en effet, trouver une place lorsque l’on n’a ni compétences particulières, ni contacts utiles au sein d’une entreprise ?

Des places rares

Maéva veut s’orienter vers un CAP esthétique après sa 3e. Elle tape donc en premier lieu à la porte d’un salon d’esthétique et essuie un refus. « L’entreprise avait déjà deux stagiaires, scolarisés en classe de 3e, donc ce n’était pas possible », explique-t-elle. Après d’autres recherches infructueuses, notamment au sein d’une bibliothèque municipale qui invoquera, elle aussi, des effectifs complets, Maéva va chercher du côté des contacts familiaux pour trouver un stage au sein du groupe Saphir Média.

De sa recherche, Maéva retient des difficultés à mettre en valeur ses atouts auprès des entreprises et une pénurie de place. « Pour mes copines, c’était pareil, en plus beaucoup d’entreprises promettent de vous rappeler mais ne le font pas ». Un premier contact avec le monde du travail qui peut être déstabilisant, surtout que beaucoup de jeunes se retrouvent seuls face à leur CV.

Des aides bienvenues

Alors le stage de 3e est-il une fausse bonne idée ? « Ce premier contact avec le monde professionnel est indispensable », affirme M.Fonc, CPE au collège Sonia Delaunay, dans le 19e arrondissement de Paris, « le problème est que ce stage est souvent synonyme de difficultés ». Alors pour ce CPE, la mise en place d’un partenariat entre son collège et plusieurs entreprises du 19e arrondissement dans le cadre du Plan d’action de la Ville contre les discriminations à l’emploi a été une aide bienvenue.

La Cité de la Musique, Universcience, la CPAM, Monoprix ou encore Bnp Paribas sont autant de signataires de la charte de parrainage. Chaque entreprise s’est associée à un collège pour trois ans au mois de janvier 2010. Elles accueillent ainsi 10 stagiaires par an auxquels elles proposent de véritables parcours de formations de manière à utiliser au mieux cet apport extérieur. « Nous avons mis en place 8 parcours de découverte de nos métiers pour ces stagiaires, s’enthousiasme Florence Berthout, directrice générale du Parc de la Villette, de notre côté nous leur demandons de nous faire leurs retours sur l’entreprise.» Car ces stagiaires deviendront aussi des ambassadeurs de l’image de l’entreprise auprès du public, voire même de futurs collaborateurs.

Le dispositif est, pour le moment, en phase de test dans le 19e. La Ville de Paris édite également pour l’occasion un guide à destination des entreprises. Il recense les « bonnes pratiques » et des « outils concrets » pour mieux accueillir les stagiaires et initier un recrutement plus large que les réseaux traditionnels de l’entreprise (comme au sein des enfants de son personnel par exemple).

« Cette initiative est, je trouve, une très bonne idée et j’aimerais bien qu’elle soit étendue à la ville de Saint-Denis », confie Maéva. En attendant, le ministère de l’Education nationale tente d’améliorer la diffusion des informations sur les offres de stage. Luc Chatel a lancé, jeudi 16 novembre le site « monstageenligne.fr », un projet national qui vise à regrouper les offres de stages des entreprises sur une même plateforme. Mais si les stages obligatoires dans les cursus professionnels de l’Education nationale sont bien identifiés par les entreprises, il est rare qu’une société passe par une annonce pour recruter un stagiaire de 3e pour dix jours.





SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !